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Le parapluie nucléaire français: questions sur l’après-Macron
La défense européenne et la dissuasion nucléaire seront-elles au cœur des débats pendant la campagne pour l’élection présidentielle en France ? Le positionnement des candidats face à Donald Trump et à Vladimir Poutine sera-t-il déterminant pour les électeurs ? La question commence à se poser pour les partenaires européens de la France. L’élection présidentielle est prévue en avril 2027. Deux ans, ça peut paraître long. Mais le temps accélère au rythme des décisions belliqueuses du président américain et l’incertitude croît pour la sécurité du vieux continent. Emmanuel Macron a entrepris de réarmer la France et a pris des engagements envers ses partenaires de l’Union européenne. Celui ou celle qui lui succédera à la présidence de la République va-t-il les maintenir ?
“Les annonces de Macron sur l’extension de la dissuasion c’est bien, mais qu’est ce qui va se passer si Le Pen arrive au pouvoir ? “La question posée par un haut fonctionnaire européen la veille du sommet européen du 20 mars montre une vraie préoccupation. Le Rassemblement National, mouvement d’extrême droite, est le premier parti politique en France. Il caracole avec 30% des intentions de vote dans les sondages, loin devant toutes les autres formations, et ses dirigeants, Marine le Pen et Jordan Bardella, ne cachent pas leur proximité avec le président russe Vladimir Poutine et le président américain Donald Trump .
“Le véritable débat sur la dissuasion nucléaire française en Europe centrale et orientale est essentiellement tué par la proximité de certains pans de la politique française avec la Russie”, déplore le politologue tchèque Jakub Janda, spécialiste des relations politiques de l’UE à l’égard de la Russie et de la Chine. “Si la probabilité de voir des hommes politiques français proches de la Russie remporter prochainement la présidence française est élevée, alors tout débat sur la dissuasion nucléaire française en Europe centrale et orientale n’est que symbolique”, soutient-il.
Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté d'ouvrir le “débat stratégique” sur l'extension de la dissuasion nucléaire française à d'autres pays européens. Une proposition accueillie positivement, pour la première fois, par plusieurs Etats de l'UE, inquiets du désengagement américain en Europe, des menaces d’agression de Donald Trump contre le Canada et le Danemark, deux pays membres de l’Otan, et du flou entretenu par le président américain sur le respect de l'assistance mutuelle prévue en cas d’agression contre un des alliés par l'article 5 alors que Vladimir Poutine se montre de plus en plus agressif .
Le président français a ajouté des actes aux paroles avec la décision de moderniser la base aérienne de Luxeuil, dans l’Est de la France, près des frontières avec l’Allemagne et la Suisse, pour en faire la quatrième base aérienne nucléaire du pays, avec deux escadrons de rafale F5 équipés des missiles air-sol nucléaires ASN de la 4e génération. “À l’horizon de 2035, Luxeuil sera la première base à accueillir la prochaine version du Rafale et son missile nucléaire hypersonique. Luxeuil poursuivra sa longue histoire au service de notre dissuasion, cœur de notre défense”, a annoncé le chef de l’Etat français.
Mais ces engagements font débat en France. “Le fait que le président de la République évoque le partage de notre puissance nucléaire est une véritable honte. Il envisage de déposséder le peuple français d'un des éléments essentiels de sa souveraineté et de sa capacité à se défendre. Nous y sommes opposés”, s’est insurgée Marine Le Pen.
Mme Le Pen, favorable à la sortie de la France de l’Otan, est accusée de tronquer à dessein les annonces du président. “Il n’est pas acceptable de laisser penser que la force de dissuasion nucléaire puisse être partagée”, a déploré l’ancien président de la République François Hollande qui ne cache pas son ambition de briguer la présidence en 2027.
“La dissuasion française n’a jamais été fixée géographiquement”, a rappelé Hollande. “Il appartient au président de la République d'apprécier si l'intérêt vital de la France est atteint ou pas. On doit rester sur ce principe là”, a-t-il soutenu. “La Force de dissuasion, son principe, sa règle d’utilisation, sa composition et même les moyens financiers consacrés pour la constituer restent français”, a insisté l’ancien président.
