La recette de Juncker pour négocier avec Trump: finesse, considération et fermeté
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La recette de Juncker pour négocier avec Trump: finesse, considération et fermeté
Donald Trump est de retour à la Maison Blanche. Il prête serment aujourd’hui et reprend les rênes d’un pays divisé auquel il a juré de rendre sa grandeur. Pour ce faire, il s’est dit prêt à une guerre commerciale avec l’Union européenne. “Il a posé le rapport de force”, a expliqué à la Matinale Européenne l’ancien président de la Commission Jean-Claude Juncker.
Le Luxembourgeois connaît bien l’Américain, même s’il s’interroge encore sur “la psychologie complexe” du président des Etats-Unis. Les deux dirigeants se sont affrontés durant le premier mandat de Donald Trump et sont parvenus en juillet 2018 à un accord pour un arrêt des hostilités.
Une pincée de finesse, une dose de considération et une grosse poignée de fermeté ont permis à Juncker d’obtenir une trêve. Les mesures américaines ont été gelées. Ursula von der Leyen lui a succédé à la présidence de la Commission en 2020. Elle n’a réglé aucun des contentieux avec les Etats-Unis durant le mandat de Joe Biden. Cinq ans après, l’incendie peut repartir sur les braises mal éteintes de la bataille de l’acier.
Jean-Claude Juncker vient de fêter son 70 e anniversaire. Il est la mémoire vivante de l’Union européenne. Grand argentier et Premier ministre du Luxembourg, président de l’Eurogroupe et de la Commission européenne, il a rencontré quatre présidents: Bill Clinton –j’étais le premier Premier ministre du luxembourg reçu à la maison Blanche– Georges Bush jr, qui m’a autorisé à fumer dans le bureau oval et dans ses appartements privés, Barack Obama et Donald Trump. Il a reçu la Matinale européenne dans son bureau de conseiller spécial de la Commission au 8è étage du Berlaymont, le siège de l’institution qu’il a présidée durant cinq ans et 29 jours de 2014 à 2019, pour un retour dans le passé sur les difficiles relations entre l’UE et les Etats-Unis durant le premier mandat de Trump.
“Donald Trump est un “deal maker”, un homme d’affaires. Il s’exprime parfois de façon brutale et il est dans le rapport de force”, nous a-t-il expliqué. “Ses déclarations sont à mettre sur le compte de la crainte qu’il veut inspirer. Il veut montrer qu’il veut être un président fort qui veut mettre fin aux habitudes d’antan, au droit international”, poursuit l’ancien président de la Commission.
Jean-Claude Juncker reconnait être préoccupé par certaines des annonce faites par Donald Trump, notamment “l’idée folle d’une intervention militaire au Groenland, car s’il agresse un pays membre de l’Otan, cela aura des conséquences militaires. Mais je suis convaincu qu’il abandonnera. Je n’ai pas compris pourquoi il se lance dans des diatribes dangereuses quand elles ne se traduiront pas par des faits”.
Le comportement de Donald Trump n'est pas une découverte pour Jean-Claude Juncker. “Donald Trump n’aime pas l’Union européenne et il n’aime pas l’Allemagne. Il considère l’UE comme une invention des Européens contre la prédominance commerciale des États-Unis. Il n’aime pas l’Allemagne, car il croit qu’elle dirige l'Union européenne et que tous les maux dans les relations entre l’UE et les Etats-Unis viennent de l’aversion de l’Allemagne envers les Etats-Unis. Je lui ai expliqué que l’UE est une création qui doit son essor aux Etats-Unis car ils voulaient mettre de l’ordre dans les affaires de l’Europe sortie de la seconde guerre mondiale en ordre dispersé. Trump ignorait tout de cela. Il ne connaît pas l’histoire européenne”.
Lors de leur rencontre à la Maison Blanche en juillet 2018, Jean-Claude Juncker avait un objectif: “mettre un terme à une stupide guerre commerciale, car Trump voulait sanctionner l’économie européenne en imposant des tarifs, notamment sur les voitures allemandes”. Donald Trump avait ouvert les hostilités avec des droits de douane sur les importations d'acier et d'aluminium européen. Il considérait que l’importation de produits fabriqués à l'étranger constituaient une menace pour la sécurité nationale. Les droits, fixés à 25 % sur l'acier et à 10 % sur l'aluminium, ont frappé des échanges commerciaux d'une valeur de 6,4 milliards d'euros, selon la Commission. L'UE a riposté avec des taxes sur une série de produits américains d'une valeur de 2,8 milliards d'euros tels que le bourbon, les motos Harley-Davidson et les bateaux à moteur. Le contentieux n’a pas été réglé. Joe Biden a juste accepté de prolonger l’exemption des droits de douane sur l’acier et l’aluminium jusqu’à la fin de l’année 2025.
