Les 100 premiers jours d’Ursula 2: reculades ou émancipation ?
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Les 100 premiers jours d’Ursula 2: reculades ou émancipation ?
Les 100 premiers jours sont la période la plus importante d'un mandat politique, les jours d'annonces, de lancement de projets, les jours qui fixent le cap pour les cinq prochaines années dans le cas de la Commission européenne. La présidente Ursula Von der Leyen a déjà annoncé plusieurs projets, mais l'Allemande est soumise à des pressions de plus en plus fortes et variées de la part des Etats membres, de certains groupes du Parlement européen et de lobbies pour que ces 100 premiers jours, qui devraient commencer le 1er décembre, soient ceux du retour en arrière. Le deuxième mandat de von der Leyen sera-t-il celui du ralentissement, voire du recul des réalisations du premier ? Les politiques de protection du climat et de l'environnement sont sous les feux de la rampe, mais elles ne sont pas les seules.
Le Pacte vert européen a plus d'ennemis que d'amis. Si, en public, aucun gouvernement n'est favorable à l'abolition du pacte, dans la pratique, nombreux sont ceux qui tentent d'annuler ou de retarder plusieurs de ses sections les plus importantes. La situation est telle que les écologistes seraient satisfaits si aucun pas en arrière n'était fait au cours de cette législature, car les équilibres politiques, avec la majorité du Parti populaire européen (soutenu par une extrême droite montante) dans toutes les institutions de l'UE, rendent tout nouveau progrès improbable. La pression exercée par le lobby agricole raidit encore plus les positions.
Le premier pas en arrière a été fait la semaine dernière, lorsque 21 gouvernements ont voté en faveur d'une réduction de la protection des loups, qui est aujourd'hui maximale. Sous l'impulsion du secteur de l'élevage et, derrière lui, des chasseurs qui veulent retrouver le loup dans le viseur de leurs fusils, une majorité de ministres a donné le feu vert à l'Union européenne pour qu'elle demande au Comité permanent de la Convention de Berne, le forum international où sont pris les décisions, que le loup passe du statut de "strictement protégé" (l'animal ne peut être abattu que lorsqu'il met en danger des vies humaines) à celui de "protégé" (où l'éventail des possibilités est ouvert).
La rumeur veut que la Commission européenne, qui prônait une protection maximale, ait changé lorsqu'un loup a tué le poney de la présidente Von der Leyen. En réalité, la pression du lobby de l'élevage a été énorme ces derniers mois. Seules l'Espagne et l'Irlande ont voté contre, tandis que la Slovénie, Chypre, Malte et la Belgique se sont abstenues. Les autres ont voté pour. Plus de 300 ONG environnementales ont critiqué la mesure, affirmant que les données relatives à la conservation des loups ne justifient pas le déclassement de la protection des loups.
La fin de la "déforestation importée" est l'une des questions qui suscite le plus d'intérêt, car sa mise en œuvre est proche. Il s'agit là d'une autre des avancées du premier mandat de Mme Von der Leyen mise sous pression. Selon le règlement approuvé, à partir du 30 décembre, les entreprises qui vendent du soja, du bœuf, du bois, du cacao, du café, de l'huile de palme ou du caoutchouc en Europe devront prouver que ces produits ne proviennent pas de zones récemment déboisées (après 2022) et que leur culture ne cause pas de dommages aux zones forestières.
Trois mois avant sa mise en œuvre, les doutes grandissent car des eurodéputés influents du Parti populaire européen, comme Herbert Dorfmann (coordinateur PPE de la commission de l'agriculture) et Peter Liese (de la commission de l'environnement), appellent à un report. M. Liese a même écrit un tweet disant que la Commission avait déjà décidé du report, mais il l'a supprimé peu de temps après. Peut-être a-t-il été mal informé, ou peut-être a-t-il été informé trop rapidement. Ils affirment que les dispositions de ce règlement sont "un monstre bureaucratique" qui met en péril l'approvisionnement en aliments pour le bétail européen et perturbe le commerce international. Les socialistes affirment que le calendrier convenu doit être respecté, mais ils sont minoritaires et la pression n'est pas seulement interne. Le chancelier allemand Olaf Scholz a déjà déclaré publiquement qu'il avait contacté Mme Von der Leyen pour lui proposer de retarder la mise en œuvre du règlement, ce que Washington demande également. L'Autriche, la Slovaquie, la Slovénie, la Finlande, l'Italie, la Pologne, la Slovaquie et la Suède sont sur la même ligne.