La France est la quatrième puissance nucléaire au monde. Son arsenal est constitué de 290 ogives. L'arsenal est défensif, mais pour être crédible et dissuader toute attaque, il doit pouvoir frapper n’importe quelle cible. L’arme nucléaire est portée par les Rafale et en mer par des sous-marins, dont l’un est toujours en mission, indécelable. Seul le président peut déclencher le feu nucléaire. Pas de bouton, mais des codes chiffrés, et l'officier qui porte la mallette veille à ce que le président soit lucide.
Mais cette capacité n’est pas suffisante pour protéger toute l’Europe et le laisser penser n’est pas crédible, confie un diplomate européen de l’Alliance. Le futur chancelier Friedrich Merz a d’ailleurs souhaité que le débat se fasse avec l’autre puissance nucléaire européenne, le Royaume-Uni .
Une extension de la protection de la dissuasion française pose le problème de la décision. Qui déciderait de la riposte en cas d’attaque sur la Pologne, pays de la ligne de front avec la Russie. La doctrine veut que le président français soit le seul décideur. Au vu des débats nationaux et des oppositions à l’idée d’un partage, la doctrine ne va pas évoluer. Quelle crédibilité peut avoir une France seule juge de la portée géographique de ses intérêts vitaux?
“Il est intéressant de constater que la crédibilité sur le nucléaire militaire pourrait désormais constituer l'un des critères de choix d'au moins une partie de la population aux prochaines élections présidentielles”, souligne l’analyste Etienne Marcuz, spécialiste de la dissuasion nucléaire. “Sous la 5ème République, le président est élu au suffrage universel direct, notamment parce que chacun d'entre nous lui délègue le pouvoir d'engager le feu nucléaire en notre nom. Il est donc sain de se poser la question au moment de déposer son enveloppe dans l'urne le jour des élections”.
La citation
"J'ai une stratégie de réserves très solide à la maison : j'ai tout ce qu'il faut pour des pâtes à la puttanesca. Pâtes, tomates, câpres, olives... Et tu as une excellente recette".
La commissaire Hadja Lahbib pendant la présentation de la Stratégie de préparation de l'UE.
Géopolitique
L'UE refuse les conditions imposées par la Russie pour la trêve - "Le retrait sans conditions de toutes les forces militaires russes de l'ensemble du territoire ukrainien serait l'une des principales conditions pour amender ou lever les sanctions", a déclaré hier la porte-parole du Service européen pour l'action extérieure dirigé par Kaja Kallas, Anitta Hipper, après que la Russie a demandé la levée des mesures restrictives de l'UE sur le secteur agricole comme précondition pour appliquer la trêve convenue avec les États-Unis en mer Noire. L'UE nie avoir imposé des sanctions sur les produits agricoles. Mais parmi les conditions de Moscou figurent la réintégration de certaines banques russes opérant dans le secteur dans le système de transactions financières Swift, l'assistance portuaire pour les navires russes et la fin de l'embargo sur les machines agricoles. "L'objectif principal de l'UE reste de maximiser la pression sur la Russie, en utilisant tous les outils disponibles, y compris les sanctions", a déclaré la porte-parole. "L'expérience a montré que la Russie doit être jugée sur ses actes, et non sur ses paroles", a-t-elle ajouté. La demande de la Russie et les éventuelles pressions américaines pour lever les sanctions pourraient être discutées lors du sommet de la coalition des volontaires qui se tiendra aujourd'hui à Paris.
Macron déclasse la coalition des volontaires en “force de réassurance” – Le président français, Emmanuel Macron, a convoqué aujourd'hui à Paris la coalition des volontaires qui devrait fournir des garanties de sécurité solides à l'Ukraine en cas d'accord de paix. Mais le contingent de soldats européens sur le terrain a été rétrogradé en "force de réassurance". "Sur la ligne de front, ce ne seront pas des troupes européennes qui seront déployées", a déclaré Macron hier lors d'une conférence de presse avec Volodymyr Zelensky. Il ne s'agit pas d'une force de maintien de la paix, d'interposition ou de surveillance de la ligne de cessez-le-feu. "Ce sur quoi nous travaillons pour donner des cartes à nos amis ukrainiens, ce sont des formes de garanties de sécurité sous forme de réassurance", a expliqué le président français, soulignant l'effet de dissuasion. Les soldats européens "pourraient être amenés à tenir des positions dans la zone de paix en territoire ukrainien". Macron a cité une possible présence européenne dans des "villes importantes et des bases stratégiques", un "soutien logistique et un entraînement" pour indiquer "que si une agression généralisée se produit, ces armées seraient appelées à répondre". Selon Zelensky, "personne ne veut impliquer un pays dans la guerre. Le contingent européen est important pour le contrôle, le monitoring, l'entraînement et rendre impossible tout désir de la Russie de revenir avec une nouvelle vague d'agression".
