Elon Musk, le cauchemar X d’Ursula von der Leyen
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Elon Musk, le cauchemar X d’Ursula von der Leyen
L’attaque est frontale. Elon Musk a mis toute la puissance de son réseau X au service de l’extrême-droite allemande et souhaite sa victoire aux élections législatives du 23 février. Musk s’attaque depuis l’été dernier à la démocratie en Europe et il le fait avec le soutien du président Donald Trump. L’Union a les moyens de se défendre, mais elle hésite à le faire. L’offensive met à l’épreuve Ursula von der Leyen. L’institution est prête à livrer bataille, mais la présidente de la Commission tergiverse et ses conseillers s’agacent des pressions pour la forcer à agir.
Conçus pour la diffusion de l’information, le partage et les débats, les réseaux sociaux peuvent devenir entre de mauvaises mains des instruments de manipulation, de désinformation et de haine. Les cas se multiplient et il semble impossible de lutter contre cette dérive, car leurs propriétaires se sont placés sous la protection de Donald Trump et le président américain, utilisateur compulsif et revanchard depuis son bannissement de Twitter et de Facebook, menace de rétorsion toutes les tentatives de régulation.
X, Meta, Tik Tok, les grandes plateformes ont toutes été mises sous enquête par les services de la Commission européenne. Le Digital Service Act, la réglementation sur les services numériques élaborée par Thierry Breton, est en vigueur depuis 2024. Conçue pour protéger les consommateurs et leurs droits fondamentaux, elle permet de lourdement sanctionner les infractions. Les amendes peuvent aller jusqu’à 6% du chiffre d'affaires mondial de la plateforme ou du moteur de recherche. L’objectif n’est pas de censurer les utilisateurs des réseaux, mais de contraindre les entreprises technologiques à modifier leurs politiques et leurs pratiques.
Les propriétaires des grandes plateformes redoutent cette législation européenne et veulent la neutraliser. Elon Musk, propriétaire de X, et Mark Zuckerberg, patron du groupe Meta qui regroupe Facebook, Instagram, et d’autres services comme Whatsapp, sont les plus virulents. Ils comptent sur le soutien de Donald Trump, à qui il ont redonné accès à leurs plateformes. Ils siégeaient avec les autres grands patrons des géants de la technologie aux côtés de la famille de Trump dans le carré des VIP invités pour son investiture. Le président doit à Musk son retour à la Maison Blanche. Il protège les magnats des réseaux et soutient leur revendications au nom de la liberté d’expression
Trump a engagé le rapport de force et accuse les Européens de discrimination envers les entreprises américaines . “Ils ont intenté des procès contre Apple et ils ont gagné 15 ou 16 milliards. Ils ont gagné des milliards contre Google. Je pense qu'ils veulent des milliards et des milliards contre Facebook. Ce sont des entreprises américaines, que vous les aimiez ou non. Ce sont des entreprises américaines et ils ne devraient pas faire ça. En ce qui me concerne, je considère que c'est une forme d'imposition”, a-t-il annoncé lors de son intervention en visioconférence au forum économique de Davos. L’intimidation va-t-elle faire fléchir les Européens ? La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen est pressée d’agir par le Parlement européen et plusieurs gouvernements.
Les services de Henna Virkkunen, la commissaire responsable de la souveraineté numérique, finalisent leurs enquêtes, mais la charge de la preuve est difficile. Il s’agit de dire si Elon Musk a manipulé les algorithmes utilisés par X pour favoriser certains contenus, amplifier et maximaliser ses messages. Il faut trouver la faille pour pouvoir “le ferrer” et “être inattaquable”. Musk a engagé une armée d’avocats, dont ceux qui ont géré les procédures instruites par la Commission contre Google pour avoir enfreint la législation antitrust de l’UE.
L’enjeu est crucial, car le multi-milliardaire américain d’origine sud-africaine s’est engagé dans la campagne électorale du mouvement d’extrême-droite Alliance pour l’Allemagne (AfD) dont il souhaite la victoire lors des législatives du 23 février. Son compte personnel compte 200 millions de followers –200 millions– et il le met au service de la dirigeante de l’AfD, Alice Weidel, lui accordant une audience dont aucun de ses adversaires politiques ne bénéficie. Elon Musk va très loin dans l’ingérence dans la vie politique allemande et son comportement est souvent diffamatoire. Il insulte ses détracteurs et il a qualifié le président Frank-Walter Steinmeier de “tyran antidémocratique”.