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva s'est fait le porte-parole des gouvernements du Mercosur auprès de Mme Von der Leyen en marge des réunions annuelles qui se sont tenues fin septembre au siège des Nations unies à New York. Les pays du bloc (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) demandent à être exemptés de l'application de cette règle, en invoquant les négociations d'un accord commercial avec l'Union européenne, qui traînent depuis plus de 20 ans et que la France continue de bloquer. D'autres pays, comme la Belgique, l'Autriche, la Pologne et l'Irlande, se cachent derrière les Français. Parmi les produits inclus dans le règlement, le Brésil exporte tous les produits sauf l'huile de palme.
La fin de la vente des voitures à moteur à combustion est un autre dossier qui pourrait être ralenti. L'Union européenne a décidé en 2023 qu'aucune nouvelle voiture à moteur à combustion ne pourra être vendue en Europe à partir du 1er janvier 2035 pour laisser place à la voiture électrique. La décision a été difficile à adopter. Un peu plus d'un an plus tard, elle est déjà remise en question.
L'extrême droite et une partie du Parti populaire européen accusent le Pacte vert, et surtout ce règlement, de provoquer la désindustrialisation du continent. L'Italienne Giorgia Meloni est l'une des voix qui s'élèvent pour demander que le mécanisme de révision de cette date soit activé en 2025. En principe, elle ne serait pas révisée avant 2026.
La colère ne vient pas seulement de la droite politique. Les écologistes sont de la partie. L’une de leur figure, le ministre de l'économie allemand Robert Habeck, a déclaré le 23 septembre qu'il soutenait les industriels qui avaient demandé que la révision soit avancée. M. Habeck a déclaré qu'il n'était pas opposé à la date de 2035, mais qu'il s'opposait à ce que les voitures vendues dès 2025 soient obligées de réduire leurs émissions polluantes de 15 % ou de payer des amendes. Le problème pour Habeck est que le géant Volkswagen n'est pas prêt à rendre ses voitures conformes à cette norme d'ici 2025. L'industrie l'a fait savoir à la Commission. Le PPE appelle également à une révision rapide afin de repousser l'interdiction de 2035 à au moins 2040. Outre l'Allemagne et l'Italie, la République tchèque, Chypre, la Lettonie, Malte, la Roumanie, la Pologne, la Slovaquie et la Lettonie soutiennent ce retour en arrière.
Von der Leyen doit mesurer ses pas, car elle a besoin des votes des écologistes au Parlement européen, mais les propos de Habeck jettent un doute sur l'attitude de son parti, au moment même où les Verts sont sur le point de quitter plusieurs gouvernements, comme ceux de la Belgique et de l'Autriche. Dans un an, ils pourraient également quitter le gouvernement allemand. Lorsque les auditions des prochains commissaires seront terminées, un affrontement pourrait avoir lieu avec l'Espagnole Teresa Ribera. La future vice-présidente chargée de la transition propre, équitable et compétitive et de la concurrence, ne va pas renoncer à toutes les avancées dans la lutte contre la crise climatique et la protection de l'environnement sans se battre.
Ursula von der Leyen pourrait également faire marche arrière sur d'autres sujets. Le pacte de stabilité réformé est pleinement opérationnel et plusieurs gouvernements doivent présenter des plans d'assainissement budgétaire assortis d'ajustements après l’ouverture de procédure en juin dernier. Parmi eux, le gouvernement français, qui vient d’être constitué par l'ancien commissaire européen Michel Barnier, membre du PPE. Or le problème est la France. Les comptes publics sont hors de contrôle. Sa dette à 10 ans doit déjà offrir plus d'intérêts pour être placée que celle de l'Espagne ou même de la Grèce. Une mauvaise surprise pour Barnier. Pour respecter le pacte de stabilité, le Premier ministre devrait approuver un ajustement de grande ampleur pour le budget 2025 qui pourrait provoquer un embrasement social en France et la chute de son gouvernement .
