Mattarella, Draghi, Letta : trois Italiens prêchent dans le désert de l'UE
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Mattarella, Draghi, Letta : trois Italiens prêchent dans le désert de l'UE
Mardi et mercredi, Giacomo Puccini est soudainement devenu populaire dans les institutions de l'Union européenne. "L'Europe est en alerte et prête, Nessun dorma" (que personne ne dorme) , a écrit mardi soir le président du Conseil européen, Antonio Costa. "Vous avez dit 'Nessun dorma’. Nous avons entendu votre appel. Et aujourd'hui, nous discuterons de la manière dont nous pouvons répondre", a déclaré mercredi matin Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission. Nessun dorma est un air de l'une des grandes œuvres du compositeur italien, Giacomo Puccini. Qu'est-ce qui a poussé les dirigeants de l'UE à citer Turandot avec tant de passion ? Costa et von der Leyen répondaient à Sergio Mattarella, le président de la République italienne, en visite de deux jours dans la capitale européenne. Une semaine plus tôt, dans un discours à Coimbra, Mattarella avait lancé un fort appel: “Nessun dorma" en Europe. Avec deux autres Italiens, Mario Draghi et Enrico Letta, Mattarella tente depuis des mois de donner un coup de fouet à l'UE. Mais il y a une différence entre entendre les appels, les écouter et leur donner suite. Au-delà de la rhétorique, en fait, le sens de l'urgence des trois prophètes italiens de l'européanisme traditionnel n'est pas partagé.
Sergio Mattarella est moins connu que les deux autres prophètes dans l'UE et dans ses capitales. Ayant un rôle principalement cérémoniel, le président de la République italienne devient un interlocuteur fondamental uniquement en temps de crise politique et financière. Son prédécesseur, Giorgio Napolitano, a joué un rôle décisif pour sortir l'Italie du chaos financier dans lequel l'avait plongée le gouvernement de Silvio Berlusconi en 2011, lors de la crise de la dette italienne. Mattarella a favorisé l'arrivée de Mario Draghi comme président du Conseil au début de 2021, lorsque l'Italie s'est trouvée confrontée à la nécessité de compléter le plan national de relance et de résilience pour relancer l'économie après la pandémie de Covid-19. Le président français, Emmanuel Macron, a établi une relation spéciale avec Mattarella à la suite des répétées confrontations avec certains gouvernements italiens particulièrement hostiles à la France, comme celui formé par les populistes de la Ligue et du Mouvement 5 Étoiles en 2017. Mattarella continue de jouer un rôle de pont, chaque fois que les relations entre Macron et l'actuelle présidente du conseil, Giorgia Meloni, dégénèrent.
Contrairement à Giorgio Napolitano, qui avait été député européen et président de la commission des Affaires constitutionnelles, Mattarella n'a pas eu de responsabilités européennes au cours de sa longue carrière politique. Issu du parti de la Démocratie chrétienne, après le scandale de Tangentopoli des années 1990, il a suivi Romano Prodi dans la création de la coalition de centre-gauche de l'Olivier. Il a été extrêmement critique de l'entrée du parti de Silvio Berlusconi, Forza Italia, dans le Parti populaire européen ("un cauchemar irrationnel" a-t-il dit en 1995). La pensée de Mattarella s'est toujours inscrite dans l'européanisme traditionnel italien : plus d'intégration européenne pour protéger le pays de ses pires défauts et le guérir de ses maux chroniques. Mais l'UE doit également être la source de la solidarité commune. L'UE est "cette extraordinaire aventure d'intégration que nous continuons à vivre d'année en année", a déclaré Mattarella mardi à Bruxelles.
Le discours de Mattarella à Coimbra a eu plus d'écho que d'autres allocutions sur l'Europe prononcées à Rome. Le contexte était le symposium COTEC qui réunit le Portugal, l'Espagne et l'Italie, intitulé cette année "Un appel à l'action". Mario Draghi venait de prononcer son énième discours sur les risques de l'immobilisme dans l'UE. "Nessun dorma pourrait s'appliquer à notre Union", a déclaré Mattarella : "Une Europe renouvelée, plus compétitive, plus résiliente, plus présente sur l'échiquier international. C'est un défi historique pour notre continent, d'autant plus urgent face aux récentes évolutions des équilibres mondiaux". Pour le président italien, “Nessun dorma”, car "rester immobile n'est plus une option".