L’UE peut-elle sanctionner Musk, et si oui, pour quel motif ? Ursula von der Leyen est hésitante. Elle n’ose même pas prendre position. Elle redoute de braquer Donald Trump et suit le positionnement des dirigeants allemands. Si le gouvernement à Berlin bouge, elle bougera. L’UE est divisée face aux patrons des plateformes. La présidente du Conseil italien Giorgia Meloni défend son ami Elon Musk, avec qui elle est en affaires. Elle négocie un contrat avec Starlink pour des communications sécurisées. Meloni ne voit aucune ingérence de Musk dans son positionnement en faveur de l’AfD.
Le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez est en revanche très remonté et réclame des actions pour contrer les agissements des patrons des plateformes. «L'internationale réactionnaire, comme l'a dit le président Macron, menée par l'homme le plus riche de la planète, attaque ouvertement nos institutions, incite à la haine et appelle ouvertement à soutenir les héritiers du nazisme en Allemagne lors des prochaines élections", a accusé le dirigeant socialiste.
Pedro Sanchez est allé plus loin lors de son intervention au Forum économique de Davos. "Les réseaux sociaux qui étaient censés apporter l’unité, la clarté et la démocratie nous ont au contraire apporté la division, le vice et un programme réactionnaire", a-t-il lancé. Le chef du gouvernement espagnol a demandé la fin de l’anonymat pour lutter contre les faux profils et les robots qui amplifient la diffusion des fausses informations et de la propagande. "Le propriétaire d’un petit restaurant est tenu responsable si sa nourriture empoisonne ses clients", a-t-il souligné. "Les magnats des réseaux sociaux devraient être tenus responsables si leurs algorithmes empoisonnent nos sociétés", a-t-il soutenu.
Le problème est que les plateformes internet sont protégées aux Etats-Unis par la section 230. Elles n’ont pas la responsabilité juridique qui pèse sur les médias traditionnels (journaux, radio, télévision) et «si les autres pays n’ont pas leurs propres lois, la Section 230 les oblige à traiter les entreprises de réseaux sociaux comme si elles existaient en dehors de leur système juridique», explique la journaliste américaine Anne Applebaum.
Mais depuis l’entrée en vigueur du règlement sur les services numériques dans l’UE, les plateformes en ligne sont, pour la première fois, responsables de la manière dont leurs services sont ou peuvent être utilisés à des fins malveillantes. Elles doivent retirer les contenus illégaux et permettre aux utilisateurs de les signaler. “Cela s’applique à tous les comptes, y compris les comptes anonymes”, explique la Commission.
Il est cependant très compliqué de mettre fin à l’anonymat en ligne, car il est très simple sur la plupart des plateformes de créer des comptes sur base de fausses identités, précise l’institution. La demande de Pedro Sanchez risque donc de ne pas aboutir. “Nous ne disposons pas d'une législation qui pourrait à proprement parler mettre fin à l’anonymat en ligne. Nos législations visent plutôt à garantir la sécurité en ligne”. La Commission est toutefois obligée d’agir. Ce pouvoir lui a été délégué par les Etats membres et elle sera sanctionnée si elle n’en fait pas bon usage. “Il n’est pas question de flancher. Mais cela peut prendre du temps”, a fait savoir la commissaire Virkkunen.
La citation
“Les cinq dernières années avec von der Leyen ont été un exemple de comment rester les bras croisés sans rien faire. Maintenant, nous avons besoin d'un peu de leadership. Nous devons revenir aux temps de Delors, à la déréglementation.”
Michael O'Leary, PDG de Ryanair.