Alors que l'Espagne est en passe de terminer l'année avec un déficit public autour des 3,0 % souhaités par l’UE, le déficit public français s'envole à plus de 5,5 %. Selon certaines estimations, il devrait atteindre 6,0 % à la fin de l'année, soit le double de l'objectif fixé par le pacte de stabilité. La Commission européenne va-t-elle obliger le gouvernement français à procéder aux ajustements nécessaires sous la menace d'une amende ou, comme elle l'a fait il y a plus de vingt ans, va-t-elle laisser la France continuer au rythme qu'elle souhaite parce que, comme l'a déclaré le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, président de la Commission à l’époque, "la France, c'est la France" ? Le pacte de stabilité a-t-il été réformé de telle sorte qu'il ne puisse plus s'appliquer aux deux grands pays ? Une question embarrassante à laquelle Mme von der Leyen devra répondre en 2025. Mais s'il permet à la France de le contourner, il aura perdu l'autorité morale pour exiger des ajustements de la part des autres Etats membres, notamment de l'Italie dont la situation budgétaire n'est pas beaucoup plus saine que celle de la France.
L'autre grand dossier qui semblait s'être calmé depuis quelques mois est celui des migrations. Les Vingt-Sept se sont mis d'accord sur un pacte que même les socialistes ont défendu, malgré un durcissement des procédures d'asile. Mais ces nouvelles briques pour les murs de la "forteresse Europe" ne suffisent plus. L'Italie vend le modèle d'accord avec la Tunisie et l'Albanie comme un succès. Les défenseurs des droits de l’homme dénoncent un système qui criminalise les sauvetages en mer, permet l’abandon des migrants dans le Sahara.et laisse envoyer ceux qui arrivent dans des camps en Albanie.
Les Pays-Bas, État membre fondateur de l'Union européenne, étaient à l'avant-garde de l'élaboration de l'accord avec la Tunisie avant que l'extrême droite n'arrive au pouvoir. Aujourd'hui, avec Geert Wilders dans les coulisses du nouveau gouvernement, ils menacent d'exiger leur sortie des politiques d'asile. L'Allemand Olaf Scholz, qui, avec l'Espagnol Pedro Sánchez, devrait tenir la bannière du centre-gauche face à une majorité de conservateurs, n'a pas eu de meilleure idée que d'annoncer la mise en place de contrôles aux frontières terrestres pour au moins deux ans, sans que cette décision ne soit clairement conforme au règlement de Schengen.
La Commission européenne n'a pas élevé la voix. Le gouvernement espagnol refuse toujours de demander l'aide de Frontex pour gérer l'augmentation des arrivées en mer de migrants et de demandeurs d'asile dans les îles Canaries. L'agence européenne est décriée pour les violations des droits de l'homme commises lors des opérations menées avec les garde-côtes grecs dans la mer Égée. Mais le ministre espagnol de l'intérieur, Fernando Grande-Marlaska, craint que plus il y aura de bateaux patrouillant dans la zone, plus il y aura de migrants. C'est la fausse idée de "l'effet d'appel".
La lutte contre les activités des grandes plateformes technologiques (principalement américaines) jugées illégales à la lumière de la loi sur les services numériques adoptée l'année dernière est une autre patate chaude. Le transfert de ces dossiers des mains d'un interventionniste comme le Français Thierry Breton à une conservatrice, la Finlandaise Henna Virkkunen, dont le parti compte une eurodéputée, Aura Salla, qui a dirigé les activités de lobbying à Bruxelles de Meta (la société mère de Facebook) jusqu'en 2023, laisse redouter des reculs dans ce dossier. L'une des premières mesures prises par M. Virkkunen sera de décider s'il convient de poursuivre les enquêtes menées par M. Breton contre X et Meta pour des violations présumées de la loi sur les services numériques. Ou de clore ces enquêtes. Cela constituerait un nouveau revers.
Le dernier appel à un revirement a été lancé la semaine dernière, lorsque le ministre allemand de la justice, Marco Buschmann, a demandé à la Commission européenne de rouvrir les négociations sur la directive concernant les rapports sur le développement durable des entreprises (CSRD), la règle qui oblige les entreprises à rendre compte de l'impact de leurs activités sur l'environnement et la société, et qui exige un audit de ce rapport. Les commentaires de M. Buschmann sont intervenus un jour après que l'Allemagne et 16 autres pays ont reçu un avertissement de la Commission européenne pour n'avoir pas réussi à faire passer la norme dans la législation dans les délais impartis. La directive, en vigueur depuis janvier dernier, doit être mise en œuvre progressivement sur une période de deux ans et devrait être pleinement opérationnelle d'ici janvier 2026, mais l'Allemagne souhaite à présent renégocier ces délais.
