Sommet de l’Otan: Trump “ghoste” Zelensky
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Sommet de l’Otan: Trump “ghoste” Zelensky à La Haye
Le sommet de l’Otan aujourd’hui à La Haye, aux Pays-Bas, va avoir deux séquences: une plénière suivie d’un dîner, conçue par Mark Rutte comme une audience présidentielle pour flatter l’égo de Donald Trump avec des annonces de dépenses militaires chiffrées en centaines de milliards de dollars, et une coulisse consacrée au soutien au président ukrainien Volodymyr Zelensky, malgré les tentatives pour “ghoster (invisibiliser) sa venue au sommet afin d'éviter de courroucer le président américain. Mais le véritable enjeu de ce sommet sera la capacité des Européens à transformer l’argent en armements pour défendre le flanc oriental du vieux continent contre la Russie malgré un désengagement annoncé des forces américaines.
La déclaration du sommet a été finalisée et validée. Elle fait une page, non parce que Donald Trump n’est pas capable de lire plus, mais parce que le compromis porte sur les sujets essentiels et que les alliés n’ont pas souhaité forcer la main à un président “imprévisible”, capable de claquer la porte et de planter tout le monde. La venue de Trump et de son équipe est restée incertaine jusqu’à l’ouverture du sommet, à cause de la crise au Moyen Orient ou les Etats-Unis se sont engagés militairement aux côtés d'Israël contre l’Iran pour détruire son programme nucléaire.
L’Iran sera la toile de fonds du sommet, mais le sujet est sensible, car il divise les alliés. Le Premier ministre norvégien a accusé les Etats-Unis d’avoir violé le droit international. Une déclaration intempestive de Trump pourrait donner le sentiment que l’Otan est en crise. L’Alliance à des poussées de fièvre et des bouffées d’angoisse. Les dirigeants européens sont conscients du mépris dans lequel Trump tient l’Alliance.
Le président américain vient à la Haye chercher un succès de politique étrangère et tout est mis en scène pour le lui offrir. Les alliés s’engagent à porter leurs dépenses pour la défense de 2 à 5% de leur PIB en 2035, comme l'a exigé Trump, et cela sera porté au crédit du président américain avec emphase et beaucoup de flagornerie par le secrétaire général de l’Otan, le Néerlandais Mark Rutte, véritable “Monsieur Loyal” du grand cirque de La Haye.
La Russie, l’ennemi, sera occultée. La déclaration mentionne la menace que fait peser la Russie sur le long terme pour la sécurité euro-atlantique. C’est tout, nous a-t-on expliqué, et c’est déjà pas mal, car Trump refuse de considérer le président Vladimir Poutine comme un ennemi. Le maître du Kremlin fait pourtant tout pour le provoquer. Ses dernières déclarations montrent sa volonté de s’emparer de l’Ukraine et un narratif est en train d’être développé à Moscou pour envahir les Pays Baltes.
“L’Otan nous forcera à l’attaquer en violant les droits des russophones dans les États baltes d’ici 2028-2030”, a ainsi déclaré le colonel Rustem Klupov, officier du renseignement militaire et 'héros' de la Fédération de Russie, dans une émission de télévision animée par le propagandiste du Kremlin Vladimir Soloviev. “La Russie est déjà en train de construire un casus belli pour envahir les pays baltes. Elle est trop paresseuse pour inventer de nouveaux récits : elle va simplement recycler la vieille ligne de 'l’oppression des minorités russophones', comme elle l’a fait en Ukraine. Ils savent que les États-Unis ne viendront pas en aide à leurs alliés les plus proches”, explique Pekka Kallioniemi, expert des médias sociaux et de la désinformation.
L’affichage du soutien à l’Ukraine a été compliqué. Les diplomates de l’alliance évoquent un “exercice de limitation des dégâts” pour l’inscrire dans la déclaration et “c’est en soi un tour de force”, car les Américains auraient aimé ne parler que des 5% et des objectifs capacitaires. Les Européens ont fait bloc pour inscrire l’Ukraine dans la déclaration finale car les Urainiens se battent contre la Russie et “contribuent ainsi à la sécurité de l’Alliance”. L’Ukraine figure donc dans la déclaration via le soutien financier qui lui est apporté: il “peut être pris en compte” par les Alliés dans le calcul des 5% de leur PIB consacrés à la défense.
