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Mark Rutte, un flagorneur européen à la cour d’Ubu Trump
Garder les Américains dans l’Alliance et la mettre en capacité de vaincre la Russie, l’ennemi de toujours. Ce mandat se transmet de secrétaire général en secrétaire général à l’Otan. Le Norvégien Jens Stoltenberg l’a confié au Néerlandais Mark Rutte, choisi pour sa capacité de parler à Donald Trump. Mais l'agressivité et la vindicte du président américain menacent l’organisation et contraignent Rutte à un difficile exercice, mélange de flatteries et de suivisme, au risque d’y perdre sa crédibilité.
Élu président, Donald Trump s’est mué en autocrate peu après son investiture et dirige les Etats-Unis à coups d’executive orders (ordre exécutifs). Il s’est entouré de fidèles dévoués à sa personne, et n’écoute que ceux qu’il veut entendre. Mark Rutte s’est donc transformé en courtisan flagorneur pour tenter de sauver l’Alliance, menacée par un retrait des Etats-Unis. Mais le personnage –pour autant que Rutte joue un rôle– déplait. Le secrétaire général de l’Otan représente tous les alliés. Il n’est pas au service de l’un d’eux. Rutte s’est fait remonter les bretelles à plusieurs reprises depuis sa prise de fonction.
La flatterie lui avait réussi lors du sommet de l’Otan en 2018, lorsqu’il avait évité une crise en déclarant à Donald Trump combien il avait raison de demander aux alliés un partage plus équitable des dépenses pour la défense. L’allégeance avait plu au président américain.
Le deuxième mandat s’annonce plus difficile. Donald Trump a vieilli, méprise toujours autant les Européens et a fixé un prix pour maintenir les Etats-Unis dans l’Otan: porter les dépenses de défense de 2% à 5%. Il veut cet engagement écrit noir sur blanc au sommet de la Haye en juin. Son secrétaire d’Etat Marco Rubio a transmis le message lors de sa première réunion avec ses homologues à Bruxelles les 3 et 4 avril. “Trump veut nous traire”, a confié un diplomate européen.
Mark Rutte est chargé de faire passer la pilule. Il le fait avec zèle. Tantôt il se fait rassurant: “ça ne se fera pas en une ou deux années, mais il faut une trajectoire”. Mais il est souvent brutal: “il y a plus de postes de dépenses que d’argent à dépenser. Les gouvernements doivent faire des choix”, a-t-il lâché le 4 avril, à l’issue de la réunion ministérielle avec Rubio.
L’appel du Néerlandais à des coupes dans les dépenses sociales, les retraites, la santé fait polémique. “Il a son style, assez libre. L’argument de gratter un peu sur ces dépenses en situation de danger pour passer de 2 à 3% pour la défense n’est pas absurde”, a reconnu le représentant d’un État membre. Mais venant de Mark Rutte, le chef de file des “frugaux” lorsqu’il était premier ministre des Pays-Bas, ça coince. “Beaucoup d’alliés n’ont pas été vertueux jusqu’à récemment, et les Pays-Bas avec Mark.Rutte ont longtemps été un mauvais élève”, a rappelé un de ses homologues.
Selon les calculs de la revue le Grand Continent, Trump impose aux alliés de l’UE (sauf Autriche, Irlande Chypre et Malte) un effort supplémentaire de 544 milliards d’euros pour atteindre l’objectif de 5%. L’objectif de 3%, jugé plus réaliste, imposerait aux membres de l’Otan de dépenser 265 milliards d’euros de plus par an, dont 186,9 milliards pour les membres de l’UE. Un effort déjà très difficile pour l’Italie, l’Espagne, la Belgique, le Portugal, la Slovénie et le Luxembourg, tous sous la barre de 1,5% du PIB. La Croatie est à 1,81%. Le Canada est à 1,37%.
C’est le prix à payer, explique Mark Rutte. “Donald Trump ne veut pas d’une Otan qui n’a pas les capacités nécessaires pour répondre à une agression ou pour la dissuader”, a-t-il soutenu durant la réunion ministérielle. L'argument de l’effort financier est accepté, à cause de la posture agressive de la Russie. Mais Mark Rutte ne convainc pas sur les intentions réelles de Trump.
Les concessions accordées par le président américain à Vladimir Poutine pour un accord de paix en Ukraine et les attaques contre le président ukrainien, jugé responsable du conflit par sa volonté d’adhérer à l’Otan, désorientent.
Mark Rutte ne dénonce pas les arguments du président américain et il lui arrive d’aller trop loin dans le suivisme avec Trump. Rutte a ainsi provoqué un tollé lorsqu’il a évoqué “le rétablissement naturel des relations avec la Russie”. Totalement “inapproprié”, s’est insurgé l’ancien ministre des Affaires étrangères lituanien Gabrielius Landsbergis. Le secrétaire général de l’Otan a pour mission de représenter tous les alliés, pas d’adopter tacitement la position unilatérale de Trump sans solliciter l'approbation des autres membres, a rappelé l’ancien ministre.
