Washington voit d’un mauvais oeil la volonté de l’UE de s'émanciper
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Washington voit d’un mauvais oeil la volonté de l’UE de s'émanciper
La volonté d’émancipation de l’UE pour son réarmement et ses approvisionnements déplaît aux Etats-Unis. L’Otan renouvelle sa doctrine du Non aux trois D: pas de Découplage, pas de Discrimination, pas de Doublon. Les think-tank américains pointent les faiblesses de l’industrie européenne pour juger la démarche européenne inutile, prônent la poursuite des achats d’armements aux États-Unis et des coopérations avec l'industrie américaine. L’Union va-t-elle renoncer à sa souveraineté et accepter la vassalisation ou s’engager résolument sur la voie du “changement radical” préconisé dans son rapport par l'ancien président de la Banque Centrale Européenne Mario Draghi ?
Les chiffres sont éloquents: chaque année, environ 300 milliards d’euros de l'épargne des européens sont investis aux Etats-Unis. A cela s’ajoutent les milliards dépensés pour les achats en armements américains – environ 50 milliards d’euros par an – et en énergie, car l’UE achète aux Etats-Unis 20% des ses importations de gaz et 15% de son pétrole. Ces montants pourraient être investis en Europe, pour développer les sources d’énergie propre et les capacités industrielles, notamment dans la Défense. Mario Draghi a chiffré les besoins à 800 milliards d'euros par an.
L’idée déplaît aux Américains. Ils ont fait monter au créneau le secrétaire général de l’Otan , le très pro-américain Norvégien Jens Stoltenberg. “L'industrie européenne n’est pas compétitive. Elle est trop fragmentée. Les coûts vont augmenter”, a-t-il soutenu dans une allocution devant les invités du German Marshall Fund of the United States pour ses adieux avant de passer le témoin au Néerlandais Mark Rutte. “Nous soutenons les efforts des Européens à partir du moment où ils ne doublent pas et ne concurrencent pas ceux de l'Alliance”, a-t-il averti.
L’idée a été relayée par le CEPA, un think tank américain. “Le Continent doit accepter qu’il ne peut pas tout faire seul et devrait plutôt chercher à travailler avec les entreprises de défense américains, beaucoup plus grandes”, soutient Colby Badhwar, un chercheur américain dans une analyse publiée par “Europe Edge”, la revue en ligne du Center for European Policy analysis. “C’est typiquement le genre d’argumentation qui incite les mieux prédisposés à la coopération transatlantique (j’en suis) à faire un gigantesque bras d’honneur à nos amis américains”, a réagi Bruno Tertrais, directeur de la Fondation pour la Recherche Stratégique, le principal think-tank français sur les questions stratégiques et la défense.
Mais l’Union européenne a -t-elle vraiment les moyens de ses ambitions et la volonté politique de les mettre en oeuvre ? La réponse doit être donnée par la capacité de la Commission européenne de faire des propositions et des dirigeants des pays de l’UE de les accepter. Ce ne sera pas facile. La plupart des Etats de l’UE membres de l’Otan, ils sont 23, sont très attachés au lien transatlantique et au parapluie américain pour leur protection. Ils ont été échaudés par la présidence de Donald Trump, puis par le protectionnisme affiché par l’administration de Joe Biden pendant la crise provoquée par la Covid. Mais ils ont été choqués par la sortie d’Emmanuel Macron sur la “mort cérébrale” de l’Otan et ne se rallient pas facilement au concept de souveraineté ou autonomie stratégique défendu par le président français. Les recommandations de Mario Draghi les ont tirés de leur torpeur, mais l’attentisme prévaut jusqu'au résultat de l'élection présidentielle américaine.
“L'industrie de la défense a besoin d'investissements massifs pour rattraper son retard", soutient l’Italien. Mais l’UE bloque sur le nerf de la guerre. Les gouvernements allemand et néerlandais ont opposé une fin de non recevoir à la proposition d’un nouveau grand emprunt commun. Les “frugaux” de l’UE sont souvent les membres de l’Otan les plus rétifs sur leurs dépenses pour la défense. Seize États européens membres de l'Otan dépensent 2 % ou plus de leur PIB pour la défense – l'Allemagne et les Pays-Bas sont à 2,1% comme la France - mais souvent la part consacrée aux achats de capacités est faible. Moins de 20% des dépenses. Or c’est sur ce poste que le commandement militaire de l’Alliance insiste. Consacrer l’essentiel de ses dépenses aux traitements et retraites et au fonctionnement n’aide pas à la protection du vieux continent. Si les États en dessous de ce seuil voulaient rattraper cette année leur retard, les dépenses augmenteraient de 60 milliards d'euros.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie et les menaces proférées par le Kremlin ont réveillé les Européens. Mais les dépendances des États européens vis-à-vis de l’industrie américaine se sont accrues depuis le début de la guerre en Ukraine. En 2023, le volume d’importation de technologies militaires américaines a doublé : 78 % des armements achetés par les États européens ont été importés d’États se situant à l’extérieur des frontières de l’Union, dont près des deux tiers (63 %) des États-Unis. “Dans son rapport sur la compétitivité de l’Union, Mario Draghi rappelle que l’ensemble des avions de combat qui a été produit en Europe — Eurofighter, Rafale, Gripen — ne représente qu’un tiers de la flotte des armées de l’air des États européens qui sont encore constituées pour les deux tiers d’entre elles par des avions produits aux États-Unis tels que le F-35”, souligne le chercheur Samuel B.H. Faure dans une analyse publiée par la revue le Grand Continent.
