L'inaudible Parti socialiste européen
Bonjour! Je suis David Carretta et avec Christian Spillmann nous vous proposons la Matinale Européenne, un instrument pour offrir une analyse, un contexte et une perspective à ceux qui s'intéressent à l'UE.
L'inaudible Parti socialiste européen
A un peu moins de cent jours des élections européennes, le Parti socialiste européen (PSE) se réunira demain à Rome, un rendez-vous qui devrait être décisif pour contester la domination du Parti populaire européen (PPE) sur les institutions et l'agenda de l'UE. Vendredi après-midi, la campagne des jeunes socialistes sera lancée. Dans la soirée, les dirigeants du PSE se réuniront au Campidoglio pour un petit dîner. Le samedi, le “Congrès électoral” proprement dit aura lieu. Le lieu choisi est La Nuvola, le centre futuriste conçu par l'architecte vedette Massimiliano Fuksas. Outre le président du PSE, l'ancien Premier ministre suédois Stefan Lofven, monteront sur scène les chefs d'État et de gouvernement en exercice des États membres, la présidente du groupe parlementaire Iratxe Garcia Peres, le Spitzenkandidat Nicolas Schmit et la secrétaire du Parti démocrate italien Elly Schlein. Mais au-delà du spectacle promis au Congrès, une question insistante circule dans les couloirs du pouvoir européen : le PSE comptera-t-il encore après les élections européennes ? Inaudible ces dernières années, sans cohésion, avec des dirigeants plus nationaux qu'européens, le PSE risque l'extinction politique.
Lors des élections des 6 et 9 juin, le PSE (dont le groupe au Parlement européen porte le nom de Socialistes & Démocrates ou S&D) devrait limiter les dégâts. Les projections d'Europeelects donnent aux socialistes 140 eurodéputés, soit le même niveau qu'aujourd'hui dans la plénière de Bruxelles et de Strasbourg. La distance avec le groupe PPE devrait également rester la même : une quarantaine de députés de plus pour les Populaires. Les socialistes ont déjà connu leur grande crise. Au tournant du millénaire, ils rêvaient d'une "Europe rose". Ils étaient alors en position de force au Conseil européen et au Parlement européen. C'était l'époque de Tony Blair et de Gerhard Schroeder, de Massimo D'Alema et de Lionel Jospin. Les craintes sociales de la mondialisation, les attaques terroristes du 11 septembre 2001, la guerre en Irak, l'élargissement, l'échec du traité constitutionnel européen, la crise financière et de la dette souveraine et la crise migratoire ont conduit à une érosion constante du vote socialiste. L'hémorragie vers les partis populistes et d'extrême droite semble s'être arrêtée en 2019. Sauf surprise, le PSE devrait rester en 2024 la deuxième famille politique d'Europe. En tant que deuxième actionnaire, les socialistes devraient peser sur la prochaine législature. Au lieu de cela, on a l'impression qu'ils n'existent pas.
"Nous sommes inaudibles", nous a expliqué une source au sein de la famille socialiste, critique à l'égard du leadership actuel. "Mais peut-on vraiment parler de leadership ?", se récrie notre source. Le choix du Luxembourgeois Schmit comme Spitzenkandidat (candidat pour devenir président de la Commission) ne suscite pas l'enthousiasme des masses. Actuellement commissaire aux affaires sociales, M. Schmit est sympathique, poli et respectable, mais il est aussi un inconnu en dehors de la bulle bruxelloise et un poids plume de la politique européenne. Son héritage en tant que commissaire aux affaires sociales a été saboté par l'impasse au Conseil sur la directive relative aux droits des travailleurs des plateformes digitales. "Il n'y avait pas d'autre candidat", explique une autre source interne. L'Italien Paolo Gentiloni a sobrement décliné l'offre. Les chefs d'État et de gouvernement socialistes actuels, bien qu'ayant des ambitions européennes, ont évité de participer à l'imposture du processus du Spitzenkandidat. Ils savent qu'ils ont plus de chances en coulisses qu'en apparaissant sous les projecteurs d'une campagne électorale continentale bidon.
