Josep Borrell : le mois de tous les dangers
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Josep Borrell : le mois de tous les dangers
C'est le dernier mois en fonction pour l’Espagnol Josep Borrell. "Le mois le plus long, un mois intense", avec des crises, la guerre en Ukraine, le drame de Gaza, les élections présidentielles américaines, des réunions, des voyages, des espoirs et des causes perdues. Hier matin, le Haut Représentant a accueilli l’équipe de La Matinale européenne dans son vaste et lumineux bureau du Service européen pour l’action extérieure, avec vue sur le quartier européen de Bruxelles, pour une longue interview couvrant tous les sujets d'actualité.
"Combien de choses vont se passer ce mois-ci. Combien de choses dois-je faire", lance-t-il avant d'énumérer ses voyages et engagements. "Ce sera le mois le plus long, un mois intense", dit-il. Son dernier mois de mandat commence aujourd’hui avec un voyage au Japon et en Corée du Sud pour signer des accords de partenariat en matière de sécurité et de défense. "L’UE signe des accords de sécurité et de défense avec des pays tiers, et pas n'importe lesquels", insiste-t-il. Un partenariat de ce type a déjà été conclu avec la Norvège et la Moldavie.
Josep Borrell se rendra ensuite à Budapest les 7 et 8 novembre pour participer à une réunion des pays de la Communauté politique européenne, suivie d’un sommet informel des Chefs d’État et de gouvernement de l’Union. "Le 5 novembre, nous connaîtrons les résultats des élections présidentielles aux États-Unis", signale-t-il.
Son agenda le conduira ensuite en Équateur, le 11 novembre, pour assister à un sommet UE-Amérique latine. "L'accord de libre-échange UE-Mercosur est un point clé dans les relations bilatérales UE-Amérique latine en ce moment. Nos partenaires latino-américains m’ont fait part de leur volonté de conclure cet accord. De notre côté, bien que la grande majorité soutient cet accord, certains pays restent sceptiques quant à son opportunité”.
De retour à Bruxelles, Josep Borrell prévoit de présider sa dernière réunion des ministres des Affaires étrangères, suivie de son dernier Conseil des ministres de la Défense, les 19 et 21 novembre. Ce sera "une occasion de faire le bilan de ce qui a été accompli, de ce qu’il reste à faire et de qui doit le faire". Le Haut Représentant aura à peine le temps de reprendre son souffle avant de repartir au Moyen-Orient. Un voyage en Ukraine est également prévu, mais les dates n'ont pas été annoncées pour des raisons de sécurité. Le 27 novembre, le Parlement européen doit voter pour investir la nouvelle Commission, et "après, c’est fini".
Il y a ce qui est planifié, puis ce qui est imprévu. "La crise géorgienne nous a éclaté au visage", admet-il. "La situation est extrêmement grave. La présidente Salomé Zourabichvili refuse d’accepter les résultats des élections législatives. Elle demande leur contestation. L’opposition refuse de siéger au Parlement, et les choses pourraient déraper à tout moment. Pour cette raison, nous devons éviter d’attiser le feu. Nous devons rester calmes et techniques, mais aussi prendre en compte l’élan qui s’est créé et éviter les déclarations incendiaires", supplie-t-il. "Nous devons exiger des autorités électorales qu’elles examinent les irrégularités commises et leur impact sur les élections. Nous ne pouvons pas affirmer que les élections ont été libres et équitables, mais en même temps, pas le contraire non plus. Nous devons attendre le rapport final de l’OSCE, qui a supervisé le processus législatif, et le gouvernement géorgien doit appliquer ses conclusions. Josep Borrell rappelle que "la Géorgie est un pays candidat et doit appliquer des normes électorales strictes".
L'Union européenne agit en désordre. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, dont le pays préside les réunions ministérielles semestrielles de l’UE, à l’exception des Affaires étrangères et de la Défense, a célébré la victoire du parti au pouvoir, Rêve Géorgien, avant même la publication des résultats et s’est rendu à Tbilissi. L’initiative a été dénoncée par 13 pays de l’UE.