L’Otan défie “quiconque” veut attaquer un de ses membres - “Si quelqu'un se trompait et pensait pouvoir attaquer la Pologne ou tout autre allié en toute impunité, il serait confronté à toute la force d’une alliance déterminée. Notre réaction serait dévastatrice. Vladimir Vladimirovitch Poutine et quiconque voudrait nous attaquer doivent en être parfaitement conscients”. Le secrétaire général de l’Otan, le Néerlandais Mark Rutte, a montré beaucoup d’assurance dans ses propos prononcés à Varsovie après une rencontre avec le Premier ministre polonais Donald Tusk. Mais la menace la plus directe contre un allié est pour le moment proférée par le président américain Donald Trump et elle concerne le Danemark. Mark Rutte pensait -il aux Etats-Unis pour le “quiconque” mis en garde dans son avertissement ?
Réarmement
L'Espagne annonce un plan national pour renforcer l'industrie de la défense - "Le gouvernement lancera avant l'été un important plan national pour le développement et la promotion de la technologie et de l'industrie espagnole pour la sécurité et la défense", a annoncé hier le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, dans un discours au Parlement. Le plan "concentrera la majorité des investissements supplémentaires demandés par nos partenaires européens", a expliqué Sanchez. L'Espagne doit rattraper beaucoup de retard pour atteindre l'objectif de 2 % du PIB dans la défense fixé par l'OTAN, qui cet été, lors d'un sommet de l'Alliance à La Haye, pourrait passer à 3 % et plus. Selon les données de l'OTAN, en 2024, l'Espagne a dépensé 1,28 % de son PIB en dépenses militaires. Sanchez a promis d'accélérer pour atteindre les 2 % d'ici 2029 ou avant. En difficulté sur le plan interne en raison de l'hostilité de l'opinion publique à l'égard des dépenses militaires et de la ligne pacifiste de son allié de coalition Sumar, la marge de maneouvre de Sanchez est étroite. "L'Europe cherchera à se protéger, mais nous le ferons sans perdre un seul centime de soutien social", a assuré Sanchez.
La Suède annonce 28 milliards d'euros de dépenses supplémentaires pour la défense sur 10 ans – Le gouvernement suédois a annoncé hier qu'il dépenserait près de 28 milliards d'euros de plus dans la défense au cours de la prochaine décennie, avec pour objectif d'atteindre 3,5 % du PIB d'ici 2030 contre 2,4 % actuellement. Il s'agit du "réarmement le plus significatif depuis la guerre froide", a déclaré le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, lors d'une conférence de presse. Les investissements seront financés par l'endettement.
La Pologne n'a des munitions pour se défendre que pendant deux semaines – En cas d'agression, la Pologne n'a des munitions suffisantes pour se défendre que "pendant une ou deux semaines", a déclaré le chef du Bureau de la sécurité nationale polonais (BBN), le général Dariusz Ukowski, dans une interview à Polsat. Les forces armées polonaises disposent "seulement d'un stock de certains types de munitions, suffisant pour environ cinq jours", a expliqué Ukowski, soulignant des problèmes liés à l'âge du matériel, à la qualité des produits et aux pièces de rechange.
Réarmement civil
La Stratégie pour la préparation de la pasta alla puttanesca - La Commission a présenté hier sa Stratégie pour la préparation, dont l'objectif est de convaincre les Européens de se préparer face à tout type de crise et de guerre. Le sujet est très sérieux, mais l'exercice a frôlé le ridicule lors de la présentation du document. Une vidéo postée sur les réseaux sociaux par la commissaire Hadja Lahbib sur le kit de survie de 72 heures en est l'illustration. Lors de la conférence de presse, la vice-présidente Roxana Mintzatu a reconnu ne pas avoir de kit de survie comme recommandé par la Commission car elle est constamment en voyage. Lahbib a répondu ainsi : "Roxana, j'ai une bonne nouvelle pour toi. J'ai une stratégie de stockage très solide à la maison : j'ai tout ce qu'il faut pour une pasta alla puttanesca. Pâtes, tomates, câpres, olives... Et tu as une excellente recette !". Le ton léger pourrait être voulu, après les accusations de certains dirigeants et politiciens du Sud de l'Europe contre la Commission pour ses tons alarmistes. Les éléments les plus controversés du rapport de Sauli Niinisto pour se préparer à une attaque militaire ou à une guerre n'ont pas été repris dans la Stratégie de préparation de la Commission. L'Europe ne se transformera pas en une grande Finlande.