Une semaine plus tard à Bruxelles, Mattarella n'a pas hésité à réitérer le message à Costa et von der Leyen. Avec le président du Conseil européen, il a insisté sur la nécessité de sortir de la "lenteur" décisionnelle qui contraint l'UE à suivre les décisions "prises par d'autres". Devant la Commission européenne et sa présidente, il a souligné le devoir de "combler en urgence les retards accumulés au cours de décennies où les États membres n'ont pas su converger sur des choix partagés pour renforcer la capacité de défense commune". Puis il a averti du danger de donner à nouveau des illusions aux pays candidats à l’adhésion à l'UE si l'élargissement n'est pas mené à terme. Le président de la République a également abordé un thème tabou dans l'UE, celui des réformes institutionnelles. "Une Union élargie devra, nécessairement, être également une Union plus forte et plus cohésive". Mattarella estime que le cycle institutionnel 2024-29 doit "accomplir un véritable saut qualitatif pour une réforme globale de l'Union, capable de trouver l'équilibre dans la mise en œuvre des priorités européennes et dans un renforcement de la structure institutionnelle".
Enrico Letta est plus connu que Mattarella. Ancien député européen, ancien président du Conseil italien, ancien président de l'Institut Delors, il a publié en avril de l'année dernière un rapport sur l'achèvement du marché unique de l'UE demandé par le Conseil européen. "Le plus grand ennemi de mon rapport est le tiroir", avait-il déclaré à l'époque. Treize mois plus tard, Letta montre de plus en plus de signes d'impatience dans ses interventions publiques. Dans une conversation en avril avec la Matinale Européenne, il a reconnu à la commissaire Maria Luis Albuquerque le mérite d'avoir ouvert le chantier d'une union des épargnes et des investissements (l'une de ses recommandations). Mais il a également rappelé que les défis avec Donald Trump sont devenus encore plus urgents. Citant Elon Musk qui a menacé de couper le courant de Starlink à l'Ukraine, Letta a expliqué que "si nous ne devenons pas autonomes et indépendants, nous dépendons de quelqu'un qui peut nous faire chanter, nous couper le courant. Nos vies sont menacées. Le thème devient essentiel. L'avenir de l'Europe doit être la recherche de son autonomie et de son indépendance" avec "des choix qui n'ont pas été faits jusqu'à présent".
Mario Draghi est le plus connu des trois prophètes. Président de la BCE, il a sauvé la zone euro de la crise de la dette souveraine avec le "whatever it takes" de 2012. Président du Conseil italien, il a traîné les réticents Emmanuel Macron et Olaf Scholz à Kyiv pour dire "oui" à la demande d'adhésion de l'Ukraine au début de la guerre d'agression avec la Russie. Draghi a publié son rapport sur l'avenir de la compétitivité en septembre dernier, faisant des recommandations dans tous les secteurs, du marché unique à la défense, du Green Deal à la simplification, du marché des capitaux à la dette commune. Ursula von der Leyen a promis d'en faire la boussole de sa nouvelle Commission entrée en fonction le 1er décembre. Fin janvier, elle a présenté “Compass", un document qui incorpore certaines de ses recommandations, mais pas les plus controversées comme la dette commune. Quelques jours plus tard, le 28 février, invité à une autre présentation de ses recommandations, devant une réunion des parlements nationaux, Draghi a explosé. "Quand vous me demandez ce qu'il vaut mieux faire maintenant, je dis 'je ne sais pas', mais faites quelque chose !". Trois autres mois se sont écoulés.