"La visite de Viktor Orban est celle d’un Premier ministre d’un pays de l’UE et ne représente pas la position de l’UE", a déclaré Josep Borrell. L’initiative de Viktor Orban crée "une vision déformée" de la politique étrangère de l’UE, déplore-t-il. "C’est une caractéristique de ces cinq années. La Commission, le Conseil (les États) et le Haut Représentant sont dans une zone grise quant à qui fait quoi et qui commande", explique Josep Borrell. "L'article 17 du Traité est explicite : la Commission européenne ne représente pas l'Union européenne en matière de politique étrangère et de défense, et la présidence semestrielle (en l’occurrence la Hongrie) n’a pas de compétences en politique étrangère et de défense.
Au cours de mon mandat, j'ai dû rappeler à de nombreuses reprises aux dirigeants des pays qui exercent la présidence semestrielle que c’est le Haut Représentant qui préside les réunions des ministres des Affaires étrangères et de la Défense et que la présidence semestrielle ne co-préside pas ces réunions".
Josep Borrell note que "c’est la même chose pour le commerce international". "La politique étrangère englobe la sécurité, la défense, le commerce extérieur, la coopération et le développement", souligne-t-il. Étant donné son importance, le commerce international est devenu un enjeu de pouvoir au sein des institutions européennes, entre la Commission et les États membres. "Nos relations avec la Chine sont essentiellement économiques et commerciales", signale Josep Borrell. "Le commerce est au cœur de la politique étrangère de l’UE", insiste-t-il. "La Commission négocie sur la base d’un mandat, et au final ce sont les États membres qui décident à la majorité qualifiée", précise-t-il.
L’Union européenne n’a pas pu éviter la conflagration au Proche-Orient. Josep Borrell s’est fortement impliqué, mais ni la pression communautaire ni celle des États-Unis n’ont pu empêcher l’État hébreu de poursuivre la guerre menée contre le Hamas à Gaza après les massacres et enlèvements du 7 octobre 2023 en territoire israélien, ni d’attaquer ensuite le Hezbollah au Liban. "Il y a une volonté claire de punition collective", déplore-t-il. "Nous assistons au massacre d’une population laissée à elle-même à Gaza, et c’est une situation insoutenable qui n’est pas justifiée par le droit à la défense", estime-t-il.
"Selon la FAO, 350 000 personnes mourront de faim dans les mois à venir. Les habitants de Gaza ne savent pas où aller, l’aide humanitaire ne leur parvient pas, les hôpitaux sont à court de tout et ils ne peuvent pas sortir de Gaza”. “Nous ne pouvons pas faire grand-chose parce que l’Union européenne est divisée, tout comme la communauté internationale. La persuasion a échoué et personne ne veut recourir à la coercition contre Israël", déclare Borrell. "L’UE a reconnu le droit d’Israël de se défendre conformément au droit international humanitaire. Mais Israël respecte-t-il le droit international ? Ne pas vouloir répondre à cette question nous laisse dans la rhétorique", ajoute-t-il.
"Lors de la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères, nous discuterons de la demande de deux États membres (l’Espagne et l’Irlande) de vérifier si Israël respecte les obligations de notre accord d’association. La demande a été soumise à la Commission, mais celle-ci ne répond pas. Nous attendons que la Commission nous dise si Israël respecte les obligations de l’accord d’association, mais elle reste silencieuse”, déplore-t-il.
D’autre part, Josep Borrell espère un accord sur la poursuite du soutien militaire de l’UE à l’Ukraine. Le financement – 6,6 milliards d’euros – est bloqué. Ces montants sont destinés à rembourser les États membres pour les armes fournies à l’Ukraine. En l’absence de remboursement, les pays de l’UE ne seront plus disposés à fournir davantage d’armes, s’inquiète le Haut Représentant. Josep Borrell affirme qu’il espère parvenir à un accord avant son voyage à Kiev.