L’autonomie stratégique de l’Europe est-elle une illusion ? “Cette dépendance transatlantique des États européens aux entreprises et à l’administration américaine est un problème politique dans un contexte de guerre aux frontières de l’Union contre une puissance nucléaire qui accroît la demande industrielle, mais aussi d’instabilité politique aux États-Unis”, avertit Samuel Faure.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a créé un poste de commissaire à la Défense, confié à l’ancien Premier ministre lituanien Andrius Kubilius. Mais la commission n’a aucune compétence en matière de défense. Quel sera le rôle du commissaire lituanien ? Quels seront ses moyens d’action, ses leviers ? Saura-t-il défendre et augmenter le budget du Fonds Européen pour la Défense (FED) ? M. Kubilius a été chargé par Ursula von der Leyen de préparer un “livre blanc sur la défense”. Il aura 100 jours à compter de sa prise de fonction, s’il passe avec succès son audition devant le Parlement européen. Le Lituanien a déjà fait part de ses idées: il appelle à la constitution obligatoire de stocks de munitions et souhaite que les États membres empruntent conjointement pour financer les projets de bouclier anti-missile et un système de cyberdéfense. Rien de bien neuf. Le Français Thierry Breton, proposé par Emmanuel Macron pour un second mandat, a formulé les mêmes propositions et aurait dû poursuivre sur cette voie avec les industriels de l’UE si Ursula von der Leyen ne l’avait pas refusé au dernier moment pour incompatibilité d’humeur.
Andrius Kubilius risque d’être confronté aux problèmes rencontrés par ses prédécesseurs. Les entreprises du secteur de la Défense dans l’UE sont des champions nationaux. Elles ne disposent pas de débouchés commerciaux suffisants auprès de leur état client et leurs capacités de production ne sont pas suffisamment performantes pour répondre à une demande croissante. Le tournant sera le prochain budget pluriannuel de l’UE pour la période 2027-34. La Commission doit formuler ses propositions en 2025. “Le budget annuel de l’Union correspond actuellement à un peu plus de 1% du PIB des 27 États membres, autour de 170 milliards d’euros, soit approximativement le budget de l’Autriche. Tripler ce montant en visant une cible de 3 % du PIB des 27 paraît être un objectif à la fois ambitieux et réaliste pour “cranter” des ressources supplémentaires afin d’activer une série de transformations politico-institutionnelles par le truchement, entre autres, du Fond Européen de Défense”, plaide Samuel Faure. Ce sera impossible avec les seules contributions nationales, avertissent les représentants des Etats membres. Il faudra trouver d'autres moyens de financement ou bien renoncer à certaines ambitions.
La citation
"Totalement irresponsable".
Antony Blinken, secrétaire d'État américain, au sujet des menaces nucléaires de Poutine.
Autriche
Le parti d'extrême droite de Kickl en quête de victoire électorale - Après les Pays-Bas et l'Italie, l'heure de l'Autriche a-t-elle sonné ? Demain, les Autrichiens se rendront aux urnes et les sondages indiquent une victoire probable du parti d'extrême droite FPO, dirigé par Herbert Kickl, avec près de 30 % des intentions de vote. Les scandales qui ont conduit à la chute du FPO ont été oubliés. Le conspirationnisme, l'identitarisme et la rhétorique raciste et xefonobophobe ont été normalisés. Lors de la campagne électorale, Kickl n'a pas hésité à promettre "l'homogénéité du peuple". Le virage à droite des chrétiens-démocrates de l'OVP, dirigés par le chancelier Karl Nehammer, n'a pas stoppé la progression de l'extrême droite. Selon les sondages, l'OVP se maintient autour de 25 %. Les sociaux-démocrates du SPO d'Andreas Babler sont en troisième position avec un peu plus de 20 %, tandis que les Verts sont en chute libre, à moins de 10 %, après la coalition gouvernementale avec l'OVP. Si les sondages sont confirmés, M. Nehammer devra décider après le vote s'il retourne à une coalition avec le FPO, comme à l'époque du chancelier Sebastian Kurz, ou s'il opte pour la formule plus traditionnelle de la grande coalition. M. Nehammer a exclu de soutenir M. Kickl en tant que chancelier, mais pas de former une alliance avec l'extrême droite.