Dans son discours à Coimbra, Draghi a de nouveau souligné à quel point les choses ont changé depuis la publication de son rapport avec l'élection de Trump. Il a parlé de "point de rupture" d'où l'Europe ne reviendra pas en arrière. Il n'a pas seulement dit que "l'émission de dette commune de l'UE pour financer des dépenses communes est une composante clé". Il a indiqué la nécessité de "changer le cadre des politiques macroéconomiques que nous avons conçu après la grande crise financière et la crise de la dette souveraine", centré sur la politique fiscale restrictive, la compression des salaires et la compétitivité externe. Il a demandé une transformation fondamentale du système énergétique avec un vaste plan d'investissements au niveau européen pour construire des réseaux et des interconnexions. Il a proposé un cloud stratégique européen, une infrastructure commune de supercalcul, une capacité européenne de cybersécurité". Sur la défense, "il n'est pas trop tard pour changer les perspectives dans 5-10 ans, si aujourd'hui nous prenons les bonnes mesures pour développer notre capacité industrielle de défense et les capacités stratégiques".
La Commission von der Leyen a jusqu'à présent lancé des stratégies, des feuilles de route et des livres blancs. Au-delà d'un effort de simplification et de réglementation (fragmenté en une série infinie de paquets "Omnibus"), les propositions législatives ne sont pas encore arrivées. Elles seront étalées au cours des 18 prochains mois et devront ensuite être approuvées par ses deux co-législateurs. Même le Livre blanc sur la défense et le plan de réarmement reposent sur des solutions de financement nationales. L'appel contre l'immobilisme est également dirigé vers les dirigeants du Conseil européen, dont les conclusions sur la compétitivité, la défense et le marché intérieur sont de plus en plus répétitives. "Les Européens ressentent de manière aiguë le sens de la crise. Croissance, énergie et défense sont les domaines fondamentaux dans lesquels les gouvernements doivent subvenir aux besoins de leurs citoyens, et pourtant dans chacun d'eux nous nous sommes retrouvés otages du sort et exposés aux décisions imprévisibles des autres", a averti Draghi à Coimbra : "Les risques matériels auxquels nous sommes confrontés pour notre croissance, nos valeurs sociales et notre identité, pèsent sur toutes nos décisions".
La citation
“La Chine est prête à travailler main dans la main avec l'Europe pour relever les défis mondiaux et obtenir plus de résultats bénéfiques pour les deux parties et pour le monde.”
Xi Jinping après un appel téléphonique avec Emmanuel Macron.
Géopolitique
Le patron de l’Otan contredit le président des Etats-Unis - Le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte a mis en garde contre le réarmement de la Russie à “un rythme effréné”, contredisant le président américain Donald Trump quelques semaines avant le sommet de l’Otan les 24 et 25 juin à la Haye. “La Russie se reconstitue à un rythme effréné. Elle produit actuellement des munitions à un niveau jamais vu ces dernières décennies. Elle produit quatre fois plus de munitions que l'ensemble de l'Otan”, a déclaré Rutte “Nous avons eu des sources ouvertes, provenant des services de renseignement, qui nous ont dit que d’ici 2027, 2030 ou 2032, ils pourraient être en mesure d’atteindre un niveau de force tel qu’ils pourraient tenter quelque chose de stupide”. Donald Trump voit en Vladimir Poutine un futur partenaire commercial et refuse de reconnaître la responsabilité du président russe dans le conflit avec l’Ukraine et de le considérer comme un “criminel de guerre”.
Incertitude sur les sanctions américaines - Un projet d'imposer des sanctions à la Russie et des droits de douane de 500 % aux pays qui achètent du pétrole, du gaz et de l'uranium russes est soutenu par 81 des 100 sénateurs américains, a annoncé son auteur, le sénateur Lindsey Graham. Le texte vise nommément la Chine et sera présenté “si la Russie ne montre pas de volonté sérieuse pour une paix en Ukraine”. Mais le chef républicain du Sénat, John Thune a annoncé attendre les consignes de la Maison Blanche pour mettre le projet au vote. Plusieurs dirigeants européens ont exprimé l'espoir que le Congrès approuve les sanctions proposées par Lindsey Graham face à l'immobilisme de Trump après le rejet du cessez-le-feu par la Russie.
