Soutien à l’Ukraine : les illusions meurtrières de l’UE
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Soutien à l’Ukraine : les illusions meurtrières de l’UE
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les Européens se bercent d’illusions sur leur capacité à garder le président américain engagé en Europe et aux côtés de l’Ukraine contre l’agression de la Russie. Des illusions meurtrières. Chaque jour, Vladimir Poutine fait bombarder des villes et tue des civils profitant de ce que Trump bloque les livraisons de munitions pour les défenses sol-air ukrainiennes. Les Européens protestent, menacent, mais ne font rien, car, malgré leurs engagements, ils ne sont toujours pas en mesure de fournir aux Ukrainiens les moyens de se défendre.
“Trump vient d'annoncer la fin des livraisons d'armes à l'Ukraine. La trahison annoncée est désormais totale, la complicité avec Poutine avouée”. Claude Malhuret n’a pas mâché ses accusations lors de son intervention devant le Sénat français le 3 juillet, à la veille de l’indépendance Day aux Etats-Unis. L’ancien ministre a acquis une notoriété certaine de l’autre côté de l’Atlantique après un portrait au vitriol du président américain, dépeint en Néron, l’empereur incendiaire de Rome. Chacune de ses phrases a été une gifle pour les dirigeants européens. “Nous sommes seuls et au pied du mur. Nous avons eu trois ans pour nous préparer à cette éventualité. Nous ne les avons pas mises à profit”, a-t-il accusé. “Nous ne sommes pas prêts. Nous n'avons ni les moyens ni la volonté de prendre le relais et de soutenir comme il faut ceux qui meurent par dizaines de milliers pour se défendre et nous défendre, les Ukrainiens”, a-t-il déploré.
Combien de fois avons-nous rapporté dans la Matinale Européenne les engagements des dirigeants européens à soutenir l’Ukraine “aussi longtemps qu’il le faudra” ? La Haute Représentante Kaja Kallas a même parlé de “soutien jusqu’à la victoire de l’Ukraine”. “L’Europe continuera à se tenir fermement à vos côtés”, a encore promis le 3 juillet la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au président Zelensky lors de sa visite à Aarhus pour le début du semestre de présidence du Conseil de l’UE par le Danemark. Les Etats-Unis venaient alors d’interrompre les livraisons d’armes. Mais dans les faits, que sont devenues les commandes à l’industrie de la défense pour fournir aux Ukrainiens les armements et les munitions nécessaires ? Les capacités de production augmentent, mais les volumes restent encore artisanaux pour les missiles sol-air. “Des mots, des mots… L’article pour lequel l’UE est la plus généreuse”, a amèrement résumé l’ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis Gérard Araud dans un commentaire lapidaire sur la déclaration de von der Leyen. Le doute gagne sur la volonté et la capacité des Européens à agir.
Car rien n’y fait. Les “grands” de l’UE ont exigé de Poutine un cessez-le-feu, lui ont fixé un ultimatum et ont menacé d’adopter des “sanctions dévastatrices”. Poutine a répondu par des vagues de bombardements meurtriers en Ukraine. Trump, après un entretien avec le président russe, a ensuite remisé les sanctions préparées par le sénateur Lindsey Graham et interrompu la fourniture de munitions vitales pour l’Ukraine. Côté UE, les “sanctions dévastatrices” sont bloquées par le Premier ministre hongrois Viktor Orban, cheval de Troie des présidents russe et américain en Europe, ou par le dirigeant prorusse slovaque Robert Fico. Les tentatives pour lever les réserves des deux pays ont jusqu’à présent échoué.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron co-présideront jeudi en visioconférence depuis le Royaume-Uni une réunion des pays "volontaires" pour un renforcement des capacités de défense ukrainiennes face à la Russie, a annoncé l'Elysée.
Donald Trump a pour sa part feint l’ignorance sur le blocage des livraisons de munitions et de missiles sol-air à l’Ukraine après un entretien de 40 minutes vendredi avec Zelensky. Le Congrès avait pourtant approuvé l’aide à l’Ukraine : certains armements, dont des intercepteurs et des missiles air-air, étaient même déjà chargés pour être livrés en Pologne. L’obstruction résulterait d’une décision unilatérale du secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, qui n’aurait informé ni la Maison Blanche, ni le département d’Etat. Faut-il croire cette version ? Problème, c’est la troisième fois qu’il prend une telle “initiative”. Difficile d’imaginer Hegseth agir ainsi à l’insu de la Maison Blanche. Mais avec un tel bouc émissaire, Trump peut assurer à qui veut l’entendre vouloir aider l’Ukraine et ne pas être responsable.
