Macron chef de guerre, piètre stratège
Bonjour! Je suis Christian Spillmann et avec David Carretta nous vous proposons la Matinale Européenne, un instrument pour offrir une analyse, un contexte et une perspective à ceux qui s'intéressent à l'UE.
Macron chef de guerre, piètre stratège
Emmanuel Macron avait endossé lundi son costume de chef des armées pour présider à Paris un conseil de guerre européen contre le péril russe, mais sa stratégie n’a pas reçu le soutien du chancelier allemand Olaf Scholz et le sentiment de discorde mine la crédibilité des annonces martiales sur la volonté d'empêcher la Russie de gagner la guerre en Ukraine.
“La Russie ne peut et ne doit pas gagner sa guerre avec l’Ukraine et rien ne doit être exclu pour parvenir à cet objectif”. Le président français s’est montré très incisif à l’issue de cette réunion à laquelle ont participé les dirigeants ou leurs ministres de la plupart des Etats de l’UE, du Royaume-Uni, de la Norvège et des Etats-Unis. “J’ai pu noter, après avoir écouté ce qu’ont dit la plupart des pays représentés autour de la table que le consensus commun était que nous devrions être prêts, dans quelques années, à ce que la Russie attaque ces pays. Notre sécurité à tous est en jeu”, a-t-il averti. Pour la première fois un affrontement armé avec la Russie entre dans le domaine du possible avec toutes les conséquences que cela implique pour les Européens.
Emmanuel Macron a appelé à “un sursaut” pour assurer notre sécurité collective et a refusé d’attendre le résultat de l'élection présidentielle aux Etats-Unis en novembre, car “nous ne devons pas déléguer notre avenir à l’électeur américain”. Le chef de l’Etat a implicitement reconnu s’être trompé sur Vladimir Poutine et a admis que le soutien à l’Ukraine n’avait pas été à la hauteur. “En toute humilité, nous avons toujours eu entre 6 et 12 mois de retard”. Mais tout s’est grippé sur les actions. A vouloir trop en faire, Emmanuel Macron s’est avancé sans s’être assuré du soutien de l’Allemagne. Il a annoncé la constitution d’une nouvelle coalition –la neuvième– pour fournir à l’Ukraine des missiles à longue portée. La France et le Royaume-Uni ont déjà livré des missiles Scalp et Storm Shadow montés sur des avions Sukhoi. Mais Olaf Scholz a confirmé le refus de l’Allemagne de fournir des missiles Taurus pour éviter d'être impliquée dans le conflit. Et l’envoi de missiles ATACMS par Washington est bloqué par le refus des élus républicains partisans de Donald Trump de voter un programme d’assistance à l’Ukraine de 61 milliards de dollars.
Les Européens et les Américains sont par ailleurs à la peine pour fournir à l’Ukraine des obus d’artillerie et des missiles pour sa défense anti-aérienne car les stocks sont épuisés et la production ne suit pas. Les Européens avaient promis un million d’obus pour mars 2024, mais seulement un tiers ont été livrés. “L'engagement a été imprudent”, a lâché Emmanuel Macron avant de jeter un caillou dans le jardin de ses partenaires. “Quand nous (Français) nous sommes engagés sur des capacités et sur une date, nous avons tenu nos engagements”, a-t-il soutenu. Il a ainsi rouvert la déchirure provoquée par le “qui fait quoi” de l’institut de Kiel en insistant pour distinguer entre les annonces fracassantes non respectées et les fournitures réellement livrées. En ligne de mire une nouvelle fois l’Allemagne.
Le président français en a rajouté en annonçant que la France participera financièrement à l’initiative de la République Tchèque pour acheter des obus hors de l’UE. Emmanuel Macron n’a pas chiffré cette participation contrairement aux Pays-Bas qui ont annoncé une contribution de 100 million d’euros. Le président Tchèque Petr Pavel a annoncé avoir identifié la possibilité d’acheter 800.000 obus de 155 mm et 122 mm dans des pays hors de l’UE pour une somme de 1,4 milliard d’euros. L’Allemagne va-t-elle se joindre à cette initiative ? Les participants à la réunion se sont donnés dix jours pour donner leurs réponses, a précisé le président français.