Trump mise sur le Vatican - Des discussions techniques impliquant la Russie et l'Ukraine pourraient avoir lieu dès la semaine prochaine au Vatican, a déclaré mercredi soir le président finlandais Alexander Stubb dans une interview accordée à la chaîne nationale Yle. "Il y a davantage de médiateurs : auparavant, seuls les États-Unis jouaient ce rôle. Désormais, l'Europe est également impliquée”, a affirmé Stubb, informé des intentions du président américain lors lors de la conversation téléphonique de haut niveau après son entretien avec Vladimir Poutine à laquelle ont participé le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le Premier ministre britannique Keir Starmer et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Mais Moscou a démenti Stubb. “Il n’y a pas encore d’accord, pas d’accord concret sur de prochaines rencontres”, a affirmé hier le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, interrogé par l’AFP lors de son briefing quotidien. “Le travail se poursuit pour mettre en œuvre les accords déjà conclus”, a précisé Peskov.
L'Allemagne demande de sortir de la zone de confort des sanctions - Le gouvernement de Friedrich Merz semble déterminé à adopter une position de plus en plus dure envers la Russie au sein de l'Union européenne, alors que les vingt-sept doivent décider quoi faire des sanctions suite à l'échec des négociations menées par Donald Trump. “Nous devons sortir de notre zone de confort et adopter des mesures qui aillent vraiment au-delà du statu quo”, a déclaré le chef de cabinet de Merz, Thorsten Frei, dans une interview à Reuters. Frei a indiqué que son gouvernement pourrait soutenir un embargo sur les importations de gaz et d'uranium et la confiscation des actifs souverains russes immobilisés dans l'UE. “Ce sont exactement le type de mesures qui feraient vraiment mal à la Russie”, a déclaré Frei. Jusqu'à présent, l'Allemagne s'était toujours opposée à la confiscation des actifs russes par crainte de problèmes juridiques et de stabilité financière de la zone euro. Frei n'a pas exclu une augmentation de l'aide militaire à l'Ukraine.
Le Parlement approuve des droits de douane prohibitifs sur le sucre et les engrais russes - Le Parlement européen a approuvé hier la proposition de la Commission d'augmenter de 50 pour cent les droits de douane de l'UE sur les produits agricoles d'origine russe et biélorusse, comme le sucre, le vinaigre, la farine et les aliments pour animaux. La proposition prévoit également un droit de douane de 6,5 pour cent sur les engrais importés des deux pays, auquel s'ajoutent des droits compris entre 40 et 45 euros par tonne pour la période 2025-2026. L'approche est progressive pour permettre aux agriculteurs de trouver d'autres fournisseurs d'engrais. Les droits sur les produits russes et biélorusses augmenteront jusqu'à 430 euros par tonne d'ici 2028. Les revenus des exportations d'engrais de la Russie et de la Biélorussie sont considérés par l'UE comme une contribution directe au financement de la guerre russe contre l'Ukraine. Le règlement charge la Commission de surveiller les éventuelles augmentations de prix et les effets sur le marché intérieur et l'agriculture européenne pour adopter des mesures correctives si nécessaire. Il est à noter que la délégation de Fratelli d'Italia, le parti de Giorgia Meloni, s'est abstenue. “La nécessité de maintenir la pression sur la Russie doit être poursuivie avec des outils qui ne nuisent pas davantage aux entreprises européennes, en commençant par les entreprises agricoles”, ont déclaré les députés de Meloni.
Les quotas et les droits de douane reviennent pour les produits agricoles ukrainiens - Les États membres de l'UE ont approuvé hier une solution de transition pour permettre à l'Ukraine d'exporter plus facilement ses produits agricoles lorsque les mesures commerciales autonomes expireront le 6 juin, mesures qui avaient suspendu les quotas et les droits de douane pour soutenir son économie pendant la guerre. La guerre se poursuit, mais les quotas et les droits de douane reviendront. Et pas seulement pour les produits agricoles "sensibles" pour lesquels des clauses de sauvetage avaient déjà été introduites. Les quotas au-delà desquels des droits de douane supplémentaires seront appliqués correspondent à ceux de l'accord de Zone de libre-échange approfondie et complète (DCFTA) en vigueur avant la guerre. Pour l'Ukraine, le coup risque d'être lourd. Le gouvernement de Kyiv a estimé les pertes à 3-3,5 milliards d'euros par an. Le "whatever it takes" de l'UE pour soutenir l'Ukraine a une limite : les protestations des agriculteurs comptent plus pour la Commission et plusieurs États membres, comme la Pologne et la Hongrie.