Jean-Claude Juncker a raconté à la Matinale européenne les coulisses de sa rencontre avec Donald Trump à la Maison Blanche en juillet 2018. Elle avait été préparée en amont avec les collaborateurs du président américain. “Nous avions une bonne connaissance de l’entourage de Trump. Des messages avaient été passés pour éviter des réactions provoquées par la surprise”, a-t-il expliqué.
“La rencontre a commencé avec le traditionnel échange de cadeaux, une tradition diplomatique stupide, car on ne peut pas les conserver. J’avais donc choisi un présent que Trump puisse garder: une photographie du cimetière militaire américain de Luxembourg où sont enterrés 5.000 Américains tombés pendant la bataille des Ardennes contre les troupes nazies et où a été inhumé le général Patton, qui avait souhaité être inhumé avec ses soldats, et je lui ai dit: “don’t forget, we have a common history” (nous avons une histoire commune).
Il a alors renvoyé le cadeau qui était prévu pour moi et deux heures après, il m’a remis en hommage le traité d’amitié entre les Etats-Unis et le Luxembourg signé par le président Kennedy. La réponse était au même niveau pour l’échange de cadeaux et elle nous a permis de revenir à l’essentiel”.
“Pendant tous nos échanges, je lui ai manifesté le respect que l’on doit au président élu par les Américains. Beaucoup ont une mauvaise approche avec lui. Je sais qu’avec Donald Trump, on peut arriver à un accord. Il n’est pas très au fait des détails, mais on se retrouve dans les grandes lignes. C’est un deal maker, un commerçant. Il ne faut pas l’attaquer mais trouver un point d’ancrage pour un compromis. Il faut aussi le respecter, essayer de se mettre dans ses souliers, trouver ce qui peut l’arranger sans nous nuire tout en conservant notre identité et notre force”.
“Il m’a demandé que veux tu ? Je lui ai répondu la fin de cette guerre stupide. Je lui ai expliqué que si l’on additionne les échanges de marchandises et des services financiers, les Etats-Unis sont gagnants”, se souvient Jean Claude Juncker. “Il m’a dit: tes chiffres sont faux. Je lui ai répondu: ce sont vos chiffres”. Il s’est tourné vers son équipe qui a confirmé: "ce sont nos chiffres”.
“Les négociations ont duré plusieurs heures et nous nous sommes retrouvés à plusieurs reprises en tête à tête. C’est là que se faisait l’essentiel. Je lui ai offert un deal sur les semences de soja, car il avait un problème avec ses fermiers. L’UE ne produit pas de soja. Elle achète. Nous pouvions augmenter nos importations. Par ailleurs nous allions construire 14 terminaux de gaz, et nous avons proposé d’acheter du GNL américain. Trump avait le sentiment que je comprenais ses problèmes immédiats”.
“Les Américains, comme les Russes et les Chinois, ne conçoivent pas l'Union européenne comme une entité, mais comme une addition de 27 pays qu’on peut diviser et traiter par des échanges individuels”, nous a dit Jean Claude Juncker. “J’ai expliqué a Trump qu'il pouvait recevoir les chefs d’Etat et de gouvernement, mais qu’ils n’étaient pas en charge de la politique commerciale de l’Union européenne, que c’était la Commission et son président, que c’était moi”.
Le conseil de Juncker: “il ne faut pas être comme la souris devant le chat quand on discute avec Donald Trump. Il n’est pas un fin diplomate, mais il comprend les messages brutaux car il s’exprime de façon brutale. Il ne faut pas avoir peur ou lui témoigner un faux respect. Il entend la réalité et il sait faire des compromis. Il respecte ceux qui s’opposent ouvertement à lui sans le blesser et surtout il a le sens du rapport de force”.