Mais les divergences les plus vives entre la France et l’Allemagne sont apparues sur la stratégie et les finances. “L’envoi de troupes au sol en Ukraine a été évoqué au cours de la conférence, mais il n’y a pas eu de consensus” sur ce point au cours de la réunion, a annoncé Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat a toutefois précisé que “rien ne doit être exclu” et ajouté: “je n’ai pas dit que la France n’était pas favorable à l’envoi de troupes au sol”. Réponse cinglante du chancelier allemand interrogé sur ce positionnement français: “la chose est claire: il n’y aura pas de troupes au sol des pays européens ou de l’Otan”. Olaf Scholz reste constant. “Nous ne deviendrons pas une partie belligérante, ni directement ni indirectement. Ces deux principes guident toutes mes décisions”.
Le second point de friction est le soutien apporté publiquement par Emmanuel Macron à la proposition de la première ministre estonienne Kaja Kallas d’un emprunt commun pour financer la modernisation de l’industrie européenne de la défense. “Je la partage”, a-t-il annoncé. “Il serait pertinent que les Etats de l'UE donnent une garantie commune afin que la Commission émette une dette pour financer des dépenses exceptionnelles qui nous touchent tous”, a-t-il expliqué. “Un pays bloque la proposition, l’Allemagne”, nous a confié un responsable européen. “Le sens de l'urgence n’est pas encore là”, a-t-il déploré.
La conférence de Paris laisse un sentiment d’échec. L’Union européenne est loin d’être l’acteur géopolitique, rôle que certains ambitionnent de lui donner. Pire, Paris et Berlin ne sont plus du tout en phase et l’affichage des désaccords entre Macron et Scholz fait le jeu de Poutine. “Les tensions franco-allemandes au grand jour”, note Mujtaba Rahman. “La relation bilatérale reste très dysfonctionnelle”, commente l'analyste du centre de réflexion Eurasia. Le Président français multiplie les initiatives et les annonces. Mais l’autonomie stratégique au sommet de Versailles en mars 2022, après le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine ou l’appel à passer à une économie de guerre sont pour le moment restés lettres mortes, faute du soutien de Berlin.
Emmanuel Macron et Olaf Scholz doivent affronter des tempêtes intérieures après cette réunion. Les critiques ont fusé en France contre des déclarations sur l’envoi de troupes au sol jugées “ambiguës” et “irresponsables” par l’ensemble de la classe politique de la gauche et de l’extrême gauche à la droite et à l’extrême droite. “L'ambiguïté stratégique (la volonté pour un gouvernement de rester intentionnellement ambiguë sur certains aspects de sa politique étrangère et de défense NDLR) lorsqu’elle ne repose pas sur un consensus interne et externe patiemment construit, requiert d’être exprimé avec beaucoup de subtilité pour être crédible”, a taclé l’eurodéputé français Arnaud Danjean, spécialiste des questions militaires.
Macron s’est mal exprimé et a donc été mal compris. L’envoi de troupes alliées au sol “n'est pas exclu” mais dans le cadre de 5 priorités définies lors de la conférence: déminage, cyberdéfense, défense de la Moldavie, protection des frontières avec la Biélorussie, coproduction d'armes en Ukraine, ont expliqué ses conseillers. Olaf Scholz est lui tancé par son opposition. “L’Allemagne va-t-elle faire partie de l’initiative tchèque pour fournir 800.000 obus à l’Ukraine ?”, a demandé Norbert Roettgen, président CDU de la Commission des Affaires étrangères du Bundestag sur son compte X. “Si c’est non, pourquoi? L'Ukraine a besoin de munitions maintenant”, a-t-il ajouté. “Tous les fonds du budget fédéral n’ont pas été engagés”, a-t-il rappelé.
“D'une certaine manière, nous assistons à une bataille entre la France et l'Allemagne pour le leadership en Europe, après la perte d'influence des Britanniques et des Américains”, estime l’analyste allemand Ulrich Speck. “Le changement de position de Macron met Scholz sous pression”, souligne-t-il. Mais Ulrich Speck ne ménage pas ses critiques contre le président français. “Pour être crédible, il faut un soutien massif et constant à l’Ukraine, ce que la France n’a pas fourni au cours des dernières années”, note-t-il. Le soutien militaire de la France avoisine les 4 milliards d’euros contre 7 pour l’Allemagne. Tous les analystes ne sont toutefois pas aussi pessimistes et virulents. “Il semble que l’Europe passe du 'aussi longtemps qu’il le faudra' à 'tout ce qu’il faudra' pour vaincre la Russie en Ukraine”, se félicite Kristi Raik, directrice adjointe du Centre International pour la défense et la sécurité de Tallin en Estonie. Reste à rendre crédible ce “tout ce qu’il faudra”.