Catalogne
La Cour de justice rejette les recours de Puigdemont et Comin - La Cour de justice de l'Union européenne a rejeté hier le recours introduit par les deux indépendantistes catalans, Carles Puigdemont et Antoni Comin, contre le refus du président du Parlement européen de reconnaître leur statut d'eurodéputés en juin 2019, après que la commission électorale espagnole a omis de notifier leurs noms dans la liste des candidats élus aux élections européennes. Selon la Cour, le président du Parlement européen (qui était à l'époque Antonio Tajani) ne pouvait pas s'écarter de la liste des députés européens élus officiellement notifiée par l'Espagne et n'avait pas compétence pour vérifier l'exactitude de cette liste, sous peine de violer la répartition des compétences entre l'UE et ses États membres. Cet arrêt pourrait avoir des conséquences pour Antoni Comin, qui a été réélu député européen lors des élections du 9 juin. La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, n'a pas reconnu son statut d'eurodéputé pour les mêmes raisons en 2019.
Hongrie
Le conseiller d'Orban dans la tourmente parce qu'il est prêt à être envahi par la Russie - Le principal conseiller de Viktor Orban, également considéré comme l'un des idéologues du premier ministre hongrois, s'est retrouvé dans la tourmente après avoir déclaré que la Hongrie se laisserait envahir par la Russie sans opposer de résistance comme l'Ukraine, compte tenu des leçons tirées du soulèvement écrasé par les Soviétiques en 1956. "Chaque pays a le droit de décider de son propre destin", a déclaré Balazs Orban (sans lien de parenté avec le premier ministre). "Mais sur la base de 1956, nous n'aurions pas fait ce que le président Zelensky a fait il y a deux ans et demi, car c'est irresponsable. Selon Balazs Orban, les "précieuses vies hongroises" doivent être préservées et non sacrifiées pour défendre le pays. Le chef du parti d'opposition le plus puissant, Peter Magyar, a accusé le conseiller de M. Orban d'"humilier la mémoire de milliers de combattants hongrois pour la liberté, dont des centaines - contrairement à Balazs Orban - étaient prêts à sacrifier leur vie pour la liberté et l'indépendance de leur pays". M. Magyar a demandé la démission de Balazs Orban.
Géopolitique
Biden convoque les soutiens de l’Ukraine pour un “sommet” en Allemagne en octobre - "Je convoquerai une réunion au niveau des dirigeants du Groupe de contact pour la défense de l'Ukraine en Allemagne le mois prochain pour coordonner les efforts de plus de 50 pays soutenant l'Ukraine dans sa défense contre l'agression russe», a annoncé hier le président américain. Joe Biden est attendu en Allemagne le 10 octobre pour une visite de plusieurs jours. Le groupe dit de ”Ramstein”, du nom d’une base américaine en Allemagne, a été créé et est dirigé par les Etats-Unis. Il réunit notamment les 32 pays de l’Otan dont 23 sont membres de l’UE, et d’autres soutiens, mais l’Alliance n'est pas partie aux discussions qui sont centrées sur la coordination de l’aide militaire fournie à l’Ukraine. Joe Biden a fait part de sa décision de convoquer ce sommet après avoir annoncé l'octroi à Kiev d’une nouvelle aide militaire substantielle d’un montant de 7,9 milliards de dollars comprenant une batterie supplémentaire de défense aérienne Patriot, d'autres capacités de défense aérienne et des intercepteurs, des drones, des missiles à longue portée et des munitions air-sol, ainsi que des fonds pour renforcer la base industrielle de défense. “Les États-Unis apporteront à l'Ukraine le soutien dont elle a besoin pour gagner cette guerre”, a affirmé Joe Biden. Le message du président américain est devenu plus incisif avec la volonté d’aider Kiev à “gagner” Le sommet à Ramstein pourrait décider la levée des restrictions imposées pour l'utilisation des armements fournis par les alliés. Le président Volodymyr Zelensky veut pouvoir utiliser les missiles à longue portée pour frapper en profondeur sur le territoire de la Russie les bases militaires et les installations utilisées pour bombarder l’Ukraine. Le président russe Vladimir Poutine appréhende cette décision et a menacé d’utiliser l’arme nucléaire en cas de “lancement massif de moyens d'attaque aérospatiaux –avions, missiles de croisière, drones et avions hypersoniques– et leur franchissement de la frontière de notre État”.