Le blocage n’est plus seulement dû à la Hongrie, mais aussi aux réticences d’autres pays face à la formule des contributions volontaires plutôt que des contributions fondées sur le PIB pour financer ces remboursements. Le Haut Représentant regrette la lenteur européenne dans le soutien militaire : "Nous avons trop hésité. Des mois de discussions et d’hésitations ont été nécessaires pour fournir des chars, des missiles, des défenses aériennes et des avions de chasse. Si nous avions envoyé tout le soutien possible à l’Ukraine dès le début de l’invasion, cela aurait pu changer la situation", nous a-t-il confié.
Josep Borrell suit de près les informations concernant la présence de troupes nord-coréennes en Russie. "Nous surveillons de près la situation et dialoguons avec nos partenaires de Corée du Sud et du G7. Si des troupes nord-coréennes entraient effectivement en combat en Ukraine, cela marquerait un pas vers la mondialisation du conflit”.
Le Haut Représentant se dit davantage préoccupé par un éventuel retour de Donald Trump à la Maison Blanche. "Il réduira l’aide militaire à l’Ukraine, et cela déséquilibrerait notre sécurité immédiate", a-t-il averti. "Les Européens ne peuvent pas remplacer les Américains. Cela signifierait doubler notre aide militaire, et nous n’avons pas la capacité physique de les remplacer" en cas de retrait de l’Europe, ajoute-t-il. "Mais je ne pense pas que les Américains vont l'élire président. Il a aliéné de nombreuses communautés après ses derniers dérapages. Ce qu’il a fait est contre-productif".
La citation
"Il existe une conspiration ouverte contre la Hongrie, dirigée par Manfred Weber et la présidente von der Leyen. Ils ont admis que leur objectif était de remplacer le gouvernement hongrois par un nouveau 'gouvernement Jawohl' comme en Pologne".
Viktor Orban.
Géorgie
L'UE divisée entre pro-opposition et tactique Vucic – L'Union européenne montre à nouveau toutes ses divisions sur la manière de répondre aux irrégularités des élections de samedi en Géorgie. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, a joué le rôle de perturbateur avec sa visite à Tbilissi pour légitimer la victoire du parti au pouvoir, Rêve géorgien, malgré les irrégularités électorales. Aucun autre leader (ou ministre) de l'UE n'a décidé d'aller en Géorgie pour soutenir l'opposition pro-européenne, malgré les appels de la présidente Salomé Zourabichvili. Mais treize ministres des affaires européennes – y compris ceux d'Allemagne et de France – ont publié une déclaration de soutien et dénoncé le comportement d'Orbán. Treize autres ministres – y compris l'Italie – n'ont pas signé le document. "C'est un mauvais signal", nous a dit un diplomate. Un faux pas pourrait faire évoluer la situation en Géorgie vers une issue très dangereuse. Certains à Bruxelles craignent une intervention de la Russie ou une répression très dure de la part du gouvernement avec l'aide de Moscou. Selon ce courant de pensée, il est nécessaire de maintenir le dialogue avec Rêve géorgien pour éviter de pousser la Géorgie dans les bras de Poutine. La tactique à suivre devrait être celle utilisée avec la Serbie d'Alexandar Vučić qui, bien que pro-russe, n'a pas voulu abandonner le champ européen.