Les socialistes ne manquent pas pour aspirer à l'un des plus hauts postes de l'Union européenne (Président du Conseil européen, Président de la Commission et Haut représentant pour la politique étrangère). Le Premier ministre portugais sortant, Antonio Costa, lorgne le poste de président du Conseil européen, actuellement occupé par le libéral belge Charles Michel. La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, se considère à la hauteur de la tâche. Certains la considèrent également comme apte à diriger la Commission. Nos sources internes et externes au PSE indiquent également qu'il ne faut pas exclure Pedro Sanchez : compte tenu des problèmes internes, le président du gouvernement espagnol pourrait être tenté de tout laisser tout tomber et de partir à l'étranger. Le PSE dispose également d'une réserve d'anciens premiers ministres, comme les Italiens Enrico Letta et Paolo Gentiloni ou la Finlandaise Sanna Marin.
Ce qui manque au PSE, ce ne sont pas des noms, mais la capacité d'être un véritable parti, avec une réelle cohésion interne, des objectifs clairs et une stratégie définie. Le PPE peut se diviser sur tout lors de réunions à huis clos, mais lorsqu'il décide de ce qu'il faut faire et de qui il faut soutenir, il avance comme un seul homme. En 2019, la priorité des Populaires était de conserver la présidence de la Commission. Il y a cinq ans, Pedro Sanchez avait préféré négocier pour lui-même la nomination de l'espagnol Josep Borrell comme haut représentant pour la politique étrangère plutôt que d'obtenir pour le socialiste Frans Timmermans le poste de président de la Commission. Pour obtenir Borrell, Sanchez avait également négocié la présidence du Parlement européen pour le socialiste bulgare Sergei Stanishev. Il s'agissait d'obtenir un siège pour les pays d'Europe centrale et orientale. Mais le groupe des socialistes et démocrates s'est rebellé, désignant l'Italien David Sassoli.
L'incapacité du PSE à être un véritable parti a eu des conséquences tout au long de la législature. En 2019, Iraxte Garcia Perez a été choisie comme chef de groupe au Parlement européen uniquement parce que la délégation espagnole du PSOE était devenue la plus importante. Son faible leadership a été contesté par d'autres délégations, notamment celles des pays nordiques. Elle n'a certainement pas brillé par son sens de l'initiative et sa capacité à inspirer les débats. Dans les rapports de force internes à la coalition qui soutient Ursula von der Leyen, le PSE n'a pas su imposer ses thèmes traditionnels. Le Green deal, confié à Frans Timmermans, est un drapeau vert plutôt que rose. Les socialistes n'ont pas réussi à imposer la question sociale des sacrifices pour la transition climatique. Sur d'autres grands dossiers de la législature - comme la transition numérique - les Populaires, les Libéraux et les Verts ont été beaucoup plus influents que le PSE. “En Europe, nous sommes toujours au gouvernement, mais sans identité", nous a dit un dirigeant socialiste : "Ce que nous disons n'est pas entendu ou ne compte pas. Le maximum que nous obtenons, ce sont des corrections mineures”.
L'insignifiance croissante est également due à la faiblesse des dirigeants du Parlement européen. "Iraxte se préoccupe davantage de sa circonscription en Espagne que de l'UE", explique malicieusement un eurodéputé socialiste. Les compétences linguistiques de la cheffe de groupe sont limitées. Garcia Perez a importé à Bruxelles le conflit entre le PSOE et le PP (Partido Popular) à Madrid. Elle ne parle pas (ou peu) avec le chef du groupe PPE, Manfred Weber. Cela a permis au PPE de dominer les nominations et l'agenda du Parlement européen, en concluant souvent des accords en coulisses avec les groupes libéraux, verts et souverainistes, dans le dos des socialistes. Le choix, l'année dernière, du nouveau secrétaire général, Alessandro Chiocchetti, un fonctionnaire du PPE, pour un poste clé que les socialistes n'ont plus depuis 2007, a été emblématique.
Pourtant, le Parlement européen sera, lors de la prochaine législature, la seule institution au sein de laquelle le PSE pourra faire en sorte que son poids compte pour le gouvernement de l'UE. Au sein du Conseil européen, il n'y a que cinq membres du PSE, plus un suspendu pour populisme et poutinisme : l'Allemand Olaf Scholz, l'Espagnol Pedro Sanchez, la Danoise Mette Frederiksen, le Portugais Antonio Costa, le Maltais Robert Abela et le Slovaque Robert Fico (c'est lui qui est suspendu). Costa pourrait laisser sa place à un premier ministre du PPE à Lisbonne après les élections du 10 mars. Que Ursula von der Leyen soit confirmée ou non comme présidente de la Commission, ce ne sera pas le SPD qui désignera le commissaire de l'Allemagne pour la prochaine législature. Résultat : dans la prochaine Commission, il y aura "au plus quatre ou cinq commissaires socialistes", prédit un fonctionnaire. Sur vingt-sept.