La prise en compte du soutien financier et militaire à l’Ukraine avait déjà été agréée par l’Otan pour permettre à certains alliés de parvenir à l'objectif de 2% fixé lors du sommet du Pays de Galles en 2014, a souligné un responsable de l'organisation. “Tous les alliés atteignent l'objectif de 2%, mais “ce n’était pas encore le cas il y a six mois”, a reconnu Rutte. Le soutien à l’Ukraine a permis de remettre dans les clous huit pays: Canada, Italie, Espagne, Portugal, Belgique, Luxembourg, Croatie et Slovénie.
Plus complexe est la manière de rendre Zelensky visible lors de ce sommet. Le président ukrainien ne participe pas à la plénière, mais il est invité au dîner du sommet. Le Conseil Otan-Ukraine se tiendra en revanche au niveau des ministres des Affaires étrangères, donc Marco Rubio pour les Etats-Unis. “Il n’a pas été possible de faire plus”, a déploré un diplomate. Mark Rutte va ménager des rencontres bilatérales pour le président ukrainien, mais tout l’exercice consistera à éviter de faire de l'ombre à Trump.
Ce sommet de l’Otan peut donc paraître bien faible, voire inutile si l’exercice consiste à flatter l’égo du président américain avec des annonces impossibles à concrétiser. Mais en fait, La Haye est un moment important pour les alliés européens, car il va décider de leur capacité à continuer à soutenir l’Ukraine seuls et à remplacer les troupes et les capacités militaires américaines retirées d’Europe. “Le pilier européen de l’Otan doit émerger de ce sommet”, soutient Nathalie Tocci dans son analyse du sommet pour l’European Policy Center.
La décision d’un retrait américain est acquise, même si Mark Rutte soutient le contraire. L’inconnue est son ampleur. La revue de la posture de force américaine sera réalisée à l’été. Près de 100.000 soldats US sont déployés en Europe. La Maison Blanche va-t-elle se contenter de retirer les troupes américaines envoyées en Europe par Joe Biden après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 ? “Si c’est le cas, c’est gérable. Mais plus, c'est compliqué”, a confié un responsable européen.
“S’il y a moins de présence américaine en Europe et que la menace russe est toujours aussi importante, peut-être que certains objectifs que nous nous étions donnés pour 2030 ou 2035 méritent d’être accélérés”, a expliqué le ministre français des Armées Sébastien Lecornu. ”Le président Emmanuel Macron va définir les priorités le 13 juillet”, a annoncé le ministre.
“Le fardeau de la défense de l’Europe est transféré de l’autre côté de l’Atlantique par les Etats-Unis et les Européens doivent passer à l’action. Que cela prenne la forme institutionnelle d'un pilier européen au sein de l'Otan, d'une défense de l'UE ou d'un accord intergouvernemental au sein d'une coalition de volontaires, est théorique et secondaire à ce stade”, estime Tocci.
“L’essentiel est devant nous”, confirme un responsable européen. “L’enjeu va être la capacité de transformer l’argent en capacités militaires”, a expliqué le responsable. “Les pays de l’Otan doivent multiplier par 5 les capacités de défense aérienne, se doter de milliers de chars et de véhicules blindés, produire des munitions d'artillerie par millions d’unités”, a expliqué hier Mark Rutte lors de la présentation des enjeux du sommet. “Nous devons rendre l’Otan plus forte, plus redoutable, plus juste dans le partage des responsabilités”, a insisté Rutte.
“Les Etats-Unis, la Pologne, l’Estonie sont presque à l’objectif”, a soutenu Rutte. Le secrétaire général de l’Otan a soigneusement évité de commenter les positions américaines sur la Russie et l’arrêt du soutien à l’Ukraine. Mais il a volé en défense de Donald sur l’Iran. “Je ne suis pas d’accord de dire qu'il s'agit d’une violation du droit international”. Rutte est dans son rôle pour éviter de froisser le roi Trump et garder les Américains engagés dans l’Otan, car ils demeurent indispensables en Europe.