Boycotter le sommet ou isoler Orbán à Budapest ? - Après le voyage de Viktor Orbán à Tbilissi et son soutien public au parti au pouvoir Rêve géorgien malgré les irrégularités électorales, Bruxelles s'interroge sur un éventuel boycottage du sommet informel des chefs d'État et de gouvernement qui se tiendra à Budapest le 8 novembre. Le président du Conseil européen, Charles Michel, a pour le moment l'intention de confirmer la réunion. Pour trois raisons. La première est pratique. Le 7 novembre, se réunit toujours à Budapest la Communauté politique européenne, qui selon les règles se tient dans le pays qui a la présidence de l'UE. La seconde est formelle. Aucun chef d'État et de gouvernement jusqu'à présent n'a demandé de boycotter le sommet de Budapest. La troisième est de fond. "Après le voyage en Géorgie, si les leaders veulent montrer leur irritabilité et isoler Orbán, ils peuvent le faire dans la salle. Le faire à Budapest serait plus spectaculaire", nous a expliqué un fonctionnaire de l'UE. De plus, "un boycottage serait le meilleur cadeau à faire à Orbán". Le Premier ministre hongrois pourrait dénoncer un complot ou se vanter de la participation des leaders qui décideront de se rendre à Budapest de toute façon. Enfin, Michel estime qu'il existe des discussions urgentes et importantes à mener : la compétitivité, les élections américaines en cas de victoire de Donald Trump et... la Géorgie. Ce sera Charles Michel et non Viktor Orbán qui dirigera les travaux du sommet informel du 8 novembre.
Sommet
Michel veut une déclaration ambitieuse à Budapest sur le rapport Draghi - À propos du sommet de Budapest, le président du Conseil européen, Charles Michel, insiste pour que les chefs d'État et de gouvernement adoptent une déclaration "ambitieuse" sur le Nouveau Pacte européen pour la compétitivité qui sera lancé lors de la réunion des chefs d'État et de gouvernement de Budapest. "La déclaration ne doit pas être un résumé des positions déjà adoptées", nous a expliqué un fonctionnaire de l'UE. Divers États membres se sont plaints de la première ébauche du document, considérée comme trop détaillée. Parmi les grands pays, c'est l'Allemagne qui freine, allant même jusqu'à s'opposer à une phrase affirmant que les rapports de Mario Draghi et Enrico Letta doivent constituer la base du Nouveau Pacte pour la compétitivité. "Certains voudraient attendre les idées de la Commission", nous a dit le fonctionnaire. Pour Michel,un sentiment d'urgence doit prévaloir , avec une déclaration qui indique clairement les chantiers et les délais pour les mois et les années à venir. Une seconde ébauche de la déclaration de Budapest a été transmise hier aux capitales et sera discutée aujourd'hui par les ambassadeurs des vingt-sept États membres.
Géopolitique
Von der Leyen et Rutte lancent une nouvelle task force de haut niveau - La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte, ont annoncé hier la création d'une nouvelle task force de haut niveau pour renforcer la coopération entre l'UE et l'Alliance atlantique. L'initiative de von der Leyen pourrait susciter quelques mécontentements, étant donné que la politique étrangère et de sécurité tombe sous les compétences du Haut représentant. À Josep Borrell il ne reste qu'un mois de mandat. Kaja Kallas n'est pas encore en fonction. Osera-t-elle s'opposer au démembrement de ses fonctions ? La Commission a annoncé que "les préparatifs pour la première réunion de la task force devraient se poursuivre dans les prochaines semaines". Lors de leur rencontre, von der Leyen et Rutte ont confirmé que la guerre russe en Ukraine est "la plus grande menace à la paix et à la sécurité sur le continent européen" et ont souligné que l'intervention de la Corée du Nord représente "une escalade significative". En franchissant le seuil de la politique étrangère, von der Leyen et Rutte ont discuté de "l'agressivité croissante des États autoritaires", qui "défient nos intérêts, nos valeurs et nos principes démocratiques communs, utilisant des outils multiples : politiques, économiques, technologiques et militaires". Toutes ces menaces et défis devraient être pris en charge par la nouvelle task force.
L'UE promet une réponse adéquate à la Corée du Nord concernant ses soldats en Russie – Les ambassadeurs représentant les États membres au Comité politique et de sécurité (l'organe du Conseil qui prépare les réunions des ministres des Affaires étrangères et de la Défense) ont débattu hier avec une délégation de la Corée du Sud de l'implication de la Corée du Nord dans la guerre de la Russie contre l'Ukraine. Le soutien militaire de Pyongyang "recevra une réponse adéquate", a déclaré le porte-parole du Service européen pour l'action extérieure. "L'UE se coordonnera avec ses partenaires internationaux sur la question, y compris en ce qui concerne les réponses." Le Haut représentant Josep Borrell se rendra à Séoul à la fin de cette semaine et co-présidera un dialogue stratégique UE-République de Corée le 4 novembre.