Reste le Parlement européen. Avec 140 députés, le groupe des socialistes et démocrates a tout le potentiel pour peser sur la prochaine législature. Il tient le destin de Mme von der Leyen entre ses mains. Sans son vote, l'Allemande ne sera pas confirmée à la présidence de la Commission. "Mais il faut avoir le courage du rapport de force et de ne pas voter pour elle si nécessaire", estime une de nos sources, qui juge peu probable le scénario d'un sursaut socialiste. Le vrai risque est que le PSE accepte passivement le programme du PPE (comme le recul sur le Pacte vert) et la collaboration de Mme von der Leyen avec les partis souverainistes (comme Fratelli d'Italia). Cela s'est déjà produit au cours de cette législature sur la révision du pacte de stabilité et de croissance et sur le nouveau pacte sur l'immigration et l'asile. Si la tendance se poursuit, "le PSE peut survivre numériquement, mais il se condamne à l'extinction politique", affirme notre dernière source.
La citation
"Vous n'avez pas affaire à un homme politique, mais à un mafieux sanguinaire. Poutine est le chef d'une bande criminelle organisée. Celle-ci comprend des empoisonneurs et des assassins, mais ce ne sont que des marionnettes. Le plus important, ce sont les proches de Poutine, ses amis, ses associés et les gardiens de l'argent de la mafia".
Yulia Nalvanaya, veuve d'Alexey Navalny, devant le Parlement européen.
Géopolitique
Macron lâché par ses pairs - Les uns après les autres, les dirigeants européens ont lâché le président français, froissés par ses sorties sur l’envoi de troupes au sol, un sujet très sensible pour les Alliés. Le plus sec a été Olaf Scholz. “Il n’y aura aucune troupe au sol, aucun soldat envoyé ni par les Etats européens, ni par l'Otan, sur le territoire ukrainiens”, a affirmé le chancelier au lendemain de la Conférence de soutien à l’Ukraine organisée par le président français à Paris. Washington a suivi. “Pas de troupes américaines sur le territoire ukrainien”, a déclaré le porte-parole du conseil de sécurité national. Même tonalité à Londres. “Le Royaume Uni n’a pas l’intention de déployer largement des troupes en Ukraine”, a précisé Downing Street. Les dénégations se sont multipliées. “Le consensus général a été qu’il ne devait pas y avoir de présence militaire et c’est la position de la Finlande”, a rappelé le président finlandais Sauli Niinisto. “La Pologne n’envisage pas d’envoyer des troupes en Ukraine”, a confirmé le Premier ministre Polonais Donald Tusk. Ses homologues du groupe de Visegrad (Tchèque, Hongrie et Slovaquie) ont dit peu ou prou la même chose, montrant au moins un point d’accord entre eux sur l’Ukraine. Le Hongrois Viktor Orban et le Slovaque Robert Fico sont en effet opposés à tout soutien à Kiev et plaident pour un accord de paix avec Moscou. “La question de l’envoi de troupes en Ukraine n’est absolument pas d’actualité”, a pour sa part déclaré le Premier ministre suédois Ulf Kristerson. “Macron ferait bien d’agir plus et de parler moins de l’Ukraine” , lui a conseillé le quotidien suédois Dagen Nyheter.
Un ministre pour expliquer la pensée de Macron - Seuls les Etats Baltes semblent avoir apprécié la sortie du chef de l’Etat français. Mais il a fallu qu’elle soit expliquée par son ministre des Armées pour devenir compréhensible. “Il n’est pas question d’envoyer des troupes pour faire la guerre à la Russie. le président a été clair sur le sujet”, a expliqué Sebastien Lecornu aux élus de la Commission Défense. “Mais un certain nombre d’idées ont été mises sur la table, comme une assistance pour le déminage ou la formation sur le territoire ukrainien”, a-t-il indiqué. “Une présence militaire en Ukraine a été discutée”, a-t-il ajouté, citant l’envoi de “conseillers militaires”. “Mais il n’ y a pas eu de consensus pour réaliser ce genre d’actions”, a-t-il rappelé.