La citation
“Nous avons deux choix : nous pouvons regarder avec nostalgie l'ancien ordre ou nous pouvons en construire un nouveau avec des objectifs et des partenariats. En tant que pays le plus européen des pays non européens, le Canada se tourne avant tout vers l'UE pour construire un monde meilleur”.
Le Premier ministre canadien, Mark Carney, après le sommet UE-Canada.
OTAN
Un sursis pour Sanchez - Personne au sein de l’Otan ne pense que l’Espagne parviendra à atteindre ses objectifs capacitaires en consacrant seulement 2,1% de son PIB pour sa défense. Rendez-vous est donc pris pour 2029, moment de la clause de révision. “Tous les alliés ont accepté les objectifs capacitaires pour 2035. L'Espagne a accepté ces objectifs. L’Espagne pense y arriver avec 2,1% de son PIB. A l’Otan nous pensons qu’il faut 3,5%. L’Espagne devra rendre des comptes lors de la révision en 2029”. Le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte a été clair lors de son explication du compromis trouvé avec le Premier ministre Pedro Sanchez pour lui permettre de signer aujourd’hui la déclaration du sommet de La Haye avec les objectifs capacitaires et la nécessité de consacrer 5% du PIB pour les financer. Rutte a été tout aussi clair dans ses doutes; “Chaque allié est souverain pour déterminer la manière d’atteindre les objectifs de l’Otan”, a-t-il reconnu. C’était l’argument de Pedro Sanchez. “En 2029, il faudra peut-être relever les dépenses”, a averti Rutte. Sa manière de gérer le problème espagnol a été saluée car “Sanchez pouvait assumer d’aller à la crise”. L'Espagne “n’a pas obtenu un opt-out et rien ne lui a été donné”, a expliqué un responsable de l'Alliance sous couvert de l'anonymat. “Rutte a évité un risque politique car trois au quatre pays auraient pu suivre les demandes de l’Espagne. Or il ne l’ont pas fait”, a souligné le responsable.
Géopolitique
Trump annonce la fin de la guerre de 12 jours entre Israël et l’Iran - “Félicitations à tous ! Il a été pleinement convenu entre Israël et l'Iran qu'un cessez-le-feu complet et total serait instauré, une fois que les missions finales en cours auront été achevées par Israël et l'Iran. Il durera 12 heures, après quoi la guerre sera considérée comme terminée ! “ Le président américain a ainsi annoncé hier sur le réseau Truth la fin des hostilités entre Israël et l’Iran. Le cessez-le feu doit commencer aujourdhui à 06h00 heure de Paris “et la fin officielle de la guerre de 12 jours sera saluée par le monde à ce moment-là”. Trump espère que “tout se déroule comme prévu” et félicite Israël et l'Iran “pour avoir eu l'endurance, le courage et l'intelligence nécessaires pour mettre fin à ce qu'il convient d'appeler «la guerre de 12 jours”. Cette guerre aurait pu durer des années et détruire tout le Moyen-Orient, mais elle ne l'a pas fait”.
Divisés sur l'Iran, les ministres des Affaires étrangères lancent l'alerte sur Ormuz – Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont montré hier toutes leurs divisions après l'attaque des États-Unis contre les installations nucléaires de l'Iran. Avec des tons différents, l'Allemagne et la France ont envoyé un message de fermeté à la République islamique. "L'Europe doit avoir le courage de hisser le drapeau de la paix, de défendre le droit international, de dire non à la guerre et oui à la diplomatie", a répondu le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares. La Haute Représentante, Kaja Kallas, a marché sur une ligne fine lors de la conférence de presse à la fin du Conseil des Affaires étrangères. "L'Iran représente une menace depuis des décennies et l'UE a toujours affirmé que l'Iran ne doit pas être autorisé à développer une arme nucléaire, car cela représenterait une menace pour la sécurité internationale. Mais les actions militaires sont toujours pleines de risques et d'incertitudes", a déclaré Kallas. La Haute Représentante, comme de nombreux ministres, a souligné que la fermeture du détroit d'Ormuz "serait extrêmement dangereuse et ne ferait de bien à personne".