Un narratif chassant l’autre, le président américain n’a pas tardé à retourner sa veste et déclaré finalement possible d'envoyer davantage de systèmes Patriot en Ukraine après une campagne de son journal favori, le New York Post, en faveur de l’envoi de ces armes en Ukraine. “Ils en ont besoin pour leur protection. Je ne veux pas voir des gens mourir”, a-t-il assuré. Le Pentagone a suivi. “À la demande du président Trump, le ministère de la Défense envoie des armes défensives supplémentaires à la nation ukrainienne pour que les Ukrainiens puissent se défendre pendant que nous travaillons à l'instauration d'une paix durable et à l'arrêt des massacres”, a annoncé son porte-parole. Hegseth avait bloqué la livraison de 30 systèmes Patriot PAC 3. Trump en a “libéré” 10.
Le président américain s’est dit dans la foulée “très mécontent” du président russe après leur dernier entretien téléphonique. Vladimir Poutine l’a ridiculisé en mettant en scène sur les réseaux sociaux son obligation de prendre l’appel du président américain: “il ne faut pas le faire attendre, il pourrait le prendre mal”, a-t-il lancé en riant à son auditoire. Trump s’est vengé hier: “Poutine nous balance beaucoup de conneries, si vous voulez savoir la vérité”. Et il a ajouté: “Concernant les sanctions contre la Russie : j'y réfléchis. Le Sénat est en train d'adopter des sanctions très sévères. Et j'y accorde une attention toute particulière”.
Trump et Poutine - maîtres du jeu - mentent sans vergogne sur leurs intentions. Trump ment depuis son retour au pouvoir sur ses intentions d’aider l’Ukraine. Poutine ment à ses interlocuteurs avec des déclarations contraires à son intention affichée de poursuivre la guerre, car il est convaincu de l’emporter. La Chine soutient Moscou, car si la Russie perd sa guerre contre l'Ukraine, “cela pourrait permettre aux États-Unis de tourner toute leur attention vers la Chine”, a expliqué le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, à Kaja Kallas lors de leur rencontre à Bruxelles.
Les opinions publiques se divisent sur un réarmement, surtout s’il impose des ”sacrifices” avec des coupes dans les retraites, les dépenses de santé, l’éducation. Et une partie des Européens, non conscients de la menace, continue de se convaincre que Trump est un allié fiable. “Trump sera toujours aux côtés de l'Ukraine", a ainsi affirmé samedi la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni après un entretien téléphonique avec le président américain. Washington n'a pas abandonné son soutien à Kiev, mais “a suspendu certaines catégories d'aide” et a “révisé la décision sur la fourniture de composants spécifiques, notamment pour la défense antiaérienne, ce qui est important, mais très différent d’un retrait complet”, a voulu détailler Meloni.
La Première ministre danoise se montre plus méfiante sur “l’allié américain” - qui affiche notamment sans complexe sa velléité de s'emparer du Groenland, territoire autonome du Danemark. Mette Frederiksen a appelé les membres de l’UE à “combler le vide” si les Etats-Unis ne fournissent pas les armements promis aux Ukraniens. Mais les Européens ne sont pas en mesure de le faire aujourd'hui et ne seront pas prêts avant des années. L'objectif affiché est un réarmement et des capacités de réactions pour … 2030. “C'est tragique pour l'Ukraine aujourd’hui, c'est tragique pour l'Europe demain”, a déploré Claude Malhuret.
La citation
“Sur l'Europe et la taxe de 10 pour cent :
Je te couperai le bras.
S'il te plaît, ne le fais pas, je t'en prie, je t'en prie.
D'accord, je serai généreux et je te couperai le pouce.
Merci, merci. Tu es si généreux.
(J'espère vraiment me tromper)”.
Olivier Blanchard, ex-économiste en chef du Fonds monétaire international.
Guerre commerciale
Quelques jours de plus de négociations avec Trump – Aujourd'hui nous sommes le 9 juillet, date fixée par Donald Trump pour un accord avec l'Union européenne, sous peine d'imposer des droits de douane de 50 pour cent. Mais aujourd'hui, il pourrait ne rien se passer. Répondant à une question sur l'UE, le président américain a dit hier que "probablement, il manque deux jours à leur lettre". Puis il a précisé que, de son point de vue, "une lettre signifie un accord". La Commission veut conclure les négociations rapidement, si possible avant la fin de cette semaine. En tout cas, avant le Conseil du Commerce qui se tiendra le 14 juillet.