Costa fait don d’un prix de 150 000 dollars à l'UNHCR – Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a reçu hier le prix pour la paix Houphouët-Boigny de l'Unesco pour son rôle de leader politique et son engagement en faveur de la paix et des pays en développement. Le prix lui a été décerné le 7 octobre 2024, avant qu'il n'assume ses fonctions de président du Conseil européen. Costa a décidé de faire don des 150 000 euros du prix à l'UNHCR pour le travail qu'il accomplit pour assurer la vie, la dignité, la sécurité et les droits fondamentaux des réfugiés et des déplacés dans le monde. L'UNHCR a informé Costa que l'argent servirait à financer des programmes d'éducation au Soudan. “Recevoir ce prix représente une énorme responsabilité pour moi”, a déclaré Costa, ajoutant qu'il “veut continuer à défendre les valeurs pour lesquelles ce prix a été créé”. Lors de la cérémonie, en signe de respect, Costa a reçu un vêtement traditionnel et un baptême avec le nom de Gouda, “Homme de paix”.
Réarmement
La République tchèque demande la clause nationale de sauvetage – La République tchèque s'est jointe au groupe de pays qui entendent utiliser la flexibilité budgétaire promise par Ursula von der Leyen avec la suspension du Pacte de stabilité et de croissance pour augmenter les dépenses de défense. Le gouvernement de Prague a demandé à la Commission d'activer la clause nationale de sauvetage qui permettra de dépenser 1,5 pour cent de PIB en plus pour le réarmement. Au total, quinze États membres ont eu recours à cette possibilité. Mais il manque certaines des plus grandes économies de l'UE : la France, l'Italie, l'Espagne et les Pays-Bas.
Une coalition de volontaires pour la préparation et la résilience - La Belgique, l'Estonie, la Finlande, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suède ont lancé hier une coalition européenne pour la préparation civile et la résilience afin d'adopter des mesures supplémentaires urgentes face à l'augmentation des menaces militaires, hybrides et terroristes, la manipulation et l'ingérence étrangère, et les catastrophes naturelles ou causées par l'homme. Les efforts seront axés sur la préparation et la résilience de la société, l'évaluation globale des risques et des menaces au niveau de l'UE, la connaissance situationnelle, la protection des infrastructures critiques et la coordination des efforts civils et militaires avec une complémentarité optimisée UE-OTAN. Le fait que la coalition soit composée de seulement huit pays montre à quel point la perception des menaces est différente parmi les vingt-sept États membres.
Élargissement
Kallas lance un avertissement à Vucic – La Haute Représentante, Kaja Kallas, a lancé hier les avertissements les plus explicites à ce jour de l'UE au président de la Serbie, Aleksandar Vucic, pour sa dérive autoritaire et pro-russe. Sur l'élargissement, “nous devons voir des actions qui soutiennent les paroles”, a déclaré Kallas lors d'une visite à Belgrade, demandant des progrès et des réformes sur la liberté des médias, les lois électorales, la corruption et l'autonomie des universités. “Les réformes doivent être réelles, pas seulement cocher une case sur le papier”, a déclaré Kallas. Quant à la Russie, “la Serbie a devant elle un choix géostratégique sur où elle veut être. L'avenir européen de la Serbie dépend des valeurs qu'elle choisit de respecter”, a averti Kallas. La normalisation avec le Kosovo est également “fondamentale pour l'avenir européen de la Serbie. Il est temps de surmonter le passé et de se concentrer sur l'avenir commun”. Sur la Bosnie-Herzégovine, Kallas a demandé “un rôle constructif pour soutenir la stabilité du pays”.