La citation
“À Paris, nous avons convenu que tout le monde devait faire plus pour l'Ukraine. L'Ukraine a besoin d'armes, de munitions et d'une défense aérienne. Nous y travaillons. C'est clair : il n'y aura pas de troupes terrestres des pays européens ou de l'OTAN. Cela s'applique”.
Olaf Scholz, chancelier allemand.
Visegrad
Le V 2+2 de Prague - Les chefs d'État et de gouvernement du groupe de Visegrad se sont réunis hier à Prague pour la première fois depuis un an afin de tenter de reconstruire l'alliance entre la Pologne, la République tchèque, la Hongrie et la Slovaquie. Le résultat est un V4 divisé sur la guerre d'agression de l'Ukraine. "Il serait préférable que le groupe de Visegrad soit aussi uni que possible. Aujourd'hui, c'est peut-être plus difficile qu'avant, mais j'aimerais que nous travaillions ensemble pour faire en sorte qu'au moins certaines questions soient inscrites à notre ordre du jour commun", a déclaré le premier ministre polonais, Donald Tusk, reconnaissant qu'il y a des "approches différentes" sur l'Ukraine. Les quatre pays travailleront ensemble pour protéger leurs agriculteurs des importations agricoles ukrainiennes. M. Tusk a davantage parlé de la coopération avec la République tchèque qu'avec la Hongrie et la Slovaquie, dont les dirigeants Viktor Orban et Robert Fico ont adopté des positions pro-russes. Le premier ministre tchèque, Petr Fiala, n'a pas hésité à critiquer publiquement les positions d'Orban sur l'Ukraine et la Russie.
Orban et Fico hués au V2+2 - Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a été accueilli par de fortes huées de la part de certains manifestants à son arrivée au sommet du V4 hier à Prague. Son collègue slovaque, Robert Fico, a quant à lui été confronté à une grande pancarte : "Rentrez chez vous en Russie". M. Orban s'est néanmoins montré triomphant lors de la conférence de presse finale du sommet. "Le V4 est bien vivant ! Nous ne sommes peut-être pas d'accord sur la manière d'aider l'Ukraine, mais il y a beaucoup d'autres domaines dans lesquels les pays du V4 peuvent coopérer et le feront : la lutte contre l'immigration, la défense de nos agriculteurs et la défense d'impôts peu élevés de la part de Bruxelles". Malgré les huées, Orban peut se réjouir. L'invitation à Prague lui permet de sortir de son isolement, du moins aux yeux de l'opinion publique hongroise.
Le V2+2 divisé aussi sur les valeurs et la démocratie - Lors du sommet du V4 à Prague, le Polonais Donald Tusk n'a pas hésité à tracer l'autre ligne de démarcation qui sépare la Pologne et la République tchèque, d'une part, et la Hongrie et la Slovaquie, d'autre part : la démocratie et les valeurs libérales. "À la naissance de ce groupe, il y avait une résistance commune contre l'empire soviétique et la présence de troupes russes dans nos pays", a déclaré M. Tusk. "Nous avions tous en mémoire, personnellement ou historiquement, cette extraordinaire solidarité entre nos nations". M. Tusk a rappelé que "les valeurs européennes fondamentales, telles que la liberté, les droits de l'homme, l'État de droit, l'indépendance des États, ces mots clés figuraient dans notre déclaration de création du groupe de Visegrad". M. Tusk a notamment rappelé le "premier discours célèbre" de M. Orban, qui "a déclaré qu'il voterait volontiers pour un gouvernement dont la première tâche serait de retirer les troupes soviétiques de Hongrie et de Budapest. C'était en 1989. Nous avions tous des rêves similaires à l'époque".