Von der Leyen II devra se battre contre vents et marées pour que son héritage ne soit pas le démantèlement de ce que Von der Leyen I a réalisé.
La citation
"Je ne suis pas inquiet. Je connais bien les deux candidats. J'ai travaillé pendant quatre ans avec Donald Trump. C'est lui qui nous a poussés à dépenser plus et il a réussi (...). Et il nous a aussi poussés sur la Chine et je pense qu'il avait raison".
Mark Rutte, nouveau secrétaire général de l'Otan, à propos de l'élection présidentielle américaine.
Géopolitique
L'Iran attaque Israël, l'UE condamne et appelle à un cessez-le-feu régional - L'Union européenne a condamné hier “ans les termes les plus forts” l'attaque de missiles lancée par l'Iran contre Israël, mais a appelé à un “cessez-le-feu immédiat dans toute la région” pour “éviter une guerre régionale”, a déclaré le haut représentant pour la politique étrangère, Josep Borrell. “Le dangereux cycle d'attaques et de représailles risque d'échapper à tout contrôle”, a déclaré M. Borrell. Le président du Conseil européen a lancé un appel similaire. “Je condamne fermement l'attaque de l'Iran contre Israël : elle représente une menace pour la sécurité régionale”, a déclaré Charles Michel : “La spirale mortelle de l'escalade au Moyen-Orient doit cesser maintenant. Une guerre régionale n'est dans l'intérêt de personne”. En réponse à l'assassinat du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, la République islamique a tiré quelque 180 missiles directement sur Israël, en plus des roquettes tirées par la milice chiite libanaise. “L'attaque de l'Iran constitue une escalade grave et dangereuse. Il y aura des conséquences”, ont prévenu les Forces de défense israéliennes (IDF) : “Nous répondrons où, quand et comme nous l'entendons, conformément aux directives du gouvernement israélien”.
Otan
Changement dans la continuité à l’Otan - Le néerlandais Mark Rutte est devenu lundi le nouveau @SecGenNato, intitulé de sa fonction sur le réseau X. Mais “pas de changement de politique à attendre à l’Otan”, a-t-il averti. La ligne, toute la ligne, rien que la ligne définie dans les conclusions du sommet de Washington en juillet. Le Premier ministre bravache et facétieux, venu avec une partition de Chopin et une pomme pour “tuer le temps” lors d’un sommet européen consacré au budget “parce qu'il n’y avait rien à négocier”, s’est coulé en un instant dans l’austère carapace de son prédécesseur Jens Stoltenberg et s’en est tenu, comme un bon élève, aux notes de la partition écrite pour sa première conférence de presse. Plus de traits d’humour ni de bons mots. Les réponses étaient calibrées pour ne pas froisser les membres de l'Alliance. Lui, le Premier ministre “frugal”, critique de la dispendieuse l’Italie lorsqu’il siégeait à la table du Conseil européen, se retrouve aujourd’hui à devoir presser l'Italie de dépenser plus pour la défense commune. On attendait de Rutte une pirouette pour réponse. Il a servi la langue de bois. “Beaucoup de gouvernements se trouvent confrontés à ce dilemme. Chacun doit gérer son budget et se montrer responsable, mais il faut assurer que les priorités puissent être financées”. Si rien ne change à l’Otan, beaucoup de choses vont changer dans la vie de Mark Rutte. Plus question de se rendre au bureau à bicyclette, comme il le faisait à La Haye. “Ce ne serait pas avisé pour des questions de sécurité“, a-t-il reconnu. Sa résidence à Bruxelles sera sécurisée, comme ses déplacements et son bureau sera une pièce sans fenêtre dans le très austère siège en verre blindé de l’Otan.