Macron ne fait pas suivre les paroles par des actes sur la Facilité européenne de paix - Malgré les mots forts utilisés par Emmanuel Macron lundi pour montrer son soutien concret à l'Ukraine et sa promesse de participer à l'achat de munitions extracommunautaires, la France n'a pas changé de position dans les négociations en cours à Bruxelles sur la révision de la Facilité européenne de paix, le fonds de financement des livraisons d'armes. Dans les groupes de travail, comme lors de la réunion des ambassadeurs d'hier, Paris a réitéré sa demande d'une clause de préférence européenne (ou "Buy European") pour les achats financés par la Facilité européenne de paix. Chypre et la Grèce soutiennent également cette position. La France "a une position très publique sur l'ouverture aux achats en dehors de l'UE, mais elle a une position différente à la table des négociations", explique un diplomate. La position française suscite beaucoup de mécontentement: "Nous sommes tous pour le renforcement de l'industrie européenne. Mais le fonds pour l'Ukraine n'est pas l'instrument pour cela. C'est l'instrument pour permettre à l'Ukraine de se défendre et cela demande de la rapidité", nous a dit le diplomate. Un accord sur la Facilité européenne de soutien à la paix est bloqué aussi par l'Allemagne. Le gouvernement de Berlin veut un rabais sur sa contribution (25 % des 5 milliards pour 2024) équivalent à son aide bilatérale. “Au final, l'Allemagne ne paierait rien", a expliqué un fonctionnaire.
Défense
Ursula von der Leyen retrouve son costume de ministre de la défense - “La menace d’une guerre n'est peut-être pas imminente, mais elle n'est pas impossible. Les risques ne doivent pas être exagérés mais nous devrions y être préparés”, a averti la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, dans un intervention devant le Parlement européen réuni en session à Strasbourg. “ Et cela commence par la nécessité urgente de reconstruire, de reconstituer et de moderniser les forces armées des États membres”, a-t-elle soutenu. “Ce faisant, l'Europe devrait s'efforcer de mettre au point et de fabriquer la prochaine génération de capacités opérationnelles permettant de gagner des batailles”, a-t-elle plaidé.
Von der Leyen vole l'idée de Michel sur les profits des actifs russes pour des armes à Kiev - "Il est temps d'entamer une discussion sur l'utilisation des profits exceptionnels des actifs russes gelés pour acheter conjointement des équipements militaires pour l'Ukraine", a déclaré la présidente de la Commission hier devant le Parlement européen: "Il ne pourrait y avoir de symbole plus fort et de meilleure utilisation de cet argent que de faire de l'Ukraine et de toute l'Europe un endroit plus sûr", a expliqué Mme von der Leyen. L’utilisation des avoir russes gelés en Europe est devenue la panacée pour tous les problèmes, sauf qu’elle est juridiquement difficile à justifier et le montant utilisable reste à déterminer. Les avoirs russes sont devenus un nouveau serpent de mer à ranger aux côtés des revenus tirés des droits à polluer dans le tiroir des fausses bonnes idées européennes. L'effet d'annonce rechercé par Mme von der Leyen a été atteint. La proposition s'est retrouvée dans tous les journaux internationaux ou presque. Mais nos sources nous ont dit que l'origine de l'idée est ailleurs. L'équipe du président du Conseil européen, Charles Michel, y travaille depuis un mois. Sa proposition consiste à utiliser le budget de l'UE, grâce aux ressources externes fournies par les bénéfices exceptionnels réalisés sur les avoirs russes gelés, pour acheter des armes pour l'Ukraine.
Thierry Breton ronge son frein face à l’opportunisme de von der Leyen - La présidente von der Leyen s’est emparée de la stratégie industrielle de défense préparée par le commissaire français, Thierry Breton, et ses services, après avoir tenté de la torpiller car elle déplaît à Berlin. “L'Europe doit dépenser plus, dépenser mieux, dépenser européen. Dans les prochaines semaines, nous présenterons des propositions pour une toute première stratégie européenne de défense industrielle. L'un des principaux objectifs de cette stratégie, et du programme européen d'investissement dans la défense qui l'accompagne, sera de favoriser les acquisitions conjointes dans le domaine de la défense. Tout comme nous l'avons fait pour les vaccins ou le gaz naturel”, a-t-elle annoncé devant les élus. Le sujet de la Défense est devenu porteur et la présidente se l'est approprié sans citer le concepteur de cette stratégie. L’Espagnol Josep Borrell, vice-président de la Commission et Haut représentant lui a fait reproche de “s’attribuer personnellement tous les succès” et lui a rappelé qu’elle travaille avec un collège de commissaires de différentes couleurs politiques qui ont pris des décisions. Mais Ursula von der Leyen n’a cure des critiques.