Omnibus
La boussole de von der Leyen promet de simplifier une UE sans argent - En présentant la “boussole pour la compétitivité”, Ursula von der Leyen a fait hier un premier pas en arrière par rapport au Green Deal, annonçant un “effort sans précédent” de simplification qui touchera une grande partie des réglementations sur les objectifs climatiques, environnementaux et de durabilité. Le document a confirmé que le paquet omnibus de février, concernant les obligations de reporting des entreprises, ne sera que le premier d'une série. En l'absence de détails sur ce que la Commission entend faire en matière d'innovation, et sans argent à cause de la détermination de von der Leyen à ne pas reproduire des instruments de dette commune, l'attention s'est centrée sur la réduction de la bureaucratie. Il y aura “un choc de simplification”, a déclaré le vice-président Stéphane Séjourné. L'objectif est d'économiser 37,5 milliards d'euros de coûts administratifs pour les entreprises d'ici la fin de la législature. Dans l'intervalle, d'autres initiatives seront lancées pour suspendre, modifier ou abolir des normes ou des sanctions. Von der Leyen a promis une décision pour les constructeurs automobiles qui risquent des amendes de plusieurs milliards à cause de leurs émissions polluantes d'ici fin 2025, ce qui est “plus une question de semaines que de mois”. La Commission a reçu “un signal très clair de l'industrie : il y a trop de complexité” et “nous devons couper la bureaucratie”, a expliqué la présidente. “Il y a de nombreuses bonnes raisons de lutter contre le changement climatique”, mais “nous devons être flexibles et pragmatiques”, a déclaré von der Leyen.
Von der Leyen revendique le pragmatisme et la flexibilité sur le Green Deal - Confrontée aux critiques contre un retour en arrière sur le Green Deal, la présidente de la Commission a réaffirmé hier son intention de respecter les objectifs climatiques et environnementaux de la transition, mais avec “pragmatisme” et “flexibilité” grâce à la boussole pour la compétitivité. “Le changement climatique est une réalité. Je veux réaffirmer que l'Europe reste sur la bonne voie. C'est absolument nécessaire. Nous maintenons le cap sur les objectifs du Green Deal européen”, a déclaré Ursula von der Leyen. “Cette transition n'a jamais été réalisée auparavant. Par conséquent, nous devons également être flexibles et pragmatiques dans notre avancée. Lorsque de nouveaux éléments se présentent, nous devons être capables de nous adapter”, a-t-elle soutenu.
Le “cherry picking” de von der Leyen dans le rapport Draghi - La Commission d'Ursula von der Leyen s'est inspirée du rapport de Mario Draghi pour la “boussole pour la compétitivité”, mais elle n'a choisi que certaines des recommandations de l'ancien président de la BCE, et passé à la trappe plusieurs autres politiquement controversées, comme l'instrument de dette commune. Pour financer la stratégie, von der Leyen s'est engagée à relancer le projet de l'Union des marchés des capitaux (rebaptisée “Union de l'épargne et des investissements”), un chantier bloqué depuis des années en raison des divergences entre les États membres, et à recentrer les ressources du budget de l'UE à partir de 2028, soit dans trois ans, à condition que les gouvernements acceptent de réduire les fonds pour la cohésion ou l'agriculture. Avec l'UE qui ne récolte que 5 % du capital-risque mondial, contre 52 % pour les États-Unis et 40 % pour la Chine, d'où viendront les fonds pour financer l'innovation, la technologie verte, l'intelligence artificielle, l'informatique quantique et toutes les autres promesses de la boussole ? Mario Draghi avait estimé les investissements supplémentaires nécessaires pour son plan à 800 milliards d'euros par an, suggérant une part de 50 % d'investissements publics.
Les socialistes rompent avec von der Leyen sur la boussole et les omnibus - La majorité qui a élu Ursula von der Leyen et sa Commission au Parlement européen risque de se briser en raison de la direction prise par la présidente avec sa “boussole pour la compétitivité”. Le chef de groupe du Parti populaire européen, Manfred Weber, a salué le document comme un “véritable tournant pour les entreprises” car il réduit “drastiquement” la bureaucratie. En revanche, la cheffe de groupe des socialistes, Iratxe Garcia Perez, a rejeté la boussole de von der Leyen par une déclaration sans appel. “Nous n'avons aucune garantie qu'il n'y aura pas de reculs sur les normes environnementales et sociales comme les droits des travailleurs, la neutralité climatique, la durabilité, une transition juste et d'autres objectifs au cœur du Green Deal”, a déclaré Garcia. “Cette communication est une interprétation idéologiquement déformée et très sélective des rapports Draghi et Letta. Elle omet délibérément des éléments clés tels que la cohésion sociale, la réduction des inégalités et une fiscalité équitable, sans lesquels il sera impossible d'atteindre la compétitivité.” Les socialistes ont dénoncé “le manque d'une stratégie combinée pour stimuler les investissements et d'un engagement envers un instrument d'investissement permanent à l'échelle européenne qui permettrait de réaliser de manière réaliste une agenda très ambitieux”.