“J'ai su conclure un accord pour interrompre une guerre stupide et je crois que Trump m’aimait bien”, nous a dit Jean-Claude Juncker. La publication par Donald Trump de la photographie de leur accolade avec cette légende “we love each other” sur son compte twitter le confirme. Ursula von der Leyen saura-t-elle traiter avec Donald Trump ? “Elle est réaliste et Trump aussi est réaliste”.
La citation
"De MAGA à MEGA : Make Europe Great Again !".
Elon Musk.
Trump et l'UE
Giorgia Meloni, seule chef d'État et de gouvernement de l'UE à l'investiture de Trump - Giorgia Meloni sera à Washington aujourd'hui pour l'investiture de Donald Trump en tant que 47e président des États-Unis. Seule chef d'État et de gouvernement de l'UE présente, Mme Meloni entend jouer le rôle de "pont" avec la nouvelle administration en raison de sa proximité personnelle et idéologique avec M. Trump et ses alliés, dont le maître de l'X, Elon Musk. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, lui aurait-elle demandé de servir d'intermédiaire pour organiser une rencontre avec Trump ? Viktor Orban a été invité, mais a finalement décidé de ne pas y participer. Mme Meloni se retrouvera entourée de dirigeants de partis européens d'extrême droite. Mais tous ne feront pas la traversée pour honorer Trump. L'Autrichien Herbert Kick a choisi de ne pas participer au nom du principe "l'Autriche d'abord" : il mène des négociations pour former un gouvernement qui pourrait le conduire à la chancellerie.
Aux USA, les GAFA s’offrent un président - En France les milliardaires ont financé en grande partie la reconstruction de la cathédrale Notre Dame à Paris, ravagée par un incendie. Aux Etats-Unis, les milliardaires de la tech ont restauré Donald Trump, un vieux monsieur de 78 ans poursuivi par la justice et ils ont financé son investiture. Les dirigeants des GAFA (Google, Amazon, Meta/Facebook, Apple, Microsoft) et des autres géants de la tech (Uber, Open AI) ont tous versé une dîme de 1 million de dollars chacun. Approcher le président est payant et les places sont chères avec cinq niveaux de forfaits de billets : pour un don de 1 million de dollars, 500 000 dollars, 250 000 dollars, 100 000 dollars ou 50 000 dollars. Question: les responsables des formations d'extrême droite européennes et les influenceurs amis d’Elon Musk invités aujourd’hui à Washington ont-ils payé leur voyage et leur ticket d’entrée ou sont-ils pris en charge par le patron de X ? La place prise par Elon Musk commence à gêner. Joe Biden ne l’a pas caché avec une mise en garde contre un "complexe industriel technologique" ultra-riche qui pourrait acquérir un pouvoir incontrôlé sur le peuple américain. “Aujourd’hui, une oligarchie prend forme en Amérique, dotée d’une richesse, d’un pouvoir et d’une influence extrêmes qui menacent littéralement toute notre démocratie, nos droits et nos libertés fondamentales”, a-t-il dénoncé lors de son dernier discours.
L'UE et Musk
La Commission européenne ordonne à Musk de remettre les documents sur l'algorithme de X - La Commission a annoncé vendredi avoir adressé à X trois mesures d'enquête relatives au système de recommandation de la plateforme d'Elon Musk dans le cadre de la procédure initiée le 18 décembre 2023. La pression de certains gouvernements et du Parlement européen, à la suite de la campagne de déstabilisation lancée par Musk contre certaines démocraties européennes, a porté ses fruits, bien que tardivement. La Commission a demandé de recevoir d’ici le 15 février la documentation interne sur ses systèmes de recommandation et sur d'éventuels changements récents. De plus, elle a émis un "ordre de conservation" pour les documents et informations internes concernant les modifications futures de la conception et du fonctionnement de ses algorithmes de recommandation pour la période allant du 17 janvier 2025 au 31 décembre 2025. Enfin, la Commission a formulé une demande d'accès à certaines API commerciales de X pour vérifier la modération des contenus et la viralité des comptes.