Géopolitique
M. Borrell choquée par la condamnation d'Oleg Orlov en Russie - "L'Union européenne est choquée par la condamnation d'Oleg Orlov, éminent défenseur des droits de l'homme et coprésident de l'organisation de défense des droits de l'homme Memorial, à deux ans et demi de prison pour des motifs politiques", a déclaré hier le Haut Représentant, M. Josep Borrell. "Orlov n'a commis aucun crime ou délit, il a exercé son droit constitutionnel d'exprimer ses opinions et de donner son avis sur les politiques du gouvernement de son pays. Cette condamnation va à l'encontre de la législation et de la constitution russes et est clairement motivée par des considérations politiques", a souligné M. Borrell. L'UE appelle "les autorités russes à libérer immédiatement et sans condition tous les prisonniers politiques et à abandonner leur législation oppressive utilisée pour réprimer la société civile et les voix indépendantes". M. Borrell a exprimé sa solidarité "avec tous les citoyens russes qui ont osé élever la voix et critiquer la guerre menée par la Russie et qui ont été détenus, jugés ou emprisonnés pour cette raison".
Pas de preuves sur l'Unrwa, mais les fonds restent gelés - "Nous n'avons reçu aucune preuve pour étayer les allégations d'Israël selon lesquelles le personnel de l'Unrwa a participé aux terribles événements du 7 octobre, et pour autant que nous le sachions, les autres donateurs n'ont pas non plus reçu de preuves", a déclaré hier Janez Lenarcic, commissaire chargé de la gestion de la crise, au Parlement européen. La Commission n'a toutefois pas encore décidé de débloquer les fonds destinés à l'Agence des Nations unies pour l'aide aux réfugiés palestiniens. M. Lenarcic, tout comme le Haut représentant Josep Borrell, fait pression pour que la décision soit prise en faveur de l'Unrwa. "En fin de compte, il doit y avoir une responsabilité individuelle pour toute violation du principe de neutralité de l'Unrwa et il ne devrait pas y avoir de punition collective. Ce n'est pas la solution", a-t-il déclaré. Selon M. Lenarcic, "l'Unrwa est irremplaçable. Qui nous dit cela ? Toutes les autres agences de l'ONU qui sont actives et présentes dans la bande de Gaza nous le disent, le Comité international de la Croix-Rouge nous le dit, toute la famille internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge nous le dit, les ONG internationales qui sont présentes dans la bande de Gaza dans ces circonstances très difficiles nous le disent".
Rapport Draghi
Draghi prévoit des discussions et des choix difficiles pour les gouvernements - L'ancien Premier ministre italien et ancien président de la BCE, Mario Draghi, était au Parlement européen hier, où il a discuté de son rapport sur l'avenir de la compétitivité européenne avec la Conférence des présidents des commissions. M. Draghi a réitéré la nécessité de mobiliser des "besoins d'investissement massifs" pour la double transition climatique et numérique et les dépenses de défense. Il a également insisté sur la nécessité d'être compétitif “afin de maintenir les systèmes de protection sociale et de préserver les valeurs fondamentales de l'UE”. "Malgré les succès obtenus ces dernières années dans la gestion des crises et des chocs, nous nous trouvons à un moment critique", a déclaré M. Draghi, appelant à des réformes structurelles au niveau de l'UE et au rétablissement de la capacité d'agir collectivement et dans l'intérêt collectif. "Je suis convaincu que nos institutions doivent réfléchir à la manière d'améliorer leur fonctionnement et de développer davantage les outils de gouvernance", a déclaré M. Draghi. "Ces questions donneront lieu à des discussions difficiles qui obligeront nos institutions et nos gouvernements nationaux à faire des choix difficiles”. Mais "ce sont ces décisions qui détermineront la capacité de l'Europe à suivre le rythme de ses concurrents mondiaux dans les années à venir", a prévenu M. Draghi.
Draghi propose de réduire les risques liés aux vulnérabilités de la nouvelle mondialisation - Comme il l'avait fait à l'Ecofin samedi, Draghi a également présenté au Parlement européen son diagnostic des difficultés qui obligent l'UE à renforcer sa compétitivité. Outre l'accélération rapide de la numérisation et le changement climatique, M. Draghi a pointé du doigt "un contexte géopolitique en évolution rapide, caractérisé par une tendance accrue aux conflits, tant sur le plan économique que militaire", qui "oblige l'UE à réexaminer son approche de la mondialisation". Selon M. Draghi, "les pratiques anticoncurrentielles de certains de nos concurrents continuent de saper l'égalité des conditions de concurrence au niveau mondial et l'autonomie stratégique ouverte de l'UE. Cela nécessite une réflexion sérieuse sur la réduction du risque de vulnérabilités potentielles".