”Il arrive aux meilleurs d’avoir des problèmes de communication”, a ironisé un diplomate tout en saluant la capacité du néerlandais d’avoir “accroché le cerveau de Trump”. Rutte a rectifié le tir lors d’un déplacement à Varsovie. “La Russie reste une menace à long terme” est devenu la position. Mais le secrétaire général est incapable de répondre à la question: la Russie est elle considérées comme un ennemi par l’administration Trump ? “Quelqu’un devait sortir la guerre en Ukraine de l’impasse. Donald Trump l’a fait. J’étais convaincu que s’il était élu, il le ferait. Je soutiens ses efforts”, répond Rutte.
Même si la cause est mauvaise, Rutte s’aligne sur la position américaine. La guerre commerciale déclenchée par le président américain avec des tarifs douaniers imposés à tous les alliés “n’est pas en violation de l’article 2 du traité de Washington”, affirme le secrétaire général. Rutte refuse également de s’opposer à la volonté de Donald Trump d’annexer par la force si nécessaire le Groenland, territoire autonome du Danemark. Or le traité fondateur de l’Otan prévient contre toute guerre économique entre les alliés. Son article 4 prévoit que “les parties se consulteront chaque fois que, de l'avis de l'une d'elles, l'intégrité territoriale, l'indépendance politique ou la sécurité de l'une des parties sera menacée”. Il revient au secrétaire général de jouer le rôle de médiateur.
Mais Mark Rutte refuse de faire quoi que ce soit qui pourrait contrarier Trump. Cette servilité lui a fait commettre un impair lors de la conférence de presse à l’issue de leur réunion à Washington, lorsque le président américain a confirmé publiquement son intention de s’emparer du Groenland, Mark Rutte, avec un petit rire complice, a dit ne pas vouloir impliquer l’Otan dans cette affaire. Le député danois Rasmus Jarlov, président de la commission Défense du parlement danois, s’est fait l’écho du ressentiment de ses compatriotes. “Nous n'apprécions pas que le secrétaire général de l'Otan plaisante ainsi avec Trump au sujet du Groenland. Cela signifierait une guerre entre deux pays de l'Otan”, a-t-il averti. “Le job de secrétaire général est de construire ou d’exprimer du consensus, pas d’être une carpette”, a cinglé le politologue français Bruno Tertrais.
La citation
"J'espère que nous nous dirigerons vers une situation de droits de douane nuls à l'avenir avec une zone de libre-échange entre l'Europe et l'Amérique du Nord."
Elon Musk.
Guerre commerciale
À la recherche d'une stratégie pour réagir aux droits de douane de Trump – Les ministres du Commerce de l'UE se réuniront aujourd'hui au Luxembourg pour trouver une stratégie commune sur la manière de répondre à la guerre tarifaire mondiale de Donald Trump. "L'objectif principal est de sortir avec un message uni", nous a déclaré un diplomate européen. La brutalité des droits de douane annoncés mercredi 2 avril et la menace de Trump de répondre coup pour coup avec une escalade ont brisé les rangs de l'UE et déstabilisé la stratégie de représailles symétriques que la Commission avait préparée. Ursula von der Leyen ne parle plus de réponse "ferme et proportionnée", comme elle l'avait fait jusqu'à il y a deux semaines. La ligne a changé et est beaucoup moins assertive. "Nous sommes prêts à répondre", mais "il y a une voie alternative. Il n'est pas trop tard pour aborder les préoccupations par le biais de négociations", a déclaré jeudi la présidente de la Commission. Au Luxembourg, les ministres "ne prendront pas de décisions, mais auront une discussion politique pour guider la Commission sur la direction à prendre", explique le diplomate européen. "De nombreux pays ont exprimé leur appréciation pour le discours de von der Leyen : décidé mais sans escalade". Contrairement à la Chine ou au Canada qui ont immédiatement annoncé des contre-mesures, les Vingt-Sept veulent prendre "un peu de temps". Lundi, les ministres devraient fixer deux principes à la Commission : "laisser de la place pour la négociation d'une solution constructive, mais être prêts à répondre", dit le diplomate.