Les retards de la Commission sur X - "Nous prenons des mesures supplémentaires pour faire la lumière sur la conformité des systèmes de recommandation de X avec les obligations prévues par la Digital Services Act. Nous sommes engagés à garantir que chaque plateforme opérant dans l'UE respecte notre législation, qui vise à rendre l'environnement en ligne juste, sûr et démocratique pour tous les citoyens européens", a déclaré vendredi la vice-présidente de la Commission, Henna Virkkunen. Toutefois, l'annonce de vendredi soulève quelques interrogations. Jusqu'à présent, la Commission avait soutenu que l'algorithme de X faisait partie de son enquête. Pourquoi, dès lors, a-t-elle attendu si longtemps pour exiger de savoir comment sont promus les posts de Musk ou d'autres comptes menaçants pour le discours civique et la démocratie dans l'UE ? À propos de Musk et de X, nos amis d'Agenda Publica ont interviewé l'ancien commissaire Thierry Breton, qui entre dans les détails de la logique de la Digital Services Act.
Géoeconomie
Accord avec le Mexique sur le commerce - La Commission a annoncé vendredi la conclusion des négociations politiques pour moderniser l'accord global de l'UE avec le Mexique, ce qui devrait permettre de faciliter encore davantage les échanges entre les deux parties. Le commerce de biens UE-Mexique a atteint 82 milliards d'euros en 2023, tandis que le commerce bilatéral de services a atteint 22 milliards d'euros en 2022, faisant du Mexique le deuxième partenaire commercial de l'UE en Amérique latine. Selon la Commission, le nouvel accord aidera à accroître les exportations de services de l'UE dans des secteurs clés tels que les services financiers, les transports, le commerce électronique et les télécommunications ; renforcera la chaîne d'approvisionnement de matières premières critiques locales, améliorant la compétitivité de l'industrie européenne ; éliminera les barrières non tarifaires et établira des conditions d'égalité, par exemple en ce qui concerne les droits de propriété intellectuelle ; donnera aux entreprises de l'UE un accès aux contrats du gouvernement mexicain sur un pied d'égalité avec les entreprises locales. L'accord créera une série d'opportunités pour les agriculteurs et les exportateurs agroalimentaires de l'UE, en éliminant les droits de douane de jusqu'à 100 % sur des produits d'exportation clés de l'UE, comme le fromage, la volaille, le porc, les pâtes, les pommes, les confitures et gelées, ainsi que le chocolat et le vin, et en augmentant à 568 le nombre d'indications géographiques protégées.
Commerce avec le Mexique et le Mercosur pour limiter les dommages de Trump ? – La temporalité n'est pas un hasard. L'annonce de l'accord avec le Mexique est survenue trois jours avant l'inauguration de Donald Trump. Ursula von der Leyen suit une stratégie : renforcer les relations commerciales avec certaines zones géographiques qui risquent de subir les conséquences d'une guerre commerciale de Donald Trump. L'UE est en première ligne, aux côtés du Canada et du Mexique, mais aussi des pays d'Amérique latine. L'accord avec le Mercosur a été conclu le 6 décembre, un mois après l'élection de Trump, ignorant les objections de la France. Von der Leyen a confié la compétence du Commerce au commissaire Maros Sefcovic, un fidèle exécuteur de sa stratégie. La Corée du Sud et le Japon (avec lesquels l'UE a déjà des accords commerciaux) pourraient avoir intérêt à renforcer leurs rangs, tout comme d'autres pays avec lesquels la Commission est en train de négocier (Philippines, Inde et Indonésie). À propos du commerce et de Trump. Nos amis de Blocs - une lettre d'information hebdomadaire sur le commerce - expliquent comment la Chine se prépare à la guerre tarifaire du nouveau président américain.
Géopolitique
Dix jours pour sauver les sanctions contre la Russie du veto d'Orban - Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a réaffirmé vendredi sa menace de mettre son veto au renouvellement des sanctions adoptées par l'Union européenne contre la Russie pour sa guerre d'agression contre l'Ukraine. "Il est temps de jeter les sanctions par la fenêtre et de créer une relation sans sanctions avec les Russes", a déclaré Orban à la radio publique. Lors du Conseil européen de décembre, le Premier ministre hongrois avait surpris les autres dirigeants en annonçant qu'il pourrait mettre son veto à la prolongation de six mois des sanctions. Les mesures restrictives expirent le 31 janvier prochain. Au moins, vendredi, Orban est resté ambigu quant à ses intentions, soulignant que son objectif d'annuler les sanctions contre la Russie "est encore lointain" et qu'il doit encore "travailler là-dessus". Le premier ministre hongrois a déclaré que cela pourrait prendre "quelques mois". La position d'Orban pourrait compromettre le seizième paquet de sanctions que la Commission discute avec les États membres depuis quelques jours et que l'UE aimerait adopter d'ici le 24 février prochain, quatrième anniversaire du début de la guerre contre l'Ukraine.