L’Otan se prépare au retour de Donald Trump à la Maison Blanche - Mark Rutte a surpris avec un éloge de l’ancien Président américain lors de sa conférence de presse d’investiture dans la fonction de secrétaire général de l’Otan. “Grâce à Donald Trump, les dépenses de défense des alliés ont augmenté et ses déclarations sur la Chine ont été entendues”. Mark Rutte a répété l'argument à deux reprises durant son intervention et a insisté sur ses excellentes relations avec l’ancien président. Depuis des mois, les services de l’Otan se préparent à la possibilité que Donald Trump remporte l’élection présidentielle en novembre et travaillent les éléments de langage susceptibles de le flatter et d’éviter une remise en question de l’Alliance, comme il l’avait fait durant son premier mandat, nous ont expliqué plusieurs diplomates. “Je ne vais pas commenter tout ce que disent Donald Trump ou Kamala Harris (la candidate démocrate), mais mon sentiment, fondé sur mes discussions avec les deux candidats, est qu’ils comprennent que le lien transatlantique est important pour leur défense et leur propre sécurité”, a expliqué Mark Rutte.
L’Ukraine doit attendre pour l’adhésion, la priorité est l’effort de guerre - Pas de surprise pour Kiev avec le changement de secrétaire général à l’Otan. Le Néerlandais Mark Rutte est sur la ligne fixée par les alliés à Jens Stoltenberg. “ La place de l’Ukraine est au sein de l'Alliance, mais la priorité est la guerre. L’Ukraine doit l'emporter. Nous n’allons pas céder et nous allons mettre l’accent sur l’effort de guerre. Parler de l'adhésion est très difficile à ce stade”, a-t-il expliqué. “Nous entendons les menaces du Kremlin, mais nous ne voyons pas de menace imminente d’un recours à l’arme nucléaire par la Russie”, a-t-il ajouté. “L’Ukraine mène une guerre légitime pour sa défense et elle doit pouvoir frapper des cibles légitimes sur le territoire de la Russie”, a-t-il soutenu. Mark Rutte n’a pas osé se prononcer sur les limitations imposées par les Etats-Unis et certains alliés à l’utilisation des armes fournies à l’Ukraine. “Chaque allié détermine le soutien apporté à l’Ukraine de manière individuelle”, a-t-il déclaré. Mais il a rappelé que “sans le soutien des Etats-Unis, l’Ukraine n’existerait plus”. Rutte participera à la réunion des dirigeants des pays du groupe de soutien à l’Ukraine convoquée par le président Joe Biden le 12 octobre sur la base américaine de Ramstein, en Allemagne.
L’UE doit se comporter en bon partenaire et ne pas créer de structures parallèles à l’Otan - Les alliés membres de l’UE voulaient un des leurs à la tête de l’Otan, mais Mark Rutte ne sera pas d’un grand soutien pour l’autonomie stratégique européenne. “Les efforts de défense de l’UE doivent être complémentaires à ceux de l’Otan et interopérables. Il ne doivent pas créer de doublons ni de structures parallèles”, a-t-il affirmé. Rutte est resté dans la figure imposée et a averti que “sans une industrie transatlantique forte, il n’y a pas de défense” et il a salué l’acquisition par les alliés de plusieurs centaines d'avions de combat modernes, principalement des F-35 américains de cinquième génération.
France
Les deux épées de Damoclès de Barnier - "Nous sommes collectivement sur une ligne de crête", a déclaré hier le Premier ministre français Michel Barnier lors de son discours de politique générale devant l'Assemblée générale pour présenter le programme de son gouvernement. "Notre épée de Damoclès, c'est l'énorme dette publique : 3 228 milliards d'euros", a expliqué M. Barnier, annonçant “des choix sérieux et graves” sur les comptes publics. C'est l'épée de Damoclès qui préoccupe le plus l'UE, alors que le déficit de la France dépasse les 6 % du PIB. M. Barnier a annoncé son intention de "ramener le déficit de notre pays à 5 % en 2025" et de "placer notre pays sur une trajectoire permettant de ramener le déficit sous la barre des 3 % en 2029". L'échéance est repoussée de deux ans par rapport à ce que le précédent gouvernement avait prévu au printemps. M. Barnier a expliqué que les deux tiers de l'effort seront réalisés par des réductions de dépenses. Le reste proviendra d'un "effort ciblé et limité dans le temps" des "grandes et très grandes entreprises qui réalisent des profits importants" et d'une "contribution exceptionnelle des Français les plus riches". Mais "il y a une autre épée de Damoclès, tout aussi redoutable, celle de la dette écologique", a prévenu M. Barnier, expliquant que les priorités seront la biodiversité, l'économie circulaire et la décarbonisation.