Pacte Vert
Nouvelle défaite de Weber sur la loi sur la restauration de la nature - Le groupe PPE a essuyé une nouvelle défaite hier après que le Parlement européen a approuvé l'accord conclu avec le Conseil sur la loi sur la restauration de la nature. La veille du vote, à l'initiative inattendue de son président Manfred Weber, le PPE avait annoncé un vote négatif, alors que la mesure avait été vidée d'une grande partie de son contenu. La loi fixe l'objectif de restaurer au moins 20 % des zones terrestres et maritimes de l'UE d'ici à 2030 et tous les écosystèmes d'ici à 2050. Le texte a été adopté par 329 voix pour, 275 contre et 24 abstentions. En s'alliant aux deux groupes de la droite souverainiste (Ecr) et de l'extrême droite (Id), M. Weber a voulu présenter le PPE comme un défenseur des intérêts des agriculteurs. En réalité, il existe des dérogations temporaires aux dispositions relatives aux écosystèmes agricoles dans des circonstances exceptionnelles. La tactique de Weber a eu pour résultat de diviser le PPE et de permettre aux écologistes de chanter victoire. Sur les 149 votes exprimés par les députés européens du PPE, 24 ont voté pour et 10 se sont abstenus. "Il s'agit d'une grande victoire dans notre lutte pour sauver la biodiversité et le climat", a déclaré le groupe des Verts.
Trilogue
La présidence belge tente à nouveau sur le devoir de diligence des multinationales - La présidence belge du Conseil de l'UE a annoncé que les ambassadeurs des vingt-sept États membres tenteraient aujourd'hui d'approuver la nouvelle directive sur le devoir de diligence des multinationales. La mesure avait été bloquée en raison de l'abstention surprise de l'Allemagne et de l'Italie. Le parti libéral allemand du ministre des finances Christian Lindner avait exprimé son opposition à la directive en raison des coûts supplémentaires pour les entreprises, forçant le gouvernement de Berlin à s'abstenir. L'Italie avait suivi le mouvement, qui a porté à une minorité de blocage. Selon certaines sources, le gouvernement de Giorgia Meloni est maintenant prêt à voter en faveur de la directive en échange de concessions sur les nouvelles règles en matière d'emballage. La directive sur le devoir de diligence s'applique aux grandes entreprises employant plus de 500 personnes et dont le chiffre d'affaires net mondial est supérieur à 150 millions d'euros. Ces multinationales seront tenues de faire preuve de "diligence raisonnable" en ce qui concerne les incidences négatives réelles et potentielles sur l'environnement et les droits de l'homme dans leur chaîne de valeur, y compris les partenaires commerciaux en amont (fournisseurs) et les activités en aval (distribution). Cette mesure vise à rendre les entreprises plus responsables sur le plan environnemental, y compris dans le cadre des accords de Paris. Selon la Commission, elle permet également de lutter contre le travail forcé des Ouïghours dans le Xinjiang en Chine.
PieperGate
Renew conteste la nomination de Pieper, des questions sont préparées au Parlement - La présidente du groupe Renew au Parlement européen, Valérie Hayer, a contesté hier la décision d'Ursula von der Leyen de nommer son collègue de parti de la Cdu, Markus Pieper, en tant qu'envoyé de l'UE pour les petites et moyennes entreprises. "Nous pensons que le candidat le mieux classé devrait être celui qui est nommé dans ce type de processus", a déclaré Mme Hayer, faisant référence au fait que M. Pieper a été évalué par les comités internes et externes comme étant le moins bon des trois présélectionnés. Selon Mme Hayer, "c'est à l'Ombudsman (le médiateur de l'UE) de mener une enquête si cela s'avère nécessaire et pertinent". Mme Hayer a également mentionné que l'eurodéputée tchèque Martina Dlabajova, qui est arrivée en tête des présélections, "est une experte des questions relatives aux PME. Nous le savons tous dans cette maison". Pendant ce temps, l'eurodéputé vert allemand Daniel Freund, qui préside l'intergroupe anti-corruption au Parlement européen, a commencé à collecter des signatures pour une question écrite à la Commission sur le PieperGate, soulevant des doutes sur le rôle de la présidente von der Leyen dans la décision.
