Les “Patriotes” européens invoquent la “Tornade Trump”
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Les “Patriotes” européens invoquent la “Tornade Trump”
“Make Europe Great Again”. Le retour de Donald Blanche à la Maison Blanche donne des ailes à ses suiveurs européens et inspire leurs slogans . Ils se font appeler les Patriotes. Ils sont souverainistes, nationalistes, à l'extrême droite sur l'échiquier politique. Leurs dirigeants se sont réunis ce week-end à Madrid pour faire allégeance au président américain dont ils attendent le soutien. Ils tirent leur force de l'affaiblissement des partis conservateurs. Les Patriotes sont au pouvoir là où la droite a fait leur lit, en Italie, aux Pays-Bas, en Autriche. Ils restent dans l’ombre lorsqu’elle leur fait barrage. Le mouvement MAGA de Donald Trump a écrasé le Grand Old Party aux Etats-Unis, car les dirigeants modérés du parti Républicain ont refusé de lui barrer la route. Le même sort menace l’Union européenne si les formations du Parti Populaire Européen (PPE) renoncent à leurs valeurs.
Le dénominateur commun au sommet des Patriotes a été l’emphase. Tous les orateurs ont été grandiloquents. “Hier, nous étions les hérétiques. Aujourd’hui, nous sommes le courant dominant . En Amérique, aux Pays-Bas, en Italie, en Autriche et en Hongrie, les patriotes gagnent. La prochaine étape sera la Tchéquie !", s’est enflammé le Premier ministre hongpois Viktor Orban, créateur des Patriotes. “Chaque élection qui vient en Europe voit tomber les uns après les autres les dominos, comme si le jeu politique s'alignait dans un mouvement inexorable”, lui a fait écho la Française Marine le Pen, cheffe du Rassemblement National, le mouvement d’extrême droite issu du Front National fondé par son père.
La réalité est moins flamboyante. Le Rassemblement National est certes le premier parti politique en France, mais il est dans l’opposition et il s’est aliéné une bonne partie de la droite lorsqu’il s’est associé à la gauche pour faire tomber le gouvernement dirigé par le conservateur Michel Barnier. Et Marine Le Pen risque l'inéligibilité et une forte amende pour détournement de fonds publics européens. Le verdict sera rendu le 31 mars. Si elle est condamnée, elle ne pourra pas briguer la présidence de la République en 2027. Son dauphin, Jordan Bardella, président du groupe des Patriotes au Parlement européen, attend son heure. Un casier judiciaire vierge sera exigé pour obtenir l’investiture du RN pour la présidentielle, a-t-il annoncé.
Le FPO de Herbert Kickl en Autriche est en négociations avec les conservateurs pour former un gouvernement, mais ses positions sur l'UE et la Russie pourraient compromettre le rêve d'accéder à la chancellerie. Aux Pays-Bas, le PVV de Geert Wilders est le parti majoritaire du gouvernement, mais les autres partis ont refusé d'accorder à l'extrême droite le poste de Premier ministre. En Italie, la Ligue de Matteo Salvini est au pouvoir grace à son alliance avec Fratelli d’Italia et Forza Italia. Vox de Santiago Abascal en Espagne est une force d'appoint, comme le sont les partis membres des Patriotes au Portugal, en Pologne, en Grèce et en Estonie. Et l’étoile de Viktor Orban est en train de pâlir en Hongrie. Son parti, le Fidesz est devancé dans les intentions de vote par Tisza, le mouvement dirigé par Peter Magyar, devenu membre du PPE. L’espoir des patriotes pour reprendre des couleurs est le retour au pouvoir de l’ancien Premier ministre tchèque Andrej Babis, dont le parti ANO est donné grand favori des élections législatives prévues à l’automne. Babis était à Madrid pour le grand raout des Patriotes.
Les patriotes n’en parlent pas, mais ils vont suivre avec attention les élections législatives du 23 février en Allemagne et le score du parti Alternative für Deutschland (AfD), une formation d'extrême-droite jusqu’à présent jugée infréquentable mais devenue captivante car Elon Musk, devenu le conseiller le plus influent de Donald Trump, lui accorde son soutien et souhaite sa victoire. L'irruption de Musk dans la vie politique européenne devient un poids. Musk est la porte d’accès à Trump, mais il est aussi devenu un repoussoir pour les Européens. Des centaines de milliers d’Allemands se mobilisent contre l’AfD dont l’audience a été décuplée par l’intervention de Musk qui a mis la puissance de X, son réseau social, au service de la dirigeante du mouvement d'extrême droite.