Kallas revendique les canaux de communication ouverts avec l'Iran – La Haute Représentante, Kaja Kallas, ne veut pas renoncer au dialogue avec la République islamique après les bombardements américains, revendiquant des progrès lors de la réunion avec le ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, vendredi à Genève. "L'Iran a dit qu'il était prêt à discuter", a expliqué Kallas, citant le nucléaire, les problèmes de sécurité plus larges, les attaques cyber et hybrides, la détention de citoyens européens, le soutien à la Russie dans la guerre contre l'Ukraine et le programme balistique. Parmi les ministres des Affaires étrangères de l'UE, il y a "un large consensus que nous devons continuer ces discussions, car la diplomatie est le moyen de résoudre ces problèmes à long terme et de faire en sorte que l'Iran n'ait pas d'arme nucléaire. Nous resterons en contact. Les canaux de communication sont ouverts", a déclaré Kallas.
Macron juge illégales les frappes américaines en Iran - “Il n'y a pas de légalité à ces frappes" américaines, a déclaré hier le président français depuis Oslo, en Norvège. “Même si la France partage l'objectif de ne pas voir l'Iran se doter de l'arme nucléaire, nous considérons que c'est par la voie diplomatique que cela peut se faire”, a insisté le président français. Le gouvernement français a par ailleurs condamné la frappe menée contre la prison iranienne où sont détenus deux Français . “La frappe a mis en danger nos ressortissants, Cécile Kohler et Jacques Paris, otages depuis trois ans. C'est inacceptable”, a déclaré le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot. “J’ai demandé de leurs nouvelles et leur libération immédiate à mon homologue iranien. Cécile et Jacques n’auraient pas été touchés par les dommages causés. J’ai exigé un accès consulaire au plus vite. Toutes les frappes doivent maintenant cesser pour laisser place à la négociation et à la diplomatie”.
Aucune punition contre Israël pour les violations des droits de l'homme – Comme nous l'avons annoncé dans la Matinale européenne, les ministres des Affaires étrangères de l'UE se sont limités hier à prendre acte des conclusions de la révision de l'article 2 de l'accord d'association avec Israël : les droits de l'homme sont violés à Gaza et en Cisjordanie, mais pour le moment, il n'y aura pas de conséquences. "Nous contacterons Israël pour présenter nos conclusions et voir comment nous pouvons améliorer la situation sur le terrain", a déclaré Kaja Kallas. La révision de l'accord d'association "n'est pas destinée à punir Israël, mais à améliorer la vie des personnes à Gaza. C'est ce que nous essaierons de faire maintenant. Si la situation ne s'améliore pas, nous pourrons discuter de mesures supplémentaires et revenir sur ce sujet en juillet", a déclaré Kallas.
La Hongrie rejoint la Slovaquie pour bloquer les sanctions contre la Russie – Finalement, la Hongrie a également décidé de menacer de veto le dix-huitième paquet de sanctions contre la Russie pour sa guerre d'agression contre l'Ukraine. "Avec la Slovaquie, nous avons bloqué le dix-huitième paquet de sanctions, tandis que Bruxelles promeut le plan REPowerEU, qui empêcherait les États membres d'acheter du gaz et du pétrole russes. Cela compromettrait la sécurité énergétique de la Hongrie et violerait la décision du Conseil qui nous accorde une exemption de l'interdiction du pétrole russe", a déclaré le ministre hongrois, Peter Szijjarto, au Conseil des Affaires étrangères d'hier. La Slovaquie a expliqué ne pas vouloir donner son feu vert aux sanctions avant le Conseil européen, mais sans exiger d'exemption sur les produits pétroliers russes. Kaja Kallas a réagi avec froideur. "Le fait que la Hongrie bloque un paquet n'est pas une nouveauté, nous l'avons déjà vu dans le passé. Nous travaillons pour le faire approuver. Nous proposons un paquet plutôt fort. Nous verrons quel type de compromis nous devrons faire pour obtenir l'adhésion de tous", a déclaré la Haute Représentante.