L'UE augmente les fournitures électriques à l'Ukraine - Les gestionnaires des systèmes de transmission de l'Europe continentale ont décidé que la capacité d'exportation d'électricité vers l'Ukraine et la Moldavie en provenance des pays voisins de l'Union européenne peut être augmentée pour l'hiver, portant la limite de 1700 à 2100 mégawatts (MW) à partir du 1er décembre, tout en continuant à garantir la stabilité du système électrique et la sécurité opérationnelle. L'annonce "est un signe supplémentaire du fort soutien que l'UE apporte à l'Ukraine et à la Moldavie et de la solidarité de la communauté des gestionnaires de systèmes de transmission européens", a déclaré la commissaire à l'Énergie, Kadri Simson. "Chaque mégawatt est important pour garder les lumières allumées en Ukraine", a commenté la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. La décision "nous rapproche de notre objectif : couvrir 1/4 des besoins hivernaux de l'Ukraine."
La Commission demande à Israël de revenir sur l'interdiction de l'UNRWA - L'Union européenne est "extrêmement préoccupée" par la loi adoptée par la Knesset israélienne visant à interdire l'UNRWA, a déclaré hier une porte-parole du Service européen pour l'action extérieure, demandant à Israël de "réexaminer sa décision". Les conséquences de la loi "rendent impossible le fonctionnement des opérations vitales de l'UNRWA à Gaza", mais aussi pour les aides à la population palestinienne en Cisjordanie. "Cette législation est en nette contradiction avec le droit international et le droit humanitaire", a déclaré la porte-parole, soulignant qu'il "n'existe pas d'alternative à l'UNRWA". Cependant, l'UE n'est pas encore prête à imposer des sanctions contre le gouvernement de Netanyahu.
Géoeconomie
La Commission adopte des droits de douane sur les voitures électriques chinoises - Ursula von der Leyen a signé hier le règlement d'application pour imposer des droits de douane allant jusqu'à 35,3 % sur les véhicules à batterie importés de Chine afin de compenser les subventions dont bénéficient les producteurs chinois. Des négociations pour trouver une solution négociée par le biais d'engagements sur les prix étaient en cours, mais la date limite se rapprochait. La date limite pour introduire les droits de douane était prévue pour aujourd'hui. Les taux appliqués, qui s'ajoutent au droit de douane actuel de 10 %, varient selon le fabricant : 17 % pour BYD, 18,8 % pour Geely, 35,3 % pour SAIC, 7,8 % pour Tesla, 20,7 % pour les entreprises ayant coopéré, et 35,3 % pour celles qui n'ont pas coopéré. Les droits de douane resteront en vigueur pendant cinq ans. Mais l'histoire n'est pas finie. Les négociations sur les engagements concernant les prix se poursuivront. La Commission pourrait faire marche arrière dans les mois à venir en cas d'accord avec la Chine ou avec certaines entreprises.
Comment les négociations sur le prix minimum vont se poursuivre avec la Chine - Une équipe de négociateurs de la Commission est prête à partir pour la Chine afin de conclure les négociations. Mais le moment n'est pas encore venu. Par rapport à l'été dernier, le gouvernement de Pékin et les producteurs individuels ont fait de meilleures offres au cours des dernières semaines. Toutefois, il n'y a toujours pas de compromis sur le prix minimum. Les engagements de prix sont des engagements pris par un exportateur de ne pas vendre en dessous d'un certain prix, ce qui permet d'éliminer les subventions préjudiciables. En outre, l'UE n'est toujours pas satisfaite des mécanismes proposés pour faire respecter et garantir les prix minimums. L'enquête de la Commission n'a pas ralenti le flux de voitures électriques de la Chine vers l'UE, bien au contraire. Depuis son lancement en octobre 2023, la part de marché des importations de véhicules électriques chinois est passée de 7,3 % à 14,1 %. La part des voitures électriques chinoises immatriculées dans l'UE est passée de 22,8 % à 27,2 %.