Roumanie
George Simion débouté, Nicusor Dan devient président - La Cour constitutionnelle roumaine a rejeté hier à l'unanimité la demande de George Simion, le candidat d'extrême droite battu lors de la reprise de l'élection présidentielle de dimanche, visant à annuler le vote pour cause d'ingérence étrangère. La Cour a validé l'élection de Nicusor Dan comme nouveau président. “Il s’agit d’un mandat clair en faveur de la démocratie et d’un avenir européen fort”, a commenté l'eurodéputé roumain Siegfried Muresan (PPE).
Budget
Le PPE contre von der Leyen sur le cadre financier pluriannuel - Le groupe du Parti Populaire Européen (PPE) se prépare à s'opposer à la proposition que la Commission d'Ursula von der Leyen devrait présenter en juillet sur le nouveau budget 2028-34 de l'UE. “Un seul plan national par État membre, comme prévu par la Commission, ne peut pas constituer la base pour une gestion partagée des dépenses après 2027”, peut-on lire dans le projet de document qui fixe la position du PPE sur le cadre financier pluriannuel et que nous avons pu consulter. Von der Leyen, également du PPE comme le commissaire au Budget Piotr Serafin, a exposé ses idées dans un discours cette semaine. Le PPE est opposé à l'utilisation du modèle de l'Instrument de relance et de résilience post-pandémie pour verser les fonds pré-alloués aux États membres avec un chèque unique basé sur des réformes et des investissements. “Le Groupe PPE rejette toute tentative de centralisation inspirée des plans nationaux de relance et de résilience, qui attribuerait plus de pouvoir à la Commission et aux États membres, réduisant drastiquement le rôle du Parlement européen en tant qu'autorité législative, budgétaire et de décharge”, peut-on lire dans le document. De plus, le PPE “rejette l'idée que l'agriculture et la cohésion doivent se soumettre aux règles de l'Instrument de relance et de résilience et que les financements ne soient accordés qu'à l'atteinte d'objectifs et de cibles liés à des réformes spécifiques au niveau national”.
Le PPE veut dépasser le plafond de 1% sur le budget – La Commission et sa présidente ne se sont pas encore prononcées sur le montant des ressources qui devraient être allouées au budget de l'UE après 2027. Mais le PPE demande que “la taille du prochain cadre financier pluriannuel s'éloigne de la limite historiquement restrictive et auto-imposée de 1% du revenu national brut”. Ce sera difficile. D'autant plus que le PPE est favorable à de nouvelles ressources propres seulement si “elles ne se traduisent pas par de nouvelles taxes pour les citoyens”. L'alternative est des contributions nationales ou un nouvel instrument de dette. “Le groupe PPE estime que tous les instruments et mécanismes doivent être explorés pour doter l'Union des ressources nécessaires, en particulier dans le secteur de la sécurité et de la défense. Le recours au financement conjoint pourrait être considéré comme l'une des options pour obtenir ces ressources, mais seulement dans des cas exceptionnels”, dit le projet de document.
Pacte vert
Le Parlement confirme le recul de la taxe carbone aux frontières – Le Parlement européen a approuvé hier avec 564 voix pour, 20 contre et 12 abstentions les propositions de la Commission pour modifier le Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (l'acronyme est CBAM) dans le cadre du premier paquet de simplification Omnibus. L'objectif est de réduire la charge administrative pour les petites entreprises et les importateurs occasionnels. Le Parlement a adopté certains amendements techniques à la proposition initiale, soutenant l'introduction d'un nouveau seuil minimum de 50 tonnes pour l'application de la taxe afin d'exempter environ 90 pour cent des importateurs, principalement des petites et moyennes entreprises et des particuliers, qui importent de petites quantités de produits soumis au CBAM. L'objectif environnemental du mécanisme reste toutefois inchangé : selon l'estimation de la Commission, 99 pour cent des émissions totales de CO2, liées principalement aux importations de fer, d'acier, d'aluminium, de ciment et d'engrais, continueront à être couvertes par les règles. Après le feu vert d'hier, le Parlement engagera des négociations avec le Conseil, où sont représentés les gouvernements.
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