Un premier échange froid après les droits de douane de Trump – La première conversation entre le commissaire au Commerce, Maros Sefcovic, et ses interlocuteurs américains après l'imposition de droits de douane draconiens contre l'Union européenne par Donald Trump ne s'est pas bien passée. Sefcovic a eu un "échange franc de deux heures" avec le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, et le représentant pour le Commerce, l'ambassadeur Jamieson Greer. "J'ai été clair : les droits de douane américains sont nuisibles et injustifiés. La relation commerciale UE-USA a besoin d'une nouvelle approche", a écrit Sefcovic sur la plateforme X à la fin de la discussion. "L'UE est engagée dans des négociations significatives, mais est également prête à défendre nos intérêts. Nous resterons en contact", a conclu Sefcovic. Le fait que la Commission n'ait pas publié de compte rendu plus détaillé, se limitant à un post sur X, n'est pas un signal positif.
La diversion des produits de la Chine à l'ordre du jour des ministres du Commerce - Ce ne sont pas seulement les droits de douane de Trump qui nuisent à l'Union européenne. Les ministres doivent également parler de la Chine aujourd'hui, au moment où les produits chinois destinés au marché américain seront détournés vers l'Europe en raison des droits de douane de Trump contre Pékin, déstabilisant encore davantage l'économie de l'UE. La diversion commerciale de la Chine est l'autre cauchemar qui mettra à l'épreuve les Vingt-Sept. À l'origine, les ministres devaient discuter du voyage du commissaire Maros Sefcovic à Pékin pour tenter de résoudre les nombreux différends ouverts. Pour contrer le protectionnisme de Trump, Ursula von der Leyen était tentée de relancer les relations avec la Chine. Dans un discours début février, la présidente de la Commission a ouvert la voie à de nouveaux accords avec Pékin sur les investissements et l'accès aux marchés. Mais la déviation des produits chinois des États-Unis vers l'UE risque de faire capoter ses plans et de se transformer en une autre urgence. Le 25 mars, la Commission a déjà adopté des mesures de sauvegarde pour fermer le marché européen à l'acier chinois, après les droits de douane de Trump sur le secteur. "Nous devrons prendre d'autres mesures de sauvegarde pour nos entreprises", explique un fonctionnaire de la Commission. "Nous examinerons de près les effets indirects que les droits de douane (de Trump) pourraient avoir, car nous ne pouvons pas absorber la surcapacité mondiale et nous n'accepterons pas le dumping sur notre marché", a déclaré von der Leyen.
Musk veut le TTIP – Elon Musk, propriétaire de X et conseiller du président Donald Trump, a participé samedi par visioconférence au congrès du parti de Matteo Salvini, la Ligue. Entre théories conspirationnistes sur les migrants et attaques contre la bureaucratie européenne, Musk a souhaité la fin de la guerre commerciale lancée par Donald Trump avec un accord qui annule les droits de douane entre les deux rives de l'Atlantique. "J'espère que pour ce qui est des droits de douane, nous nous dirigerons vers une situation de droits de douane nuls à l'avenir avec une zone de libre-échange entre l'Europe et l'Amérique du Nord. C'est mon espoir pour l'avenir", a déclaré Musk. Cela vous rappelle quelque chose ? L'Union européenne a lancé en 2013 les négociations avec les États-Unis sur le Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP), un accord de libre-échange pour annuler pratiquement tous les droits de douane entre les deux rives de l'Atlantique. Parmi les principaux adversaires du TTIP en Europe figuraient les partis d'extrême droite, dont la Ligue de Matteo Salvini. La guerre commerciale lancée par Trump lors de son premier mandat a mis fin aux négociations. Le 15 avril 2019, à la demande de la Commission, les gouvernements de l'UE ont décidé que le mandat de négociation pour le TTIP était obsolète et non pertinent.
Euro
L'Italie veut suspendre le Pacte de stabilité pour aider les entreprises – Le gouvernement de Giorgia Meloni résiste à l'offre d'Ursula von der Leyen d'utiliser la clause de sauvegarde nationale du Pacte de stabilité pour augmenter les dépenses de défense. Mais son ministre de l'Économie, Giancarlo Giorgetti, a demandé samedi l'activation de la clause de sauvegarde générale prévue en cas de récession grave dans toute l'UE, comme cela avait été fait pendant les confinements du Covid, pour aider les entreprises touchées par les droits de douane de Trump. "Dans la gouvernance économique actuelle, il n'y a pas seulement l'article 26 (la clause de sauvegarde nationale utilisée pour le plan de réarmement), mais il y a aussi l'article 25 (la clause de sauvegarde générale), qui devrait peut-être être relu, et si tout est vrai, je trouve qu'il y a une conséquence logique à tout cela", a déclaré Giorgetti. Le ministre a souligné que l'Italie n'a pas de marge budgétaire par rapport à d'autres pays – comme l'Espagne – qui ont déjà annoncé des aides. Vendredi, les ministres des Finances de la zone euro seront à Varsovie pour une réunion de l'Eurogroupe au cours de laquelle ils tenteront de comprendre quelles sont les conséquences macroéconomiques de la guerre commerciale de Trump.