Breton défend son projet et son financement - “Pour une Europe de la défense crédible, nous devons aussi avoir une ambition budgétaire adéquate. C’est pourquoi je considère que nous devons dès maintenant préparer dans les 12 mois la possibilité d’un investissement ad hoc et supplémentaire dans la défense – de l’ordre de la centaine de milliards d’euros. En dehors des leaders Renew, Emmanuel Macron, Kaja Kallas et Alexander de Croo, je n’entends pas assez les leaders européens sur cette question. C’est évidemment le vrai sujet”, a déclaré Thierry Breton après la présentation des grandes lignes de sa stratégie par Ursula von der Leyen. Problème: l'Allemagne refuse de parler d’un nouvel emprunt commun. EDIP, le programme d’investissement dans le domaine de la Défense, va commencer petit, avec 1,5 milliard d’euros. Il revient de loin car Ursula von der Leyen n’avait prévu aucun financement pour la défense dans sa première proposition de budget révisé rejetée par les Etat membres lors du sommet d’octobre 2023. La ligne a été ajoutée et son montant a survécu à toutes les coupes effectuées par les Etats dans les propositions d’Ursula.
Breton assassine le commissaire à la défense d’Ursula et défend son bilan - “Pour mettre en place un Commissaire à la défense, il faudrait changer les traités. Ce n’est évidemment pas réalisable en l’état. Si la question est celle d’un Commissaire à l’industrie de la défense, il me semble qu’il y en a déjà un”, a déclaré Breton en réponse à l’annonce par Ursula von der Leyen de créer un poste de Commissaire à la défense si elle est reconduite pour un second mandat et de le confier à un commissaire d’Europe centrale. Thierry Breton a défendu son rôle et son bilan. “Nous avons réussi à remonter notre base industrielle de production de munitions à 1 million d’unités par an. Et nous la doublerons à 2 millions en 2025. Cela prouve que nous pouvons le faire, il n’y a pas de fatalité. C’est à cela que sert un “Commissaire à la défense” : cartographier les capacités, résoudre les goulets d’étranglement, et soutenir les efforts de montée en cadence. Nous le faisons dans les munitions d’artillerie, nous devons désormais le faire sur l’ensemble des équipements nécessaires à notre sécurité”, a-t-il souligné. Le Français ne le dit pas, mais il est en campagne pour un second mandat et si Emmanuel Macron décide de le reconduire il ne laissera pas Ursula lui tondre la laine sur le dos.
Migrants
Le Médiateur demande de nouvelles règles sur les sauvetages en mer pour Frontex - Emily O'Reilly, la Médiatrice de l'UE, a accusé hier les Etats membres d'empêcher Frontex de remplir ses obligations et la Commission de fermer les yeux sur les violations des droits fondamentaux lors des opérations de recherche et de sauvetage en mer. Une enquête menée par le Médiateur européen, suite à la tragédie de l'Adriana en juin 2023, au cours de laquelle plus de 600 migrants ont trouvé la mort au large des côtes grecques, a conclu que les règles actuelles empêchent l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes de remplir pleinement ses obligations en matière de droits fondamentaux et qu'elle dépend trop des États membres pour agir lorsque des bateaux transportant des migrants sont en danger. Selon les documents examinés au cours de l'enquête, Frontex a fait quatre offres d'assistance distinctes aux autorités grecques, mais n'a reçu aucune réponse. Les règles actuelles empêchent Frontex de se rendre à l'endroit où se trouve le bateau Adriana sans l'autorisation des autorités grecques. L'enquête a également montré que Frontex ne dispose pas de lignes directrices internes sur l'émission de signaux de détresse et ne les applique pas. En outre, les responsables des droits fondamentaux de Frontex ne sont pas suffisamment impliqués dans le processus décisionnel relatif aux urgences maritimes.