Barnier ouvre la porte à la proportionnelle et à une correction sur les retraites - Barnier s'est exprimé hier devant une Assemblée nationale particulièrement bruyante, notamment sur les bancs occupés par le Nouveau Front Populaire, l'alliance de gauche emmenée par la France Insoumise. "Les Français ne nous pardonneraient pas l'inaction au cours des trois prochaines années. Ils nous demandent des réponses urgentes sur des sujets majeurs" comme la santé, le pouvoir d'achat et la sécurité, a prévenu Michel Barnier. Le Premier ministre a promis "une nouvelle méthode" faite "d'écoute, de respect et de dialogue entre le gouvernement et le Parlement". M. Barnier a envoyé deux signaux aux partis qui ne font pas partie de la majorité gouvernementale. Il s'est dit prêt à "une réflexion et une action sans idéologie sur le scrutin proportionnel" et à "reprendre le dialogue" sur la réforme des retraites. "Certaines limites de la loi votée le 15 avril 2023 peuvent être corrigées", a déclaré M. Barnier. Le Premier ministre a également indiqué quelles seraient ses lignes rouges : "pas de tolérance" sur le racisme et l'antisémitisme, les violences faites aux femmes et le communautarisme, "pas d'accommodement" sur la défense de la laïcité et les discriminations, "pas de remise en cause" sur l'avortement, le mariage pour tous et la procréation médicalement assistée.
Autriche
Nehammer confirmé à la tête de l'OVP veut donner une chance au FPO - Le chancelier autrichien, Karl Nehammer, a été confirmé hier à l'unanimité à la tête de son parti conservateur, l'OVP, avant le début des négociations pour la formation d'un nouveau gouvernement de coalition. La décision a été prise lors d'une réunion de la direction de l'OVP convoquée pour discuter des résultats des élections et de la stratégie de formation du gouvernement. Malgré la défaite de l'OVP aux élections de dimanche, où le parti d'extrême droite FPO est arrivé nettement en tête, M. Nehammer est en position de force pour rester chancelier s'il parvient à s'entendre avec les sociaux-démocrates du SPO sur un programme politique. La coalition pourrait être élargie aux libéraux de la NOS. Il a obtenu la confiance du parti, renforçant ainsi son mandat pour former un nouveau gouvernement de coalition. Mais surprise : M. Nehammer a demandé au président Alexander Van der Bellen de confier au FPO la tâche d'essayer d'abord de former une coalition. “Il est de bonne tradition que le vainqueur des élections se voie confier la tâche de mener des discussions exploratoires”, a déclaré M. Nehammer. Le leader d'extrême droite Herbert Kickl réunira les dirigeants du FPO aujourd'hui.
“Patriotes”
VOX a-t-il changé de groupe parlementaire européen en échange d'argent ? -Des enquêtes journalistiques menées par le site web « VSquare » et le journal El Pais ont confirmé que VOX, le parti d'extrême droite espagnol, a reçu un prêt de Magyar Bankholding (MBH), une entité qui compte parmi ses principaux actionnaires Lörinc Mészáros, un ami du Premier ministre hongrois Viktor Orban. Cette même banque a financé le Rassemblement National de Marine Le Pen il y a quelques années. VOX a reconnu hier que MBH lui avait accordé un prêt de 6,2 millions d'euros et un autre de 2,6 millions d'euros. Il affirme avoir déjà remboursé les deux et les avoir demandés parce que les banques espagnoles refusaient de financer le parti. Le prêt n'est pas illégal en soi, mais sa dissimulation l'est en vertu de la loi espagnole sur le financement des partis politiques, qui exige la publication d'informations sur les comptes du parti, telles que les prêts, leur montant, le taux d'intérêt et l'entité concernée. Ces informations sont publiques afin d'éviter que les banques ne financent les partis de manière détournée. Le crédit désormais connu explique une décision prise par VOX après les élections européennes et qui n'a été comprise ni au Parlement européen ni en Espagne. Le parti a quitté le groupe ECR pour rejoindre la nouvelle formation promue par Viktor Orban et Marine Le Pen, Patriotes pour l'Europe. Le changement a été effectué après les constitutions des groupes, lorsque VOX avait une vice-présidence au sein d'ECR.