La Commission essaie de sauver l'industrie automobile allemande et de calmer la France – La Commission a informé lundi les ambassadeurs des États membres sur les résultats des derniers entretiens de la semaine dernière avec l'administration Trump. L'offre des États-Unis prévoit l'imposition d'un "droit de douane de base" de 10 pour cent sur tous les produits européens, avec quelques exceptions. La Commission aurait obtenu d'exclure les avions et le vin et les alcools. De plus, elle cherche à éviter des droits de douane de 17 pour cent sur les produits agricoles. Ces concessions sont étroitement liées aux intérêts de la France, l'un des derniers États membres à soutenir un rapport de force et à demander des mesures de rééquilibrage même en cas d'accord avec l'imposition de droits de douane sur les produits américains. La Commission et la majorité des États membres veulent éviter à tout prix une escalade. Preuve en est : la valeur du nouveau paquet de contre-mesures de l'UE, qui pourrait servir d'outil de rééquilibrage, est passée de 90 à 72 milliards d'euros. La Commission négocie un système qui permette aux géants allemands de l'automobile de limiter les dégâts, grâce à un mécanisme similaire aux quotas tarifaires avec un système de crédits pour les véhicules produits aux États-Unis et exportés dans l'UE. L'UE veut également des garanties sur les produits pharmaceutiques. L'administration Trump semble inflexible sur l'aluminium et l'acier.
Géopolitique
Von der Leyen annonce un sommet tendu avec la Chine - Le Parlement européen a débattu hier des relations avec la Chine en vue du sommet qui devrait se tenir le 24 juillet entre Ursula von der Leyen, Antonio Costa et Xi Jinping à Pékin. Dans son discours, la présidente de la Commission a confirmé l'intention de durcir le ton avec la Chine. "La manière dont la Chine continuera à interagir avec la guerre de Poutine sera un facteur déterminant pour les futures relations UE-Chine", a déclaré von der Leyen : "Il est dans notre intérêt de collaborer. Mais nous savons aussi que le soutien inébranlable de la Chine à la Russie crée plus d'instabilité et d'insécurité ici en Europe". Hier, Bloomberg a publié une série de révélations sur la manière dont les entreprises chinoises collaborent avec la Russie pour la production de drones utilisés dans la guerre contre l'Ukraine. Au Parlement européen, la présidente de la Commission a également parlé de risques "à la fois stratégiques et systémiques" pour la sécurité et la compétitivité européennes, dus au fait que "la Chine a un système complètement différent et dispose d'outils uniques pour jouer en dehors des règles". La réalité de la Chine représente "un vrai défi pour l'Europe", a déclaré von der Leyen, confirmant la stratégie de "dé-risquage" (réduction du risque) mais pas de "découplage" (découplage).
Migrants
Team Europe en mission en Libye pour les migrants, arrêtée à la frontière et expulsée – Le commissaire aux Affaires intérieures, Magnus Brunner, était hier en mission en Libye avec les ministres de l'Intérieur de l'Italie, de la Grèce et de Malte pour tenter de faire pression sur les autorités du pays afin de bloquer les départs de migrants vers l'UE. L'esprit était "Team Europe". Mais il n'existe pas d'équivalent "Team Libye". Après l'étape à Tripoli, à l'arrivée à Benghazi, Brunner et les trois ministres ont été arrêtés, déclarés persona non grata et expulsés du pays sur ordre du Premier ministre du gouvernement national de stabilité, Osama Saad Hammad. C'est le chef du gouvernement contrôlé par le général Haftar, qui gouverne la Cyrénaïque à l'est de la Libye et est en conflit ouvert avec le gouvernement de Tripoli. Entre la Grèce et le général Haftar, un contentieux est ouvert sur le mémorandum entre la Turquie et la Libye pour l'exploration pétrolière, qui, selon plusieurs observateurs, est à l'origine de l'augmentation des flux migratoires dirigés vers la Crète.