Les industries d'Allemagne, de France et d'Italie demandent d'arrêter l'horloge de la régulation européenne - Dans une lettre adressée à Ursula von der Leyen et à ses principaux commissaires, trois organisations représentant l'industrie en Allemagne, en France et en Italie demandent de suspendre “l'horloge de la régulation” pour évaluer l'impact des réglementations de l'UE sur la compétitivité. BDI, le Medef et Confindustria saluent positivement l'annonce de la première loi Omnibus, attendue pour fin février, visant à rationaliser et simplifier la taxonomie, la directive sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD), la directive sur la diligence raisonnable en matière de durabilité des entreprises (CSDDD), et le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM). Mais “se concentrer uniquement sur les obligations de reporting ou sur de petites révisions techniques ne sera pas suffisant”, soutiennent les trois organisations. Dans les mois et les années à venir, il est nécessaire d'adopter une approche radicalement ambitieuse pour “réformer le cadre réglementaire économique”. Selon les trois organisations, “la première étape doit être de suspendre l'horloge de la régulation pour permettre une évaluation attentive de l'impact de l'acquis sur la compétitivité de nos industries”. Par “acquis”, on entend toutes les normes de l'UE.
Géopolitique
L'avertissement de Kallas sur la menace russe pour les satellites européens - Kaja Kallas a lancé l'alerte hier sur une guerre hybride menée par la Russie contre les infrastructures spatiales de l'Union européenne. “Nous sommes déjà la cible d'une guerre hybride, même dans l'espace, avec l'interférence systématique des signaux de navigation par satellite”, a déclaré la Haute représentante lors d'une conférence sur l'espace. “Nos satellites, nos infrastructures terrestres et nos industries spatiales sont menacés par des armes cinétiques (armes à énergie dirigée) et électroniques”. Parmi les cas cités par Kallas, le lancement d'un missile antisatellite par la Russie et une cyberattaque contre des satellites juste avant l'invasion de l'Ukraine en 2022. Kallas a expliqué que l'UE “évalue des options punitives” comme riposte. La Haute représentante a également appelé à la souveraineté spatiale. “Nous devons être sérieux sur la défense spatiale. Lorsque nous défendons l'espace, nous défendons nos économies. La sécurité de nos satellites est la sécurité de nos sociétés”, a déclaré la haute Représentante.
Première discussion sur le seizième paquet de sanctions contre la Russie (sans le GNL) - La Commission a présenté hier aux ambassadeurs des États membres sa proposition pour le seizième paquet de sanctions contre la Russie. Plusieurs pays se sont plaints de l'absence de l'élimination progressive des importations de gaz naturel liquéfié du texte. Kaja Kallas avait indiqué mardi son intention d'inclure le GNL parmi les sanctions. Le même groupe de pays, en faveur d'une ligne dure, estime qu'il y a de la marge pour des améliorations sur le contournement des sanctions. Les gouvernements analysent encore les textes. L'exercice est délicat. La Hongrie et la Slovaquie pourraient mettre leur véto. Il faudra certainement plusieurs jours, voire des semaines, pour approuver le paquet. L'objectif est de l'adopter pour le 24 février, anniversaire de l'invasion de l'Ukraine.