Une échappatoire pour l'élargissement à l'Ukraine, procéder à des négociations informelles – La Hongrie continue de bloquer l'ouverture formelle des négociations avec l'Ukraine sur deux séries de chapitres de négociation dans des secteurs où Kyiv a fait des progrès suffisants. Le thème sera discuté par les chefs d'État et de gouvernement au Conseil européen de jeudi, mais personne ne s'attend à convaincre Viktor Orban de renoncer à son veto sur la partie des conclusions liée à l'Ukraine. Comment alors ne pas renier la promesse faite à Volodymyr Zelensky et au peuple ukrainien de progresser sur la base du mérite ? Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a une issue prête : procéder aux négociations, mais de manière informelle, en attendant que la Hongrie lève son veto une fois qu'Orban sera parti ou aura changé d'avis. Comme lors des deux précédents sommets, Costa fera adopter les conclusions par 26 États membres. "Si la situation reste bloquée par le fait qu'il n'y a pas d'unanimité pour prendre une décision formelle, les conclusions à 26 ouvriront la porte à la possibilité de continuer le travail informellement afin que le processus avec l'Ukraine ne s'arrête pas", nous a déclaré un diplomate européen. Costa "voudrait avoir un message plus fort. Mais la réalité est que, pour l'instant, selon la méthodologie approuvée à l'unanimité des États membres, pour avancer dans le processus d'adhésion, nous avons besoin d'unanimité", explique le diplomate.
Guerre commerciale
L'UE face à un accord désavantageux et asymétrique avec Trump – Le Wall Street Journal a révélé ce week-end les détails d'un projet d'accord potentiel entre les États-Unis et l'Union européenne sur les barrières non tarifaires, qui risque de compromettre l'autonomie décisionnelle et normative de l'UE, sans obtenir en échange une suppression des droits de douane imposés par Trump. Le document a été diffusé par le bureau du Représentant américain pour le Commerce. Entre autres, il prévoit que les États-Unis et l'UE entament un dialogue sur la manière de mettre en œuvre le Digital Markets Act en exemptant les géants américains du numérique de sanctions pendant les discussions. L'UE devrait également reporter à nouveau la mise en œuvre de la loi sur la déforestation et coordonner avec les États-Unis la mise en œuvre du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières, exemptant les produits américains. La Commission n'a pas voulu commenter le document du Bureau du Représentant au Commerce. À Bruxelles, presque personne ne croit que Trump acceptera de supprimer le tarif de base de 10 pour cent.
Les États-Unis et la Chine s'invitent au Conseil européen - Capituler ou non face à la menace commerciale de Donald Trump ? Tel est l'un des deux dilemmes que les chefs d'État et de gouvernement devront résoudre lors du Conseil européen de jeudi, après qu'Antonio Costa a décidé d'inscrire à l'ordre du jour une discussion sur la géoéconomie. "Ce sera une opportunité pour les dirigeants de dire où ils voient une possible zone d'atterrissage sur le commerce avec les États-Unis", nous a déclaré un haut fonctionnaire. L'autre thème brûlant de la géoéconomie sera la Chine. Ursula von der Leyen et Antonio Costa se rendront à Pékin en juillet pour rencontrer Xi Jinping lors d'un sommet UE-Chine. La présidente de la Commission a changé de position au moins deux fois au cours des derniers mois sur les relations économiques avec la Chine, en faisant la variable d'ajustement des relations avec les États-Unis. En janvier et février, elle avait ouvert la voie à de possibles accords sur les investissements. Au G7 au Canada, elle avait envoyé un message de fermeté. "Les dirigeants doivent donner une directive claire à von der Leyen avant la mission en Chine", nous a déclaré un diplomate.
L'Italie prête à accepter 10 pour cent de droits de douane de base - Le ministre italien de l'Économie, Giancarlo Giorgetti, s'est déclaré hier prêt à accepter un accord avec l'administration Trump qui maintienne les droits de douane de base sur les importations européennes à 10 pour cent, afin de surmonter la phase d'incertitude déclenchée par la guerre commerciale du président américain contre l'UE. "Les Britanniques viennent de conclure un accord au G7 de Kananaskis sur des droits de douane autour de 10 pour cent et je pense qu'il est impossible pour l'Union européenne d'obtenir de meilleures conditions. Peut-être vaut-il la peine de conclure au plus tôt nous aussi à 10 pour cent", a déclaré Giorgetti dans un message à AmCham Italy. Le ministre italien a critiqué les "processus bureaucratiques compliqués visant à définir au moins un dénominateur commun minimum pour se présenter à la table des négociations" gérées par la Commission en consultation avec les gouvernements. "J'ai souligné à plusieurs reprises que l'incertitude a aussi un prix. Dans la négociation sur les droits de douane, il vaudrait la peine de conclure le plus tôt possible plutôt que de laisser l'incertitude continuer à freiner les échanges et les investissements", a déclaré Giorgetti.