Les Patriotes et l’ECR, le parti des Conservateurs et Réformistes européens, l’autre famille de l’extrême-droite européenne dont la figure est Giorgia Meloni, la cheffe du gouvernement de coalition italien, se voient comme des alliés de Donald Trump. Ils sont considérés comme sa “cinquième colonne” en Europe. Revers de la médaille, Ils seront complices si le président américain provoque une guerre commerciale entre les Etats-Unis et l’UE.
Le combat est engagé sur ce thème au Parlement européen. “L’extrême droite n’a de cesse d’encenser Trump et Musk dont la politique vise tout bonnement à détruire nos usines, notre agriculture, notre viticulture”, a accusé la présidente de la commission des affaires économiques et monétaire du Parlement européen Aurore Lalucq. “Marine Le Pen a rejoint la secte des adorateurs de Donald Trump et s’inscrit dans un trumpisme européen. Aux Français de juger de ce choix du RN de soutenir un président américain qui menace les Européens”, a enchéri l’eurodéputée Nathalie Loiseau. Le groupe des socialistes européens a dénoncé le “le sommet des faux "patriotes" à Madrid” comme “une menace majeure pour ce que l’Europe représente de meilleur”.
Le Parlement européen se réunit aujourd'hui en session plénière à Strasbourg. Un débat sur les relations commerciales entre l’UE et les Etats-Unis et sur la réponse de l’UE si les USA imposent des tarifs douaniers est à l’ordre du jour. L’Union européenne semble se réveiller. Bête noire des Patriotes, accusée de tous les maux par Viktor Orban, Ursula von der Leyen se dit prête à l’affrontement avec Washington. La Présidente de la Commission européenne a opté pour le rapport de force avec le président américain. Elle joue sa crédibilité. “Ursula von der Leyen a quasiment disparu des écrans. Le 20 janvier américain (jour de l'investiture de Donald Trump) a eu un effet “blast” sur les locataires du Berlaymont (le siège de la Commission) et dans les couloirs du parlement européen”, a raillé Marine le Pen à Madrid.
Le PPE, la famille politique d’Ursula von der Leyen, devrait soutenir la présidente et tenir bon sur le “cordon sanitaire” instauré contre l'extrême-droite au niveau national et au niveau européen. Mais pour le moment, les conservateurs font l’inverse. Le Premier ministre Polonais Donad Tusk l’a désavouée sur l’immigration. Le candidat de la CDU (PPE) pour la Chancellerie en Allemagne, Friedrich Merz, a joué avec l’AfD pour tenter de renforcer la politique migratoire au Bundestag et a ruiné son image politique. Le PPE suit exactement la même ligne au Parlement européen et “dîne” avec les Patriotes et l’ECR pour détricoter les politiques européennes qui ne lui conviennent plus.
Quand va cesser cette politique suicidaire de la droite européenne? Les Américains découvrent les conséquences de leur vote. Trump gouverne les Etats-Unis par oukazes puis se retire à Mar-a Lago, sa propriété en Floride, pour jouer au golf et laisse le champ libre à Elon Musk et aux libertariens. Viktor Orban a salué la “tornade Trump”. Si elle se développe et parvient à franchir l’Atlantique, les Européens savent à quoi s’attendre et qui blâmer.
La citation
"Notre ami Trump, la tornade Trump, a changé le monde en à peine quelques semaines. Une ère est révolue. Aujourd'hui, tout le monde voit que nous sommes l'avenir."
Viktor Orban.
Géopolitique
Les États baltes se déconnectent du réseau électrique de la Russie - L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont synchronisé hier leur réseau électrique avec celui de l'Union européenne, coupant ainsi définitivement les liens énergétiques avec la Russie de Vladimir Poutine. "Enfin la liberté des menaces et des chantages", a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, qui a participé à la cérémonie de la "Journée de l'indépendance énergétique" organisée en Lituanie avec les dirigeants de la région. L'Estonie sera reliée à la Finlande par deux câbles sous-marins. La Lituanie bénéficie d'une interconnexion sous-marine avec la Suède et d'une interconnexion terrestre avec la Pologne. Le projet de déconnexion des États baltes du réseau électrique russe a été lancé il y a 15 ans et a bénéficié d'un soutien financier de l'UE (1,23 milliard d'euros). La synchronisation a eu lieu 10 mois avant la date prévue, en raison de l'urgence provoquée par la guerre d'agression de la Russie.