Allemagne
L'AfD monte dans les sondages - Deux sondages publiés ces derniers jours en vue des élections du 23 février en Allemagne montrent une tendance de plus en plus préoccupante pour les partis démocratiques et pro-européens. Le mouvement d'extrême-droite Alternative pour l'Allemagne monte dans les intentions de vote, atteignant 23 % ,selon l'institut YouGov,et 22 % selon une enquête INSA. La CDU-CSU dirigée par Friedrich Merz reste en tête, avec respectivement 29 et 30 %. Le SPD d'Olaf Scholz et les Verts sont en baisse, autour de 15 et 13 %. Selon Thu Nguyen, vice-directeur du Centre Jacques Delors à Berlin, ce n'est pas une bonne nouvelle “pour ceux dans l'UE qui espèrent un gouvernement allemand plus stable après février : il existe un réel risque qu'il n'y ait pas de majorité pour une coalition à deux partis entre CDU-SPD ou CDU-Verts.” Le risque est que les élections imposent encore une fois une coalition “compliquée” à Berlin composée de trois partis, prévient Thu Nguyen.
L'AfD soutient Merz pour une résolution sur les migrants - Le Bundestag allemand a approuvé hier une résolution présentée par l'Union CDU-CSU dirigée par Friedrich Merz avec le vote décisif du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne. La résolution demande au gouvernement d'Olaf Scholz d'adopter une politique migratoire beaucoup plus restrictive. Elle n'est pas contraignante. Mais le vote est historique. C'est la première fois que l'AfD aide un parti démocratique à faire passer un texte au Parlement. Scholz a lancé une attaque inhabituellement dure contre son adversaire Merz, favori pour devenir le prochain chancelier après les élections du 23 février. “Il y a des limites que l 'on ne doit pas franchir en tant qu'homme d'État”, a déclaré Scholz, expliquant que les restrictions proposées par Merz violent la législation européenne et nuisent à la réputation de l'Allemagne. “La politique dans notre pays n'est pas un jeu de poker. La cohésion n'est pas en jeu. Et un chancelier allemand ne peut pas être un joueur de poker, car dans le pire des cas, il décidera entre la guerre et la paix”, a ajouté Scholz.
Migrants
La présidence polonaise ouvre la discussion sur la réforme de la Convention de Genève - Les ministres de l'Intérieur des vingt-sept États membres se retrouvent aujourd'hui à Varsovie pour une réunion informelle organisée par la présidence polonaise du Conseil de l'UE. L'agenda est chargé. Dans un “document de discussion”, la Pologne avance de nombreuses suggestions pour continuer à construire l'Europe forteresse, y compris davantage de financements pour la construction d'infrastructures aux frontières terrestres, maritimes et aériennes. Un passage a attiré notre attention : la présidence polonaise suggère que les réglementations internationales et européennes sur le droit d'asile ne sont plus adéquates face au phénomène migratoire actuel. La raison ? Il est vrai qu'il existe des “limitations à l'application” du droit d'asile “dans des situations extraordinaires”. Mais “il est important de considérer si la situation actuelle est simplement temporaire ou si elle représente déjà une nouvelle réalité. Si cette dernière hypothèse est vraie, invoquer la nature extraordinaire de la situation ne peut justifier l'utilisation de seules normes dérogatoires et il doit être pris en compte un référentiel plus large aux défis auxquels nous faisons face”. La Pologne souhaite “stimuler la discussion sur la question au niveau international. Le manque d'alternatives à l'acceptation des demandes de protection internationale et le respect du principe de non-refoulement nécessitent certainement une discussion approfondie. Il convient de noter que ces principes ont été élaborés après la fin de la Seconde Guerre mondiale et étaient caractérisés par une situation géopolitique très différente de celle d'aujourd'hui”, déclare la présidence polonaise.
HRW accuse l'Italie de mépris pour les victimes et le droit - Après l'ouverture d'une enquête contre Giorgia Meloni et trois de ses ministres pour la libération et le rapatriement de Osama Almasri, un général libyen sous mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, l'organisation Human Rights Watch a accusé l'Italie de “mépris pour les victimes et le droit”. “Le gouvernement italien, qui soutient matériellement la garde côtière libyenne malgré le risque de complicité dans de graves abus contre des migrants et des demandeurs d'asile, a affirmé de manière risible que la libération d'Almasri était nécessaire car il ‘présentait un profil de dangerosité sociale’”, a expliqué Claudio Francavilla, directeur adjoint de HRW à l'UE. “L'affaire remet davantage en question la crédibilité de l'engagement du gouvernement italien envers la justice internationale”, après l'annonce du ministre des Affaires étrangères, Antonio Tajani, que l'Italie n'exécute pas les mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. “Le gouvernement italien viole ses obligations en vertu du Statut de Rome et nuit à sa crédibilité internationale. De plus, le gouvernement envoie un message glaçant aux victimes des crimes les plus atroces : la justice peut être sélectivement refusée lorsque d'autres intérêts politiques prévalent”, a déclaré HRW.