Baerbock contre Scholz sur l'arrêt des aides militaires à l'Ukraine - La ministre des Affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, a animé le débat politique en Allemagne ce week-end, après s'être à nouveau heurtée au chancelier Olaf Scholz sur l'adoption d'un paquet d'aide militaire supplémentaire à l'Ukraine de 3 milliards d'euros. "L'Allemagne dans son ensemble n'est actuellement pas perçue comme une force motrice pour la politique de paix en Europe, et honnêtement, cela me peine", a déclaré Baerbock à Politico dans une interview de vendredi. "Lors de la campagne électorale, certains donnent la priorité à une perspective nationale ou à la manière d'obtenir rapidement quelques voix lors des élections parlementaires, plutôt que de prendre la véritable responsabilité d'assurer la paix et la liberté de l'Europe", a-t-elle ajouté. Tous les sociaux-démocrates du SPD ne partagent pas la ligne de prudence choisie par Scholz. Samedi, le ministre de la Défense, Boris Pistorius, a déclaré que l'Allemagne pourrait envoyer des soldats en Ukraine s'il était créé une zone démilitarisée. "Il est évident que nous jouerons un rôle et que nous devrons assumer la responsabilité", a déclaré Pistorius dans une interview au Süddeutsche Zeitung.
Allemagne
Cdu-Csu en baisse, AfD en hausse à un mois des élections - Les derniers sondages publiés en Allemagne à l'approche des élections législatives du 23 février indiquent une tendance préoccupante pour la stabilité du pays et les forces démocratiques. L'Union Cdu-Csu est entrée dans une phase descendante, tombant sous les 30 % dans les sondages menés la semaine dernière par Insa et Wahlkreisprognose. En revanche, le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) est en hausse. En plus de consolider sa deuxième position, l'AfD se situe de manière stable au-dessus des 20 % dans les intentions de vote (21 %, selon les sondages d'Insa et Wahlkreisprognose). Le SPD d'Olaf Scholz est autour de 16 %, tandis que les intentions de vote pour les Verts oscillent entre 13 et 15 %. Le parti populiste d'extrême gauche Alliance Sahra Wagenknecht (entre 4 et 7 %) pourrait dépasser les libéraux de la FDP. Si les intentions de vote actuelles se confirment dans les urnes, le leader de la Cdu-Csu, Friedrich Merz, serait contraint de négocier une coalition à trois, sauf à s'allier avec l'AfD, ce qu'il a explicitement exclu.
PPE
Le PPE se réunit à Berlin pour soutenir la candidature de Friedrich Merz - Les conservateurs européens se sont réunis ce vendredi et samedi à Berlin pour apporter un soutien européen à la candidature de Friedrich Merz, candidat de la CDU aux élections législatives prévues le 23 février prochain. Ce conclave a permis de constater qu’Ursula von der Leyen s’est remise de la pneumonie qui avait nécessité son hospitalisation et l’avait tenue éloignée de toute activité publique depuis le début de l’année. Selon le leader européen du parti, Manfred Weber, “nous vivons une époque de leadership, de responsabilité, de valeurs et d’idées intelligentes pour l’avenir. Une époque pour le leadership du Parti Populaire Européen, le parti qui propose de vraies solutions”. La réunion n’a pas abordé la question qui divise les conservateurs : faut-il conclure des accords avec les partis d’extrême droite pour entrer dans les gouvernements, comme c’est le cas aux Pays-Bas, en Suède, en Finlande, en Italie ou en Autriche, ou faut-il refuser toute alliance avec ces partis, comme en Pologne, en Allemagne ou en Grèce ? La majorité semble pencher pour la première option, bien que la CDU refuse catégoriquement de s’allier avec les néonazis de l’AfD.