L'UE et Trump
Von der Leyen et JD Vance à Paris pour le sommet sur l'intelligence artificielle – Le vice-président américain, JD Vance, sera à Paris pour un sommet sur l'intelligence artificielle aujourd'hui et demain, organisé par le président français, Emmanuel Macron. Ce pourrait être l'occasion pour le premier face-à-face officiel entre la nouvelle administration America First et la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen . Pour l'instant, aucun rendez-vous n'est prévu dans le calendrier officiel. Mais le dîner de ce soir et le sommet des chefs d'État et de gouvernement de demain pourraient être une bonne occasion. Jusqu'à présent, la demande de von der Leyen de rencontrer Donald Trump est tombée dans l'oreille d'un sourd. "Notre partenaire de longue date, les États-Unis, a fixé une nouvelle agenda. L'Europe est prête pour un dialogue robuste mais constructif avec les États-Unis", a déclaré hier von der Leyen, reconnaissant les "incertitudes croissantes" et les "défis potentiels". Cependant, "nous sommes prêts pour cela", a assuré la présidente de la Commission. Une autre opportunité de face-à-face pourrait se présenter à la Conférence de sécurité de Munich de vendredi à dimanche.
Les victimes de Trump s'organisent – Le sommet sur l'intelligence artificielle et la Conférence de sécurité de Munich serviront aux alliés des États-Unis, menacés de devenir des victimes de Donald Trump, à s'organiser et à se coordonner. Mercredi, le président du Conseil européen, Antonio Costa, et la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, recevront le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, fraîchement revenu d'une guerre commerciale éclair avec Trump. Il y a dix jours, le président américain a imposé des droits de douane de 25 % sur le Canada et le Mexique, avant de faire marche arrière au début de la semaine dernière suite aux engagements que les deux pays avaient déjà pris précédemment pour renforcer les contrôles aux frontières sur les flux de drogues et de migrants. Une autre occasion sera la réunion des ministres de la Défense de l'OTAN de demain et mercredi. Pour la première fois, la "coalition de Ramstein" – le groupe d'une cinquantaine de pays soutenant militairement l'Ukraine – ne sera pas présidée par les États-Unis, mais par le Royaume-Uni.
Commission
Le programme de travail de la Commission pour 2025 – Demain, le Collège des commissaires approuvera à Strasbourg le programme de travail pour la Commission d'Ursula von der Leyen en 2025. Selon les projets de texte diffusés la semaine dernière, la Commission prévoit de lancer 46 initiatives cette année, mais seulement 18 seront des propositions législatives. Et certaines d'entre elles viseront à démanteler la législation européenne existante : le programme de travail prévoit trois paquets "Omnibus" sur la durabilité, la bureaucratie et les entreprises de taille intermédiaire, et sur les investissements. La Commission entend également présenter au second semestre une proposition de simplification de la Politique agricole commune. Les autres propositions législatives les plus importantes incluent de nouvelles règles sur les rapatriements, la révision de la législation sur le climat et du règlement Reach, une directive sur le trafic d'armes, des lois sur le biotechnologie, l'espace, les médicaments critiques, les réseaux numériques, la cybers sûreté et les marchés de capitaux. Un livre blanc sur la défense, le Clean Industrial Deal et une vision pour l'agriculture seront parmi les principaux documents d'orientation politique. Mais attendez-vous à une multitude de stratégies (Quantum, applications de l'IA, sécurité intérieure, préparation, migration à silo, Mer Noire), quelques feuilles de route (importations énergétiques de la Russie, mise en œuvre du pilier social) et quelques pactes (Océan, Méditerranée). La proposition législative peut-être la plus importante arrivera au troisième trimestre : la révision du cadre financier pluriannuel, c'est-à-dire le budget pour la période 2028-34.