Post Brexit
Von der Leyen rencontrera Starmer le 24 avril – La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a eu hier une conversation téléphonique avec le Premier ministre britannique, Keir Starmer, pour discuter des droits de douane de Donald Trump et de la coopération dans le secteur de la défense. Sur les droits de douane, von der Leyen a déclaré vouloir "travailler avec des partenaires pour répondre à cette nouvelle réalité pour l'économie mondiale", mais a également dû reconnaître "que chaque partenaire commercial agira conformément à ses propres priorités". Bruxelles et Londres parviendront-elles à rester unies ? Sur la défense, von der Leyen a réaffirmé son engagement à travailler en étroite collaboration avec le Royaume-Uni. Le sommet UE-Royaume-Uni du 19 mai "fournira une importante opportunité de renforcer la coopération dans des secteurs clés, y compris la sécurité et la défense, le commerce et l'économie", a déclaré von der Leyen. La présidente a annoncé qu'elle rencontrerait Starmer le 24 avril à Londres.
Géopolitique
Rubio donne à la Russie quelques semaines - "Nous saurons assez vite, dans quelques semaines, pas dans quelques mois, si la Russie est sérieuse à propos de la paix ou non", a déclaré vendredi le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, lors d'une réunion à l'OTAN, répondant aux critiques de plusieurs alliés européens sur la stratégie de négociation de Donald Trump qui permet à Vladimir Poutine de temporiser. Rubio a espéré que la Russie soit sérieuse. Mais, "si les choses traînent, le président Trump ne tombera pas dans le piège de négociations infinies", a assuré le secrétaire d'État. "Nous testons pour voir si les Russes sont intéressés par la paix. Leurs actions, pas leurs paroles, leurs actions, détermineront s'ils sont sérieux ou non". Moscou n'a respecté ni l'accord sur l'arrêt des attaques contre les infrastructures énergétiques, ni celui sur la mer Noire. Poutine "continue à brouiller les pistes, continue à tergiverser", a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy. Certains ministres ont demandé à Rubio de fixer une date à laquelle la Russie doit répondre au cessez-le-feu.
La Russie ne montre aucun intérêt pour la paix – Les bombardements russes contre l'Ukraine se sont poursuivis pendant le week-end. Hier, la Russie a lancé des missiles balistiques contre la capitale, Kyiv. Mais l'attaque la plus meurtrière a frappé Kryvy Rih, la ville natale du président Volodymyr Zelensky, samedi, faisant 18 morts, dont neuf enfants. Zelensky a dénoncé la "faible" réaction de l'ambassade américaine qui n'a pas mentionné la Russie dans un post sur X. "Des images tragiques et inhumaines sortent de Kryvy Rih", a déclaré le Haut représentant de l'UE, Kaja Kallas. "Une autre attaque irréfléchie russe a frappé une zone résidentielle bondée". Selon Kallas, cela montre que la Russie n'a "aucun intérêt pour la paix". Cela suffira-t-il à convaincre Marco Rubio ?
Cela se passe aujourd'hui
Conseil Commerce au Luxembourg
Présidence polonaise de l'UE : réunion informelle des ministres de la Culture à Varsovie
Commission : la présidente von der Leyen participe en visioconférence aux dialogues stratégiques sur l'acier et l'automobile ; reçoit le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Store, et le directeur général de BusinessEurope, Federik Persson
Service européen pour l'action extérieure : le Haut représentant Kallas au Monténégro rencontre le président et le Premier ministre
Commission : le vice-président Fitto en visite à La Réunion
Commission : la vice-présidente Minzatu à Rome rencontre les ministres du Travail, Elvira Calderone, et de la Protection civile, Nello Musumeci
Commission : le commissaire Hansen à Vérone rencontre le ministre de l'Agriculture, Francesco Lollobrigida, et visite le Vinitaly
Commission : le commissaire Hoekstra au Brésil participe à un événement sur l'Amazonie
Commission : le commissaire Kubilius à Stockholm rencontre le ministre de la Défense et visite des sites industriels
Parlement européen : conférence de presse des lauréats de l'Oscar avec "No Other Land"
Parlement européen : audition en commission Libertés civiles du commissaire Brunner sur le règlement relatif aux rapatriements et les accords avec la Jordanie et le Maroc
Cour des comptes de l'UE : rapport spécial sur la transparence des financements de l'UE en faveur des organisations non gouvernementales
Banque centrale européenne : discours de Piero Cipollone lors d'un événement organisé par la Banque d'Italie à Rome
Eurostat : données sur le commerce de détail en février ; données sur la production dans les services en janvier ; chiffre d'affaires des services en janvier ; indice de la production totale du marché en janvier