Le Médiateur pointe du doigt les Etats membres et la Commission - "Il existe une contradiction évidente entre les obligations de Frontex en matière de droits fondamentaux et son devoir de soutenir les Etats membres dans le contrôle de la gestion des frontières", a déclaré le Médiateur, Emily O'Reilly, lors de la présentation du rapport : "Coopérer avec les autorités nationales lorsqu'il y a une crainte qu'elles ne remplissent leurs obligations en matière de recherche et de sauvetage risque de rendre l'UE complice d'actions qui violent les droits fondamentaux et coûtent des vies". Au-delà de l'enquête sur le naufrage de l'Adriana, le Médiateur a tiré des conclusions sur des problèmes systémiques plus larges. En particulier, il n'existe pas de mécanisme de responsabilité unique au niveau de l'UE qui puisse enquêter de façon indépendante sur le rôle des autorités grecques, le rôle de Frontex et le rôle de la Commission européenne. Le Médiateur a également rappelé que la Commission est chargée d'assurer le respect des dispositions relatives aux droits fondamentaux des traités de l'UE. M. O'Reilly a appelé le Conseil, le Parlement et la Commission à lancer une commission d'enquête indépendante afin d'évaluer les raisons du grand nombre de décès en mer Méditerranée et de tirer les leçons du naufrage de l'Adriana.
Trilogue
Échec de la deuxième tentative sur le devoir de diligence des multinationales - Le sort de la directive sur le devoir de diligence des multinationales est peut-être scellé, après que la révolte des gouvernements a pris de l'ampleur face à l'accord déjà conclu avec le Parlement européen sur cette mesure censée rendre les grandes entreprises plus responsables en matière d'environnement et de droits de l'homme dans leurs chaînes de valeur. La deuxième tentative de la présidence belge du Conseil de l'UE pour faire adopter la mesure a également échoué hier. La Suède a voté contre. Mais la minorité de blocage s'est élargie. Outre l'Allemagne et l'Italie, la Bulgarie, la Slovaquie, la Hongrie, le Luxembourg, l'Estonie, la Lituanie, la République tchèque et Malte ont annoncé leur abstention. L'Autriche n'a pas pu s'exprimer. La France a demandé un amendement à l'accord avec le Parlement européen pour donner son avis favorable. La présidence belge de l'UE assure que la directive sur le devoir de diligence des multinationales n'est pas "enterrée" et qu'elle demandera au Parlement européen s'il est possible d'amender l'accord pour répondre aux demandes de certains Etats membres. Le rapporteur du Parlement européen, Lara Wolters, s'est déclarée "scandalisée par les manœuvres politiques des gouvernements", qui témoignent d'un "mépris flagrant pour le Parlement européen". Mme Wolters n'a toutefois pas exclu la possibilité d'un compromis.
Nominations
L'UE a un nouveau tsar de la lutte contre le terrorisme - Le Néerlandais Bartjan Wegter a été nommé par le Conseil coordinateur de la lutte contre le terrorisme de l'UE. Son mandat débutera le 1er mars 2024 et durera cinq ans. Wegter, diplomate néerlandais qui a été ministre plénipotentiaire à la représentation permanente du Royaume des Pays-Bas auprès de l'OTAN, succède à Ilkka Salmi, qui occupait ce poste depuis octobre 2021. Le coordinateur de la lutte contre le terrorisme est chargé de coordonner l'activité antiterroriste au sein de l'UE, d'assurer la mise en œuvre et l'évaluation de la stratégie antiterroriste, d'intégrer les aspects internes et externes de la lutte contre le terrorisme et d'améliorer la communication entre l'UE et les pays tiers.
Ce qui se passe aujourd'hui
Présidence belge de l'UE : réunion informelle des ministres de l'éducation
Parlement européen : session plénière à Strasbourg (débats sur l'accord UE-Chili ; sécurité des câbles sous-marins)
Commission : la vice-présidente Vestager rencontre le vice-premier ministre polonais, Krzysztof Gawkowski
Commission : visite du vice-président Sefcovic en Slovaquie
Commission : à Florence, le commissaire Ferreira rencontre le maire Mario Nardella
Parlement européen : Conférence des présidents
Parlement européen : visite de la présidente Metsola en Espagne
Conseil : réunion du Comité politique et de sécurité
Banque centrale européenne : la présidente Lagarde et Piero Cipollone participent à la réunion des ministres des finances et des banquiers centraux du G20
Cour de justice de l'UE : arrêt sur la vente à distance de médicaments en vente libre ; arrêt sur la protection internationale d'un citoyen iranien suite à sa conversion au christianisme)
Eurostat : données sur l'empreinte carbone en émissions de CO2 en 2022 ; données sur l'acquisition de la citoyenneté en 2022 ; données sur l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes en 2022 ; données sur le transport ferroviaire au troisième trimestre 2023