De Bonino à Brunner, comment les arrestations de commissaires illustrent l'évolution de l'UE – L'Autrichien Magnus Brunner n'est pas le premier commissaire à être arrêté par les autorités locales lors d'une mission officielle. En 1997, l'Italienne Emma Bonino, alors commissaire à l'Aide humanitaire, a été arrêtée en Afghanistan par le régime des Talibans parce qu'avec sa délégation, elle avait photographié des femmes dans un hôpital de Kaboul. La mission visait à évaluer comment les aides humanitaires accordées par l'UE étaient dépensées, avec une attention particulière pour les droits des femmes, l'une des batailles historiques de Bonino. La commissaire et les membres de la délégation ont été libérés après trois heures. La mission "Team Europe" de Brunner avait un tout autre objectif. Convaincre les autorités libyennes d'arrêter les départs de migrants vers l'UE. Tout en étant conscient que les autorités libyennes sont de mèche avec les trafiquants, Brunner a déclaré publiquement qu'il est nécessaire de coopérer avec elles pour empêcher les départs. Dans une lettre avant le dernier Conseil européen, Ursula von der Leyen a promis de nouvelles aides à la Libye. "Nous devons maintenir une coopération étroite et continuer à fournir un soutien financier et opérationnel aux autorités libyennes", a écrit la présidente de la Commission.
Présidence danoise
Von der Leyen et les leaders des groupes absents du débat avec Frederiksen – La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, était hier au Parlement européen pour présenter le programme du Danemark pour le semestre de présidence du Conseil de l'UE. Comme cela arrive souvent, l'hémicycle à Strasbourg était à moitié vide. Plus grave, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et les leaders des groupes politiques n'ont pas participé au débat. A deux exceptions : la socialiste Iratxe Garcia Perez, car elle dirige le groupe de la famille politique de Frederiksen, et le conservateur italien Nicola Procaccini, membre de Fratelli d’Italia, co-président du groupe ECR, intervenu à titre personnel. Ursula von der Leyen a laissé sa place à Maros Sefcovic. Le débat sur les priorités européennes s'est ainsi transformé en un débat très danois. Dans un passé pas très lointain, un président de la Commission et les présidents des groupes du PPE, des libéraux et des verts n'auraient manqué pour aucune raison d'intervenir sur les priorités de la présidence du Conseil. Le Parlement européen, qui se plaint si souvent d'être ignoré par les autres institutions, ne fait pas honneur à lui-même avec le spectacle offert hier à Frederiksen.
Frederiksen applaudie un peu à droite, un peu à gauche – Le discours et la réplique de Mette Frederiksen au Parlement européen n'ont pas été accueillis avec des applaudissements politiquement stéréophoniques. La Première ministre danoise l'a reconnu elle-même, s'interrompant plusieurs fois pour demander ironiquement aux députés de se coordonner entre la droite et la gauche de l'hémicycle. Les socialistes, les libéraux et les verts ont applaudi les passages de la Première ministre danoise favorables à une Europe plus forte, à la transition verte et à la préservation de l'État-providence. Le PPE et les groupes de la droite souverainiste et extrême ont applaudi les dures paroles de Frederiksen sur la politique migratoire et sa volonté de simplifier les règles pour les entreprises. "Nous avons eu beaucoup de soutien, pas sur tous les thèmes de la part de tous les groupes ensemble", a reconnu la Première ministre danoise lors d'une conférence de presse avec Roberta Metsola, exprimant la volonté de "travailler ensemble avec le Parlement et le Conseil sur 'Europe, Europe, Europe'".
Le Danemark face à des difficultés sur le Green Deal - Mette Frederiksen n'a pas caché hier que les ambitions de la présidence danoise sur la politique climatique risquent de rester déçues. "Toutes les décisions vertes seront malheureusement difficiles dans les six prochains mois. Je dis malheureusement parce que je crois vraiment que nous devons combattre le changement climatique", a déclaré la Première ministre danoise. "Nous avons démontré au Danemark que l'on peut avoir des ambitions élevées et réaliser la transition verte sans détruire l'équilibre social de son pays. Des milliers de personnes vont au travail grâce à la transition verte", a expliqué Frederiksen. La Première ministre danoise a également critiqué certains des autres chefs d'État et de gouvernement. "Certains collègues oublient que combattre le changement climatique doit être une de nos priorités", a déclaré Frederiksen.
Le Danemark reste frugal sur tout sauf le réarmement - Mette Frederiksen a annoncé la sortie du Danemark du groupe des pays frugaux, mais hier elle a confirmé que la conversion à la dette commune se limite au secteur de la défense. "Ma priorité absolue est de réarmer l'Europe", a déclaré la Première ministre danoise lors d'une conférence de presse avec Roberta Metsola. "La Russie veut continuer la guerre non seulement en Ukraine, mais aussi contre certaines parties de l'Europe". Face à cette menace, "il faut être pragmatique" sur les modalités pour financer le réarmement. "Je suis consciente que le point de départ de nos États membres est différent lorsqu'il s'agit de financer les 5 pour cent", a déclaré Frederiksen. La Première ministre danoise a promis d'être "plus flexible et pragmatique" sur les financements européens et les instruments de dette, mais "pour moi, cela est lié au réarmement de l'Europe et non à d'autres questions".