Post Brexit
Accord de coopération entre l'UE et le Royaume-Uni sur la concurrence - La Commission a annoncé hier avoir conclu un accord de coopération avec le Royaume-Uni en matière de concurrence, qui sera intégré à l'accord de commerce et de coopération régissant les relations post-Brexit. L'accord, conclu au niveau technique et devant être ratifié par les deux parties, permettra aux autorités nationales de la concurrence des États membres de l'UE et à la Competition and Markets Authority britannique de coopérer directement dans les enquêtes sur la concurrence. C'est la première fois que les autorités nationales sont autorisées à coopérer directement avec une autorité de la concurrence d'un pays tiers. En plus de l'échange d'informations sur les enquêtes antitrust les plus importantes, l'accord prévoit la coordination des enquêtes entre les juridictions impliquées, y compris des principes pour éviter tout conflit entre ces juridictions. Mais tout ne sera pas comme avant le Brexit : pour les informations confidentielles, le consentement de l'entreprise fournissant les informations continuera d'être requis. L'accord entrera en vigueur après l'achèvement des procédures respectives de ratification (pour l'UE, le feu vert du Conseil et le consentement du Parlement européen). "Cet accord renforce nos relations et contribuera à garantir la coordination de l'application des règles entre nos juridictions, au bénéfice des entreprises et des consommateurs européens", a déclaré la vice-présidente de la Commission, Margrethe Vestager.
Coulisses
Le mini Qatargate de la Commission - La présidente de la Commission européenne va devoir gérer une affaire sensible: le cas de l’Estonien Henrik Hololei, ancien patron de la direction générale Transports, soupçonné d’avoir livré des informations confidentielles au Qatar rétribuées par des voyages de luxe, selon un rapport de l’office antifraude consulté par le correspondant du quotidien Libération Jean Quatremer. Débarqué en avril 2023 par Ursula von der Leyen pour avoir accepté des voyages “offerts” par Qatar Airways, Hololei pantoufle depuis au sein de l’institution avec le titre de “conseiller politique” et des émoluments de 23.000 euros net par mois, révèle l’enquête publiée aujourd'hui par Libération. Le haut fonctionnaire était peu prudent. L’Olaf a ouvert une enquête après avoir constaté que ces vols lui ont été offerts pendant la négociation de l’accord Ciel Ouvert dont bénéficie la compagnie du Qatar et a mis la main sur un mail envoyé par Hololei en mars 2015 au patron de Qatar Airways, Akbar Al Baker contenant en pièces jointes des documents confidentiels, notamment la position franco-allemande sur l’accord Ciel Ouvert, un document sur les priorités politiques de l’UE et les étapes des tractations à venir. “Des documents internes sensibles” à ne pas diffuser, précise Hololei dans son courriel.
Cela se passe aujourd'hui
Commission : conférence de presse de la présidente von der Leyen avec l'ancien président finlandais, Sauli Niinistö, sur le rapport concernant la préparation, la réactivité et les instruments de défense de l'UE
Commission : conférence de presse du Haut représentant Borrell et du commissaire Varhelyi sur le paquet d'élargissement
Commission : réunion hebdomadaire du Collège des commissaires
Commission : la présidente von der Leyen reçoit António Costa, président élu du Conseil européen ; reçoit Steffen Kampeter, directeur général de la Confédération des Associations d'Employeurs Allemands
Parlement européen : la présidente Metsola à Madrid reçoit le Prix Forum Europa
Commission : la vice-présidente Vestager à Paris participe à une conférence organisée par Concurrences
Banque centrale européenne : discours d'Isabel Schnabel lors de la Conférence Safe-CEPR à Francfort
Conseil : réunion du Coreper I et II
Eurostat : estimation préliminaire du PIB au troisième trimestre ; données sur le commerce des véhicules hybrides et électriques en 2023