La préparation de l'UE face aux risques et menaces – La communication de la Commission énumère une large gamme de risques et menaces qui devraient inciter les États membres à se doter d'une stratégie de préparation. Il s'agit des catastrophes naturelles (inondations, incendies, tremblements de terre et événements météorologiques extrêmes exacerbés par les changements climatiques) aux catastrophes provoquées par l'homme (accidents industriels, défaillances technologiques et pandémies), des menaces hybrides (cyberattaques, désinformation, ingérences étrangères et sabotage des infrastructures critiques) aux conflits armés ("y compris la possibilité d'une agression armée contre les États membres", dit la Commission). C'est ce dernier scénario, celui d'une guerre directe avec la Russie, qui avait poussé Ursula von der Leyen à demander à l'ancien président finlandais, Sauli Niinisto, de rédiger une série de recommandations sur la préparation. La Commission veut promouvoir une culture de la résilience au niveau national et local, pour améliorer la sensibilisation du public aux risques par le biais de campagnes d'information, de programmes éducatifs et de ressources en ligne. Il y a beaucoup de travail à faire également au sein de la Commission.
Sept domaines clés, 30 actions et un plan d'action - La Stratégie de préparation de la Commission décrit sept domaines clés d'intérêt : prévision et anticipation (identification des risques) ; résilience des fonctions vitales de la société (continuité des services et des infrastructures essentiels) ; préparation de la population et résilience de la société ; coopération public-privé ; coordination entre autorités civiles et militaires ; amélioration du processus décisionnel ; collaboration avec les partenaires internationaux pour les menaces transfrontalières. La Commission propose également 30 actions. La liste est longue. Des critères minimaux de résilience sont prévus pour les services essentiels tels que les hôpitaux, les écoles, les transports et les télécommunications. La Commission veut renforcer le stockage d'équipements et de matériaux critiques et encourager un kit de survie pour un minimum de 72 heures en situation d'urgence pour les citoyens. Une autre action prévoit des exercices périodiques entre forces armées, protection civile, police, sécurité, opérateurs de santé et pompiers.
Guerre commerciale
Trump anticipe le "Jour de la Libération" et impose des droits de douane de 25% sur les voitures - Le président américain, Donald Trump, a annoncé hier l'imposition de droits de douane de 25 pour cent sur toutes les voitures importées aux États-Unis, y compris celles d'origine européenne. La date d'entrée en vigueur a été fixée au 2 avril, jour que Trump a qualifié de "Jour de la Libération". Ce jour-là, des droits de douane réciproques promis par Trump dans divers secteurs seront également annoncés, en fonction aussi des taxes et régulations appliquées à l'étranger. "Nous ferons payer tous ceux qui font des affaires dans notre pays et prennent notre richesse", a déclaré Trump. Hier, le président a mentionné son intention de frapper le bois et les produits pharmaceutiques. Selon le Financial Times, le commissaire au Commerce, Maros Sefcovic, s'attend à des droits de douane d'environ 20% les produits européens. Avec les droits de douane sur les voitures, "c'est le début du Jour de la Libération en Amérique", a déclaré Trump dans le Bureau Ovale, promettant une "croissance énorme" de la production automobile, car "si vous construisez des voitures aux États-Unis, il n'y aura pas de droits de douane".
Von der Leyen exprime ses regrets et évalue, sans plus menacer de réponse forte - La réaction de la Commission à l'annonce des nouveaux droits de douane sur les voitures de Trump a été plus faible que celle concernant les droits de douane sur l'aluminium et l'acier. La ligne d'Ursula von der Leyen pour une réponse "forte et proportionnée" a été abandonnée. La présidente de la Commission a publié hier une déclaration exprimant son "profond regret" face à la décision des États-Unis d'imposer des droits de douane sur les exportations de voitures européennes. La Commission "évaluera cette annonce, ainsi que d'autres mesures que les États-Unis envisagent dans les prochains jours". Von der Leyen a expliqué que "l'UE continuera à rechercher des solutions négociées, tout en sauvegardant ses intérêts économiques".