Migrants
Tusk humilie von der Leyen sur le Pacte migratoire – Il n'est pas fréquent qu'un chef d'État et de gouvernement dise en face de la présidente de la Commission qu'il n'a pas l'intention de respecter la législation européenne, dont l'exécutif communautaire est le gardien. Cela s'est produit vendredi lors de la visite du Collège des commissaires à Varsovie pour le début de la présidence polonaise du Conseil de l'UE. "La Pologne n'appliquera pas le Pacte européen sur la migration et l'asile d'une manière qui introduirait des quotas supplémentaires de migrants", a déclaré le Premier ministre Donald Tusk lors de la conférence de presse avec Ursula von der Leyen. La présidente n'a pas réagi. "Nous sommes prêts à collaborer avec quiconque pour protéger l'Europe de l'immigration clandestine, mais la Pologne n'est pas disposée à accepter de nouvelles charges", a insisté Tusk.
État de droit
Italie, Hongrie et République tchèque rompent l'unité de l'UE sur la Cour Pénale Internationale – Les dirigeants des institutions de l'UE ont défendu vendredi la Cour Pénale Internationale après la décision du président américain, Donald Trump, d’imposer de lourdes sanctions à ses juges et à ses fonctionnaires. "Les sanctions contre la Cour Pénale Internationale menacent son indépendance et sapent le système de justice pénale internationale dans son ensemble", a déclaré le président du Conseil européen, Antonio Costa. "La Cour Pénale Internationale garantit l'établissement des responsabilités pour les crimes internationaux et donne voix aux victimes dans le monde entier. Elle doit pouvoir continuer librement son combat contre l'impunité mondiale", a expliqué la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen : "L'Europe sera toujours en faveur de la justice et du respect du droit international." En réalité, ce n'est pas toute l'UE. Vingt-quatre États membres de l'UE sur vingt-sept ont signé une déclaration de 79 pays parties au Statut de Rome pour réaffirmer leur soutien "continu et inconditionnel à l'indépendance, à l'impartialité et à l'intégrité de la Cour Pénale Internationale". Les signatures de l'Italie, de la Hongrie et de la République tchèque manquent.
Pacte Vert
La Suisse vote "non" à l'initiative sur la responsabilité environnementale – La Suisse n'est pas un État membre de l'UE, mais ses référendums servent souvent de test pour l'opinion publique au-delà des frontières de la Confédération helvétique. La protection du climat et de l'environnement est définitivement passée de mode. Un référendum national sur l'initiative de la "Responsabilité environnementale" a été rejeté par 70 % des électeurs et par la majorité des cantons hier. L'initiative avait été lancée par les jeunes verts et visait à obliger les activités économiques à ne plus consommer plus de ressources et à produire plus d'émissions que permis pour la préservation des ressources naturelles.
Cela se passe aujourd'hui
Parlement européen : session plénière à Strasbourg (présentation du rapport annuel de la BCE avec Christine Lagarde ; débats sur l'escalade de la violence en Suède et la lutte contre la criminalité organisée ; sur la nécessité de la contribution de l'UE pour résoudre les crises humanitaires)
Conseil européen : le président Costa rencontre la leader de l’opposition biélorusse, Sviatlana Tsikhanouskaya, le Premier ministre irlandais, Micheal Martin, et le président de l’association des entrepreneurs de services Sgi Europe, Pascal Bolo
Présidence polonaise de l'UE : réunion informelle des ministres du Développement à Varsovie
Commission : la présidente von der Leyen participe au Artificial Intelligence Action Summit à Paris, avec la vice-présidente Virkkunen
Commission : la Haute représentante Kaja Kallas et la commissaire Kos à Rome participent à la réunion ministérielle des Balkans occidentaux
Parlement européen : conférence de presse sur l'affaire de l'espionnage Paragon
Commission : le vice-président Sé journée rencontre à Paris le directeur exécutif de l’Agence internationale de l'énergie, Fatih Birol
Commission : le commissaire Dombrovskis rencontre à Riga le ministre des Finances de la Lettonie, Arvils Aseradens
Commission : la commissaire Suica à Madrid rencontre le roi Felipe VI d'Espagne
Commission : le commissaire Kubilius rencontre à Berlin le ministre de la Défense Boris Pistorius
Eurostat : données sur la protection temporaire en décembre