Majorité Ursula
Les socialistes insatisfaits des promesses de von der Leyen sur le budget – Voter contre la motion de censure de jeudi ou s'abstenir pour montrer leur mécontentement envers la présidente de la Commission ? Le groupe socialiste n'a pas encore pris de décision. Il ne le fera que cet après-midi. Une réunion de la Conférence des présidents avec Ursula von der Leyen sur la proposition qu'elle présentera la semaine prochaine sur le cadre financier pluriannuel n'a pas convaincu la présidente des socialistes, Iratxe Garcia Perez. La rencontre a été "loin d'être satisfaisante", nous a dit une source socialiste. Von der Leyen n'a offert ni clarté ni engagements clairs, faisant seulement des références vagues aux priorités des socialistes. "Si rien ne change, il sera difficile pour les socialistes de décider de ne pas s'abstenir jeudi" sur la motion de censure, nous a dit notre source. Même parmi les libéraux de Renew, le climat envers von der Leyen est négatif. "Personne ne parle plus de coalition. Il n'y en a plus", nous a dit une de leurs sources. Certains libéraux pensent s'abstenir sur la censure. En tout cas, ils ne veulent pas que leur vote soit interprété par von der Leyen et le PPE comme une expression de confiance.
Les socialistes contre l'omnibus pour la Chimie – La Commission a présenté hier un plan d'action pour l'industrie chimique, qui inclut un nouveau paquet de simplification pour le secteur. "La chimie est la mère de toutes les industries, avec plus de 96 pour cent des biens produits qui dépendent de la chimie. Le plan d'action est notre plan d'affaires pour assurer l'avenir de ce secteur critique en Europe", a déclaré le vice-président Stéphane Séjourné. Mais le plan a été durement critiqué par le groupe des socialistes au Parlement européen, dans un nouveau signe de rupture au sein de la majorité qui soutient Ursula von der Leyen. "Sous prétexte de simplification, la proposition réduit les protections fondamentales pour la santé et l'environnement dans plusieurs secteurs clés de la législation de l'UE en matière de substances chimiques", ont déclaré les socialistes, accusant la Commission d'avoir "cédé aux intérêts industriels de court terme". Selon les socialistes, la proposition facilite l'utilisation de substances cancérigènes dans les cosmétiques d'usage quotidien, affaiblit les exigences d'étiquetage des dangers pour les produits vendus au public et réduit les contrôles de sécurité sur les substances utilisées dans les engrais.
Les objectifs 2040 entre les mains de l'extrême droite - Le groupe d'extrême droite des Patriotes pour l'Europe a obtenu hier le rôle de rapporteur à la commission Environnement du Parlement européen pour les objectifs de réduction des émissions pour 2040 proposés la semaine dernière par la Commission. "L'objectif est de tenter de bouleverser l'énième mesure idéologique qui représente un grave dommage pour les entreprises, les travailleurs et les consommateurs", a déclaré la députée européenne italienne Silvia Sardone, coordinatrice des Patriotes à la commission Environnement. Le danger est un blocage sur une mesure urgente, étant donné la nécessité de trouver un accord avant la COP30 qui se tiendra au Brésil en novembre. Selon le député européen français de Renew, Pascal Canfin, le coup de force des Patriotes "forcera les groupes pro-européens à collaborer pour amener cette proposition clé à un accord avant la COP30 de Belém". En réalité, tout dépendra de la position que le PPE adoptera sur les objectifs 2040.