L'UE et Trump
Von der Leyen promet d'aider Radio Free Europe – La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a promis hier son soutien à Radio Free Europe-Radio Liberty, après que l'administration Trump a décidé de couper les financements pour ces émetteurs historiques qui ont porté l'information libre et la voix de la démocratie dans les régimes autoritaires depuis la Seconde Guerre mondiale. L'ordre de Trump a été suspendu par un tribunal, mais pourrait être ignoré par l'administration. Radio Free Europe fournit une information indépendante à de nombreux pays où la liberté des médias est menacée. Von der Leyen a promis de collaborer avec le groupe de dix pays dirigé par la République tchèque qui veut sauver Radio Free Europe. "Le monde a besoin de la liberté des médias", a déclaré von der Leyen. La Commission explore en interne quelles options de financement peuvent être trouvées pour participer à la coalition des volontaires pour sauver Radio Free Europe.
La “pirouette” de JD Vance au Groenland - Le vice-président américain s’était “invité” pour la visite planifiée au Groenland par son épouse et leur fils pour assister vendredi à la traditionnelle “course du grand nord” de chiens de traîneaux, mais devant les protestations et le risque de manifestation hostiles, le programme a été modifié. “Je pense qu’il est très positif que les Américains annulent leur visite auprès de la société groenlandaise. A la place, ils visiteront leur propre base, Pituffik, et nous n’avons rien contre”, a annoncé hier le ministre danois des Affaires étrangères Lokke Rasmussen à la radio publique. Les voitures de la délégation américaine arrivées à Nuuk à bord d’un avion de l’armée de l’air ont été rapatriées aux Etats-Unis. “Je suis le ministre des affaires étrangères, je dois donc parler de manière diplomatique, mais à bien des égards il s’agit d’une pirouette magistrale pour faire croire à une escalade, alors qu’il s’agit en réalité d’une désescalade “, a commenté Rasmussen.
Trump persiste sur l’annexion du Groenland - “C'est une île dont nous avons besoin d'un point de vue défensif et offensif”, a affirmé le président américain dans un entretien avec le podcasteur Vince Coglianese. “Je n'aime pas le dire comme ça, mais il va nous falloir” en prendre possession, a soutenu Donald Trump. Le président américain a ravivé par ces déclarations les craintes d’une annexion militaire du territoire d’un Etat membre de l’Otan par un autre état de l’Alliance . Le Groenland est un territoire autonome du Danemark situé dans la région arctique. Il a adhéré à l’UE avec le Danemark en 1973, mais s’est retiré en 1985 à cause de la pêche. Un récent sondage a montré que 85 % des personnes interrogées étaient opposées à l'idée d'un retrait du Danemark pour rejoindre les États-Unis.
Sommet
Possible sommet européen extraordinaire en mai - L’idée flotte mais n’est pas encore concrétisée. Il revient au président du Conseil Antonio Costa de convoquer cette réunion extraordinaire et à ce jour rien n’a encore été décidé. Mais la suggestion est là. Ce sommet extraordinaire avant celui de juin serait une manière de saluer l’arrivée du chancelier Friedrich Merz qui suscite beaucoup d’attentes. Il permettrait en outre de vérifier que l’unité tient pour le soutien à l’Ukraine. Le Premier ministre hongrois s’est dissocié des conclusions adoptées lors du sommet du 20 mars et sème le doute avec son alignement sur les demandes de Moscou et sur les positions de Washington. Le prochain sommet européen est programmé pour le 26 juin, mais compte tenu de l’accélération des événements, un délai de trois mois entre deux sommets est jugé “trop long”. Le fait que Costa soit parvenu à organiser deux sommets et une “retraite” sur une journée avec des conclusions bien préparées a plu. Les dirigeants européens apprécient le fait de se voir “plus souvent, mais moins longtemps”. Reste à trouver le créneau dans 27 agendas biens chargés. Une réunion de la Communauté Politique Européenne (CPE) est prévue le 16 mai en Albanie. Un sommet européen pourrait se greffer sur ce rendez-vous.