Les drones de Frontex et de la Guardia di Finanza italienne pour des refoulements en Libye et en Tunisie - Le nombre de drones utilisés par Frontex et par la Guardia di Finanza italienne dans la Méditerranée centrale augmente considérablement, facilitant les refoulements de migrants en Libye et en Tunisie où ils risquent des persécutions, selon une enquête publiée par nos amis d'Irpi Media. La Guardia di Finanza italienne a acheté de nouveaux drones à décollage vertical, qu'elle affirme utiliser pour la surveillance maritime afin de contrer la migration irrégulière et qui sont financés par des fonds de l'UE. Selon l'enquête d'Ipri Media, la surveillance aérienne, en particulier par le biais de drones, représente un élément de plus en plus central des politiques d'externalisation des frontières de l'UE. Depuis 2022, Frontex a fait voler des avions et des drones pendant au moins 9.400 heures par an. Ces aéronefs, au cours des cinq dernières années, ont détecté plus de 195.000 migrants. Les aéronefs de Frontex volent de plus en plus près de la côte sud de la Méditerranée, facilitant les interceptions des garde-côtes tunisiens et, surtout, libyens, qui renvoient les migrants dans des pays où les violations des droits humains sont extrêmement répandues. En 2022, les dirigeants de Frontex ont déclaré que les drones servent “principalement à prévenir la perte de vies humaines”. Pourtant, selon l'enquête, la manière dont l'agence les utilise ne maximise pas les chances de sauvetage des embarcations de migrants qu'elle détecte.
Chaises musicales
Von der Leyen nomme l'italienne Belloni comme conseillère diplomatique - Ursula von der Leyen a nommé la diplomate italienne Elisabetta Belloni comme sa conseillère diplomatique. Mais, contrairement à la tradition, la présidente de la Commission a décidé de placer Belloni en dehors de son cabinet. L'italienne aura le statut administratif de conseillère spéciale auprès d'Idea, un service qui répond directement à von der Leyen, dont la mission est similaire à celle d'un think tank : fournir des idées innovantes et des recherches interdisciplinaires. Elisabetta Belloni a été la première femme en Italie à occuper le poste de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères (de 2016 à 2021), avant de diriger le département des informations pour la sécurité (l'organisme qui contrôle les services secrets) sous les gouvernements de Mario Draghi et Giorgia Meloni. Belloni a également été sherpa de l'actuel président du Conseil lors de la présidence italienne du G7. Selon la presse italienne, elle a quitté son précédent poste il y a à peine deux semaines en raison de désaccords avec Meloni et son cercle restreint. Le collège des commissaires a également décidé hier de nommer le belge Stefan de Keersmaecker, actuel porte-parole adjoint de la Commission, directeur de la stratégie et de la communication d'entreprise auprès de la Direction générale de la communication.
Cela se passe aujourd'hui
Banque centrale européenne : conférence de presse de la présidente Lagarde à l'issue de la réunion du Conseil des gouverneurs
Présidence polonaise de l'UE : réunion informelle des ministres de l'Intérieur à Varsovie
Commission : la présidente von der Leyen inaugure le Dialogue stratégique sur l'avenir de l'industrie automobile européenne
Banque européenne d'investissement : conférence de presse de la présidente Nadia Calvino sur les résultats annuels
Commission : le vice-président Fitto visite Auschwitz-Birkenau et participe à la conférence “La voie européenne vers la croissance” à Cracovie
Commission : la commissaire Kos intervient au panel “Le chemin vers l'élargissement de l'UE” lors du troisième forum de Delphi à Bruxelles
Parlement européen : la présidente Metsola à Luxembourg participe à un événement Deloitte
Cour de justice de l'UE : jugement sur le recours de Trenitalia contre une amende d'Agcom de 5 millions d'euros
Eurostat : estimation préliminaire du PIB au quatrième trimestre ; données sur le chômage en décembre ; données sur les taxes environnementales en 2023