Majorité von der Leyen
Les libéraux et les socialistes contre von der Leyen, l'Italie retire son soutien à la directive contre le "greenwashing" - Les rapporteurs au Parlement européen sur la directive "green claims" ont dénoncé hier la décision de la Commission d'Ursula von der Leyen de retirer sa proposition à la demande du PPE et de l'extrême droite. "Intérêt européen ou de l'extrême droite ?", s'est demandé Sandro Gozi, député européen de Renew. "La Commission a outrepassé son mandat et a entravé les négociations". La proposition “green claims” vise à encadrer les allégations environnementales faites par les entreprises et à lutter contre le greenwashing. Gozi a rappelé que la Commission "n'a pas de pouvoir de veto" et "ne peut pas recevoir d'instructions d'un gouvernement ou d'un groupe politique", mais "nous avons l'impression qu'elle a reçu des instructions de trois groupes politiques". La référence vise le PPE, les Patriotes et les souverainistes de l'ECR qui ont demandé à la Commission de retirer la proposition de directive. "La motivation est surprenante" parce que "le mandat du Parlement européen est d'exempter les micro-entreprises dans le dernier trilogue". Face à l'incertitude, la présidence polonaise de l'UE a annulé la réunion avec les négociateurs du Parlement sur la directive "green claims". L'Italie a annoncé avoir retiré son soutien à la proposition de compromis, faisant perdre la majorité qualifiée au Conseil. Giorgia Meloni offre ainsi à Ursula von der Leyen un prétexte supplémentaire pour annuler la directive contre le greenwashing.
Migrants
Von der Leyen promet de nouveaux financements pour les interceptions de la Libye - La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a promis de nouvelles aides financières et opérationnelles aux autorités libyennes pour intercepter les migrants en mer et bloquer les flux vers l'Union européenne. Dans sa lettre sur les politiques migratoires publiée avant le Conseil européen, von der Leyen revendique des progrès avec une baisse de 21 pour cent des entrées "illégales" dans l'UE au cours du premier semestre de l'année. Mais "la situation est différente en Méditerranée centrale" où "les départs de Libye représentent 93 pour cent des franchissements de frontières illégaux". Sur les migrations, "nous devons maintenir une coopération étroite et continuer à fournir un soutien financier et opérationnel aux autorités libyennes, en particulier en ce qui concerne les opérations de recherche et de sauvetage", a écrit von der Leyen. Derrière l'expression "recherche et sauvetage" se cachent les interceptions en mer menées par la garde côtière libyenne qui, selon plusieurs rapports indépendants, est de mèche avec les trafiquants. Von der Leyen a annoncé une mission du commissaire aux Affaires intérieures, Magnus Brunner, pour rencontrer les autorités de Tripoli et Benghazi. "Il est nécessaire de travailler avec eux, dans une approche d'équipe européenne, pour pouvoir insister sur le renforcement de la gestion des frontières", a écrit la présidente de la Commission.
Le Médiateur ouvre une enquête contre la Commission – Le Médiateur européen Teresa Anjinho a écrit à la Commission pour annoncer une enquête sur deux nouvelles propositions législatives liées à la lutte contre l'immigration irrégulière, car l'exécutif d'Ursula von der Leyen n'a pas procédé à l'évaluation d'impact comme prévu par les règles internes. La plainte avait été déposée par les ONG European Digital Rights (EDRI) et la Plateforme pour la coopération internationale sur les migrants irréguliers (PICUM). Les nouvelles normes, proposées en novembre 2023 et actuellement en phase de négociation entre le Parlement européen et le Conseil, comprennent une directive sur la prévention et la lutte contre l'aide à l'entrée, au transit et au séjour illégaux dans l'UE (directive sur l'aide) et un règlement pour renforcer le rôle d'Europol dans la lutte contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains (règlement Europol). Selon les ONG, l'absence d'évaluation d'impact a poussé la Commission à ignorer les violations flagrantes des droits de l'homme liées à ces deux instruments législatifs. La proposition de directive sur l'aide introduit de nouvelles infractions avec des peines plus sévères, ce qui conduit à une criminalisation accrue des migrants et de ceux qui les aident, sans protéger clairement les actes humanitaires de possibles poursuites pénales.