Migrants
La Pologne suspend le droit de déposer une demande d'asile - Le gouvernement polonais a décidé hier de suspendre le droit de déposer une demande d'asile, après que le Parlement la semaine dernière a adopté une nouvelle loi pour déroger à la législation européenne et internationale afin de faire face à des situations d'urgence à la frontière avec la Biélorussie. "Comme je l'avais annoncé, sans un instant de retard", a déclaré le Premier ministre, Donald Tusk, en annonçant la décision. L'UE accuse la Biélorussie et la Russie d'utiliser les migrants comme arme hybride, en organisant le flux vers la frontière polonaise. La Pologne a militarisé la frontière avec la Biélorussie et construit une barrière métallique de cinq mètres. Selon Tusk, il y a entre 100 et 200 tentatives de traversée des frontières par jour. Mais au cours des deux premiers mois de l'année, Frontex n'a enregistré que 692 traversées illégales à la frontière orientale, avec des Ukrainiens et des Russes comme première nationalité parmi les migrants. La Commission d'Ursula von der Leyen n'a pas objecté à la loi polonaise, malgré la violation du principe de non-refoulement.
Omnibus
Les socialistes mettent en garde le PPE sur "stop the clock" - "Stop the clock" est la proposition de la Commission pour arrêter les horloges de la réglementation européenne introduite lors du premier mandat d'Ursula von der Leyen sur les obligations de reporting imposées aux entreprises sur la durabilité. Dans le premier paquet de simplification appelé "Omnibus", la Commission a proposé de reporter de deux ans l'entrée en vigueur des exigences de la directive sur la publication d'informations en matière de durabilité des entreprises (CSRD) et d'un an l'échéance pour la transposition et la première phase d'application de la directive sur le devoir de vigilance en matière de durabilité des entreprises (CSDDD). Un accord a été trouvé hier entre les représentants des gouvernements pour soutenir la proposition de la Commission. Au Parlement, la situation est plus compliquée. La déréglementation ne plaît pas au groupe des Socialistes & Démocrates, qui la considère comme un recul sur le Pacte vert. Lors d'une réunion restreinte mardi, la présidente des socialistes, Iratxe Garcia Perez, a lancé un avertissement au leader du PPE, Manfred Weber, lui demandant de clarifier quelles sont ses intentions sur cette initiative. Les socialistes sont prêts à la soutenir, mais pas gratuitement. Ils veulent des garanties qu'il n'y aura pas de modifications substantielles. Sinon "nous ne pouvons pas donner notre accord", nous a dit une source. Les gouvernements, comme la Commission, sont prêts à utiliser le report pour négocier des modifications substantielles à la CSRD et à la CSDDD.
Cela se passe aujourd'hui
Ukraine : sommet à Paris de la coalition des volontaires
Conseil Environnement
Commission : le commissaire Serafin à Rome rencontre le ministre de l'Économie, Giancarlo Giorgetti
Commission : le commissaire Jorgensen participe au Solar Power Summit 2025
Commission : le vice-président Séjourné à Athènes rencontre le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis
Parlement européen : la présidente Metsola en visite à Dublin
Parlement européen : audition en commission des Affaires économiques de Claudia Buch, chef de la supervision unique de la BCE
Commission : le commissaire Dombrovskis participe au sommet européen de l'Institut de la Finance internationale
Commission : le commissaire Kubilius à Vilnius participe aux auditions au Parlement et à une table ronde de la Conférence militaire balte
Commission : le commissaire Brunner à Zagreb rencontre le Premier ministre Andrej Plenkovic
Commission : la vice-présidente Virkkunen à Amsterdam participe à la réunion ministérielle D9+ sur la technologie et la connectivité
Comité économique et social : session plénière (débats avec les commissaires McGrath, Hansen et Dombrovskis)
Cour de justice de l'UE : jugement sur le traitement des eaux usées urbaines par l'Italie
Banque centrale européenne : publication du Rapport annuel de la BCE sur les activités de supervision en 2024
Banque centrale européenne : réunion du Conseil général de la BCE
Eurostat : données sur les dépenses de défense en 2023 ; estimations préliminaires sur la parité du pouvoir d'achat en 2024 ; données sur le commerce international de biens en janvier