Les Patriotes saisissent la Cour sur le cordon sanitaire - Le groupe des Patriotes pour l'Europe a saisi la Cour de justice de l'Union européenne pour demander l'annulation des décisions prises au sein des commissions du Parlement européen de les exclure de tous les postes de responsabilité (présidents et vice-présidents). "Les Patriotes constituent le troisième groupe le plus important du Parlement européen, mais contrairement à des groupes beaucoup plus petits, ils n'ont pas de vice-présidents ou de questeurs du Parlement, ni de présidents ou de vice-présidents des commissions. Cette application du cordon sanitaire viole plusieurs articles du règlement du Parlement", ont déclaré les Patriotes dans un communiqué. Les articles du règlement visés sont l'article 34 sur les procédures visant à refléter la diversité politique du Parlement dans les commissions et les délégations, ainsi que dans les organes de décision, et l'article 219 sur la diversité à refléter dans la composition du bureau de chaque commission. Selon les Patriotes, le cordon sanitaire "viole le principe selon lequel tous les membres du Parlement devraient être en mesure d'exercer pleinement le mandat reçu des électeurs".
Commission von der Leyen II
Aujourd'hui le calendrier des auditions des candidats commissaires - La Conférence des présidents du Parlement européen décidera aujourd'hui du calendrier des auditions des candidats commissaires choisis par Ursula von der Leyen pour son nouveau collège. La préférence exprimée par les présidents des commissions est la période du 4 au 12 novembre avec des doubles auditions le matin, l'après-midi et le soir, bien qu'il y ait une deuxième option de commencer à la mi-octobre. Ce calendrier permettrait à la Commission de commencer ses travaux le 1er décembre, après le vote du Parlement européen sur l'ensemble du collège lors de sa session du 25 au 28 novembre à Strasbourg. Les présidents des commissions parlementaires ont décidé quels commissaires se présenteraient devant quelle commission. Deux séries de questions horizontales adressées à tous les candidats commissaires ont finalement été approuvées. La première concerne la compétence, l'engagement pour l'Europe et l'indépendance personnelle, la seconde porte sur la gestion du portefeuille et la coopération avec le Parlement européen.
Cela se passe aujourd'hui
Commission : la Présidente von der Leyen reçoit le Premier ministre britannique, Keir Starmer, et la Présidente de la Géorgie, Salome Zourabichvili
Commission : réunion du Collège des Commissaires
Commission : conférence de presse de la commissaire Urpilainen sur les partenariats “Team Europe”
Conseil budgétaire européen : conférence de presse du président Niels Thygesen sur le rapport annuel du Conseil budgétaire européen
Commission : les commissaires Jourova et Reynders reçoivent le ministre de la Justice du Monténégro, Bojan Bozovic
Commission : le commissaire Schmit reçoit Christian Benner, premier président du syndicat IG Metall
Commission : la commissaire Johansson à Mirabella Eclano participe à la réunion des ministres de l'intérieur du G7
Commission : la commissaire Simson au Brésil pour la réunion des ministres de l'énergie propre du CEM-15
Commission : la commissaire McGuinness participe au sommet de la Competitive Europe Week organisé par Politico
Commission : le commissaire Gentiloni participe à un événement de la Confindustria avec des députés européens
Parlement européen : réunion de la Conférence des présidents
Parlement européen : la Présidente Metsola rencontre le Premier ministre britannique, Keir Starmer
Conseil : réunion du Coreper I et II
Comité économique et social : lancement du Mois européen de la cybersécurité 2024
Banque centrale européenne : discours de Philip Lane à la conférence organisée par la BCE, la Fed de New York et la Banque du Canada
Cour de justice de l'UE : arrêt sur l'interdiction de fournir des conseils juridiques à des entités de la Fédération de Russie
Cour des comptes de l'UE : rapport spécial sur l'efficacité du financement communautaire des systèmes de santé dans les pays pauvres
Eurostat : permis de construire en juin ; chiffre d'affaires de l'industrie en juillet ; données sur l'apprentissage des langues étrangères en 2022 ; données sur le chômage en août ; données sur les dépenses d'éducation en 2022 ; données sur les personnes nées à l'étranger et leurs descendants en 2023