La nomination de Pieper résultat d'un accord von der Leyen-Hahn - Malgré les critiques croissantes sur la nomination par Ursula von der Leyen de l'eurodéputé Cdu Markus Pieper, la Commission ne change pas de ligne. Son porte-parole, Eric Mamer, a réaffirmé hier que tout avait été fait dans les règles, bien que le commissaire compétent Thierry Breton ait proposé une autre candidate et que la vice-présidente Vera Jourova ait exprimé son désaccord avec la décision. "Le commissaire (Breton) a été consulté. Mais la proposition est faite par le commissaire Hahn en accord avec le président après consultation. Il s'agit donc d'une consultation", a déclaré M. Mamer. "La décision a été entérinée par le collège. C'est ainsi que s'est déroulée la procédure de nomination. Le collège en a été informé et la décision a été prise lors de la réunion du collège". Les mots clés pour comprendre le peu de collégialité de la décision sont les suivants : "en accord" et "entérinée".
Elections européennes
Le Parlement adopte de nouvelles règles sur la transparence de la publicité politique - Pour l'essentiel, elles ne s'appliqueront pas aux élections européennes des 6-9 juin, mais le Parlement européen a définitivement adopté hier de nouvelles règles sur la transparence de la publicité politique, notamment en ligne, afin de renforcer la confiance des citoyens et de contribuer à la lutte contre la désinformation et l'ingérence étrangère. Les nouvelles règles prévoient des informations publiques sur les publicités (qui les paie et à partir de quel endroit, le prix et les élections auxquelles elles sont liées), ainsi qu'une interdiction d'utiliser certaines catégories de données (appartenance ethnique, religion, orientation sexuelle). Il est également interdit de parrainer des publicités provenant de l'extérieur de l'UE avant les élections. Le règlement a été adopté par 470 voix pour, 50 contre et 105 abstentions. La plupart des règles entreront en vigueur dans 18 mois. "Les technologies numériques rendent les citoyens plus vulnérables à la désinformation et à l'ingérence étrangère. Aujourd'hui plus que jamais, il est crucial de sauvegarder nos processus démocratiques et électoraux", a déclaré le rapporteur, Sandro Gozi, député de Renew, appelant "toutes les grandes plateformes en ligne à commencer à mettre en œuvre les nouvelles règles dès que possible et à veiller à ce que l'espace numérique reste un lieu sûr pour l'échange d'idées et d'opinions politiques".
Ce qui se passe aujourd'hui
Parlement européen : session plénière à Strasbourg (débats sur la sécurité et la défense européennes ; l'assassinat d'Alexei Navalny ; la compétitivité européenne ; les activités financières de la BEI ; le rapport annuel de la Commission sur l'État de droit ; l'approfondissement de l'intégration de l'UE en vue du futur élargissement ; le cadre pour une identité numérique européenne)
Parlement européen : discours de Yulia Navalnaya, veuve d'Alexei Navalny
Commission : la vice-présidente Vestager participe à la conférence internationale sur la concurrence
Commission : le commissaire Kyriakides participe à la réunion des ministres de la santé du G7
Commission : visite du commissaire Varhelyi en Albanie
Parlement européen : conférence de presse sur l'indication géographique des vins, spiritueux et produits agricoles
Parlement européen : conférence de presse sur le rapport annuel de la Commission sur l'État de droit
Parlement européen : conférence de presse sur les règles relatives au permis de conduire dans l'UE
Parlement européen : conférence de presse sur le rapport annuel sur les droits de l'homme et la démocratie
Conseil : Réunion du Coreper I et II
Banque centrale européenne : la présidente Lagarde et Piero Cipollone participent à la réunion des ministres des finances et des banquiers centraux du G20
Cour de justice de l'UE : arrêt sur les aides d'État concernant la liaison du détroit de Fehmarn
Cour des comptes de l'UE : analyse du rapport annuel de la Commission sur l'état de droit
Eurostat : eurostatistiques de février