Valence, la ville où la droite ne veut pas aller - Les inondations à Valence fin octobre, qui ont causé plus de 200 morts, se sont transformées en un conflit politique. Si le Parti Populaire (PP) a tenté de rejeter sur Teresa Ribera la responsabilité de la mauvaise gestion des conséquences de la catastrophe, le temps montre clairement que les compétences pour intervenir dans les premiers moments, où les erreurs ont été les plus nombreuses, relevaient principalement du gouvernement régional, présidé par Carlos Mazón, membre du Parti Populaire. Mazón est devenu un paria politique. Aucun commissaire européen n’a trouvé le temps de se rendre à Valence, alors que lors des inondations en Allemagne l’année dernière, qui avaient causé bien moins de morts, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’était rendue sur place rapidement. Mazón n’a pas non plus été reçu à Bruxelles, mais la maire de Valence, María José Catalá, l’a été : elle a rencontré trois commissaires la semaine dernière. Elle appartient également au Parti Populaire, mais elle est une rivale interne de Mazón et protégée de l’eurodéputé Esteban González Pons. Le Parti Populaire Européen (PPE) doit organiser son congrès annuel à Valence en mai, une décision prise avant les inondations. Le refus de von der Leyen d’apparaître aux côtés de Mazón et la crainte du Parti Populaire espagnol que le congrès soit entouré de manifestations contre leur gestion font que le transfert de l’événement vers une autre ville espagnole est envisagé, selon des sources du PPE informées des discussions avec leurs partenaires espagnols.
Brexit
Le rêve de Tusk d'un Breturn - Vendredi à Varsovie, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a mis mal à l'aise son homologue britannique, Keir Starmer. Le Premier ministre travailliste a exclu un retour du Royaume-Uni dans l'UE, tout comme dans son marché unique ou son union douanière. Starmer sait que le Brexit reste un sujet politiquement explosif. Même si une majorité de Britanniques – selon les sondages – regrette la sortie de l'UE, Starmer ne veut pas prendre le risque de relancer un débat qui touche au ventre irrationnel des électeurs. Lors d'une conférence de presse avec Starmer, Tusk a exprimé haut et fort ce que beaucoup pensent dans l'UE, d'autant plus dans le contexte de la seconde présidence Trump. "Je suis conscient que c'est un rêve : au lieu d'un Brexit, avoir un Breturn", a déclaré Tusk, reconnaissant que c'est peut-être uniquement "une illusion. Mais je suis plutôt optimiste et je garde ces rêves dans mon cœur. Parfois, les rêves se réalisent en politique."
Chaises musicales
Le Conseil préfère le Polonais Wiewiórowski comme Garant européen de la protection des données – Un bras de fer s'annonce entre le Conseil, l'institution qui représente les États membres, et le Parlement européen concernant la nomination du Garant européen de la protection des données. Vendredi, les ambassadeurs des vingt-sept ont voté pour leur candidat préféré. Si le Parlement avait désigné l'Italien Bruno Gencarelli, le Conseil a choisi le Garant sortant, le Polonais Wojciech Wiewiórowski. Gencarelli a toutefois terminé en deuxième position. Les prochaines étapes de la procédure prévoient des négociations entre le Conseil et le Parlement pour parvenir à un accord. Pour le Conseil, la négociation sera dirigée par le futur trio de présidence (composé du Danemark, Chypre et l'Irlande), puisque la présidence actuelle (la Pologne) a un conflit d'intérêts.
Cela se passe aujourd'hui
Eurogroupe
Parlement européen : session plénière à Strasbourg (débats sur le cessez-le-feu à Gaza ; la chaleur record de 2024 ; la promotion de l'industrie de la fusion)
Conseil : le président Costa reçoit le directeur du MES, Pierre Gramegna, et le Premier ministre de Malaisie, Anwar Ibrahim
Service européen d'action extérieure : le Haut représentant Kallas reçoit le Premier ministre de Malaisie, Anwar Ibrahim, le ministre des Affaires étrangères d'Égypte, Badr Abdelatty, et la présidente de la BEI, Nadia Calvino
Commission : le vice-président Fitto en Croatie rencontre le Premier ministre Andrej Plenkovic
Commission : la vice-présidente Mînzatu à Varsovie
Commission : le commissaire Kubilius reçoit le ministre des Finances de l'Allemagne, Jorg Kukies, et rencontre le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte
Commission : le commissaire Brunner, à Paris, rencontre le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, et le Premier ministre français, François Bayrou
Cour des comptes de l'UE : rapport sur les blocages géographiques injustifiés dans le commerce électronique et les services en ligne
Eurostat : mise à jour sur le PIB et l'emploi au troisième trimestre ; production dans le secteur de la construction en novembre ; données sur les vols commerciaux en 2024