Souverainistes
Le Parquet européen a ouvert une enquête contre l'ancien groupe de l'extrême droite – Un porte-parole du Parquet européen a confirmé hier à divers médias l'ouverture d'une enquête contre l'ancien groupe de l'extrême droite au Parlement européen, Identité et démocratie, dont faisaient partie le Rassemblement National et la Ligue, réunis pour la nouvelle législature dans le groupe des Patriotes pour l'Europe avec Vox et Fidesz. Un rapport réservé de la direction générale des finances du Parlement européen – selon ce qui a été révélé par Le Monde, Die Zeit, Falter et Kontraste – accuse le groupe de l'extrême droite d'avoir dépensé de manière irrégulière au moins 4,33 millions d'euros de fonds mis à disposition par l'institution. Plus de 700 000 euros sont allés en cinq ans à des associations sans but lucratif, dont certaines sont liées aux partis nationaux qui faisaient partie du groupe Identité et démocratie. Le rapport indique des irrégularités également dans des contrats pour plus de 3,6 millions d'euros souscrits avec quatre sociétés qui ont fourni des services externes, en particulier dans le secteur de la communication. Parmi ceux-ci, il y a Unanime et E-politic, deux fournisseurs historiques du Rassemblement National de Marine Le Pen. Les deux autres fournisseurs de services sont liés à un élu local d'Alternative pour l'Allemagne et à la FPÖ autrichienne.
Green Deal
Les décès dus à la chaleur extrême triplent – Les températures extrêmes provoquées par le changement climatique tuent de plus en plus. 317 décès à Milan, 286 à Barcelone, 235 à Paris, 171 à Londres, 164 à Rome, 108 à Madrid, 96 à Athènes, 47 à Budapest, 31 à Zagreb, 21 à Francfort, 21 à Lisbonne et 6 à Sassari : selon une étude menée par des scientifiques de l'Imperial College de Londres et de la London School of Hygiene & Tropical Medicine, le changement climatique causé par l'homme a triplé le nombre estimé de décès liés à la chaleur entre le 23 juin et le 2 juillet dans 12 villes européennes. L'étude estime qu'environ 2 300 personnes sont mortes à cause des températures extrêmes dans toutes les villes. Selon l'étude, les personnes âgées de 65 ans et plus ont représenté 88 pour cent des décès liés au changement climatique. Le nombre estimé de victimes de la chaleur extrême dans certaines villes européennes est supérieur à celui d'autres catastrophes récentes, y compris les inondations de Valence en 2024 (224 morts) et les inondations de 2021 en Europe du Nord-Ouest (243 morts). Les vagues de chaleur sont des "tueurs silencieux", a déclaré Malcolm Mistry, professeur associé à la London School of Hygiene and Tropical Medicine.
Numérique
Demain arrive le "code de bonnes pratiques" pour l'intelligence artificielle – Sauf surprises, demain la Commission présentera le "code de bonnes pratiques" prévu par la Loi sur l'Intelligence Artificielle (AI Act). Le document devait être présenté le mois dernier en avril, mais les pressions internes de certains États membres et celles externes des États-Unis ont poussé la Commission à retarder la publication. Mais le temps pressait : le chapitre V de l'AI Act entrera en vigueur le 2 août. Le "code de bonnes pratiques" indique comment appliquer les nouvelles règles dans des secteurs comme la transparence, le droit d'auteur et la gestion du risque et de la sécurité. L'adhésion pour les fournisseurs de modèles d'IA est volontaire. La Commission évalue si elle doit publier la liste des premiers signataires, car un nombre trop faible ou l'absence de grands acteurs de l'IA pourrait projeter une image négative.
Cela se passe aujourd'hui
Parlement européen : session plénière à Strasbourg (débats sur les conclusions du Conseil européen; le nouveau cadre financier pluriannuel; les leçons de la Pride de Budapest; les négociations commerciales UE-USA; la préparation de la saison des incendies; l'accord de paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda; les résultats de la Conférence de Séville sur le Développement; le 51ème anniversaire de l'invasion turque de la République de Chypre; les cas de violation des droits humains à Dubai, en République centrafricaine et en Syrie)
Commission : le commissaire Dombrovskis à Rome rencontre le gouverneur de la Banque d'Italie, Fabio Panetta, et le ministre de l'Économie, Giancarlo Giorgetti.
Commission : le commissaire Kubilius participe au dîner Yes à Rome.
Commission : la vice-présidente Šuica visite l'Union pour la Méditerranée à Barcelone.
Conseil : réunion du Coreper I et II.
Cour de justice de l'UE : jugements sur le brevet du Cube de Rubik; jugement sur un recours de l'ex-eurodéputée Eva Kaili pour l'accès à des documents du Parlement européen dans une affaire de fraude avec les fonds des assistants.
Banque centrale européenne : discours du chef économiste Philip Lane à la Maison de l'Euro à Bruxelles.
OTAN : le secrétaire général Rutte en Allemagne rencontre le chancelier Friedrich Merz.
Eurostat : données sur l'asile et les migrations en 2024.