État de droit
L'Italie et quatre autres pays ne signent pas pour soutenir le #LoveisLove à la Pride de Budapest - Plus de quarante pays et centres culturels ont signé une déclaration à l'occasion du 30e Festival du Pride de Budapest pour soutenir les personnes LGBT en Hongrie, à un moment où elles sont de plus en plus victimes de discriminations et de campagnes hostiles du gouvernement de Viktor Orban. Mais cinq États membres de l'UE, en plus de la Hongrie, manquent à l'appel : l'Italie, la Bulgarie, la Croatie, la Roumanie et la Slovaquie. Que dit la déclaration jugée blasphèmatoire ? "Nous apprécions l'engagement des défenseurs des droits de l'homme, des activistes, des journalistes et des organisations de la société civile qui travaillent pour garantir que tous les individus, indépendamment de leur orientation sexuelle, de leur identité ou expression de genre ou de leurs caractéristiques sexuelles, reçoivent un traitement égal et la pleine protection de la loi", ont expliqué les pays signataires. "Depuis plus de trente ans, la marche de la Budapest Pride a été un symbole de résilience et de progrès, témoignant du rôle fondamental des personnes LGBT dans le développement ultérieur de la démocratie. Alors que la Budapest Pride célèbre cet anniversaire, nous restons fermes dans notre engagement pour un avenir où tous les individus pourront vivre librement, avec amour et fierté. #LoveisLove". Évidemment, pour cinq États membres de l'UE, l'amour ne doit pas être pour tous.
Chaises musicales
Ex-ministre néerlandaise pour le poste de représentante de l'UE pour les droits de l'homme – Le Conseil a nommé hier Kajsa Ollongren, ex-ministre de l'Intérieur et de la Défense des Pays-Bas, au poste de Représentante spéciale de l'UE (RSUE) pour les droits de l'homme. Avec une double nationalité néerlandaise et suédoise, Ollongren a fait partie du parti libéral de gauche D66 et a servi sous les gouvernements dirigés par Mark Rutte. Elle a également été vice-maire d'Amsterdam. La Représentante spéciale de l'UE, travaille en étroite coopération avec la Haute Représentante, Kaja Kallas, à la mise en œuvre de la politique de l'UE en matière de droits de l'homme et à l’élaboration des positions des vingt-sept sur la promotion du respect du droit international humanitaire et au soutien à la justice pénale internationale.
Cela se passe aujourd'hui
OTAN : sommet des chefs d'État et de gouvernement à La Haye
OTAN : les présidents Costa et von der Leyen et le secrétaire général Rutte rencontrent le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en marge du sommet
Conseil des Affaires générales à Luxembourg
Conseil Agriculture et Pêche à Luxembourg
Présidence polonaise de l'UE : réunion informelle des ministres du Tourisme à Varsovie
Commission : le commissaire Brunner à Varsovie participe au Dialogue sur le renforcement de la compétitivité de la sécurité civile de l’UE
Commission : le vice-président Fitto participe à un dialogue sur la mise en œuvre des politiques de cohésion
Commission : le commissaire Sefcovic et le président de la confédération suisse, Ignazio Cassis, signent la déclaration conjointe sur le partenariat
Parlement européen : la présidente Metsola reçoit le Prix De Sanctis Europa
Parlement européen : débat avec Bill Gates à la commission Développement
Banque centrale européenne : discours de la présidente Lagarde au Prix De Sanctis Europa
Banque centrale européenne : discours du chef économiste Lane au Barclays-CEPR Monetary Policy Forum 2025
Eurostat : données sur les prestations sociales aux familles et aux mineurs en 2022