Donald Trump soutient les revendications de Poutine - Candidat pour un nouveau mandat, l'ancien président américain a ouvertement lâché le président Zelensky après avoir été froissé par ses critiques sur ses capacités à mettre un terme à la guerre menée par la Russie . "Le président de l'Ukraine est dans notre pays et il fait de vilaines remarques à l'encontre de votre président préféré" a-t-il lancé au cours d'une réunion politique à Charlotte,en Caroline. Il a accusé le président ukrainien de refuser de conclure un accord avec Moscou et a répété sa volonté de cesser tout soutien américain s’il est élu. Donald Trump a accusé le président Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris, sa rivale pour la présidentielle, d’avoir encouragé la poursuite de la guerre en aidant l’Ukraine à se défendre au lieu de l'inciter à céder les territoires annexés par la Russie. “Trump ne cesse de durcir sa rhétorique à l’encontre de l’Ukraine. Les Européens sont avertis. S’il est élu le 5 novembre, ils devront trancher dès le lendemain : se mobiliser enfin ou dans les faits accepter la défaite”, estime l'ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis Gérard Araud dans un commentaire sur X.
La Belgique demande l'interdiction des importations de gaz liquéfié russe - La Belgique est l'une des plaques tournantes de l'importation et de la réexportation de gaz russe liquéfié (importé dans des méthaniers) vers l'Europe. Lorsque le 14e train de sanctions contre la Russie entrera en vigueur, l'UE interdira les réexportations, les transbordements et le ravitaillement des navires en gaz russe destiné à des pays tiers, mais pas les importations directes, ce qui laissera une échappatoire aux navires fantômes qui continueront à commercialiser du gaz russe. Tinne Van der Straeten, ministre belge de l'énergie a demandé, dans une interview accordée au Financial Times jeudi, que le paquet de sanctions comprenne également une interdiction des importations de gaz russe arrivant par bateau. Les entreprises importatrices font valoir qu'elles ont conclu des contrats à long terme avec leurs partenaires russes et qu'elles ne peuvent y mettre fin prématurément sans risquer des conséquences juridiques. Son homologue néerlandaise Sophie Hermans demande la même chose, car elle affirme que le cadre juridique national ne lui permet pas d'approuver une telle interdiction. En Espagne, pendant des mois, la ministre de la Transition écologique et future vice-présidente de la Commission européenne, Teresa Ribera, a demandé en vain aux entreprises de cesser d'exporter du gaz russe. Elles ont fait valoir le même argument que les compagnies belges et néerlandaises, à savoir qu'il était impossible de rompre ces contrats. La balle est maintenant dans le camp des services juridiques de la Commission européenne, qui devront se creuser la tête pour trouver une faille juridique permettant une telle interdiction. Et obtenir l'aval des 27, mais c'est une autre histoire.
Liban, Borrell accuse le conseil de sécurité de l’ONU d’être inutile - Le Haut représentant de l’UE pour l’action extérieure n’a pas mâché ses mots pour dénoncer l’incapacité des Nations Unies à faire respecter ses résolutions dans une intervention emprunte d'émotion consacrée à la situation au Liban où Israël contraint des centaines de milliers de personnes à fuir les zones où il bombarde les infrastructures du Hezbollah. “Excusez moi, mais parfois je me demande s'il ne serait pas mieux de parler du Conseil de l’insécurité qui enregistre les crises, les récriminations et les griefs, sans les résoudre . Et quand ils (ses membres) se mettent d'accord sur quelque chose, ils ne sont pas capables de le mettre en œuvre. Quelle tragédie”, a-t-il déploré. “Il existe une base juridique pour régler le conflit israélo-libanais. Et cette base, vous le savez, c’est cette fameuse résolution 1701. Le petit problème, c’est qu’elle a été approuvée il y a plus de 20 ans. 20 ans, sans être mise en œuvre”, a-t-il rappelé. “S’il vous plaît, essayons d'appeler unanimement à la suspension des hostilités le long de la Ligne Bleue et à la mise en œuvre de cette fameuse Résolution 1701. Que pouvons-nous faire d'autre ? Au moins, mettons-nous d'accord sur ce point et essayons de le mettre en œuvre”, a-t-il plaidé. “Nommer les choses est essentiel. Il faut donner un nom aux choses, car refuser de nommer les choses ne fait qu'aggraver la pire des tragédies”, a-t-il conclu.
Coulisses
Un salaire de conte de fées en dérogation pour le professeur d'Ursula - Ursula von der Leyen a démontré lors du PieperGate, le scandale révélé par Mattinale sur la nomination d'un membre de son Cdu MEP comme envoyé spécial pour les PME, sa gestion nonchalante des ressources humaines. Une autre affaire a émergé hier, après que Politico.eu a révélé la rémunération accordée au professeur Peter Strohschneider pour présider le Dialogue stratégique sur l'avenir de l'agriculture : 150.000 euros, le maximum possible, avec l'attribution du plus haut grade de l'administration européenne. Rien d'anormal, disent les porte-parole de la Commission, qui n'ont pas manqué de souligner que les 150 000 euros sont un plafond, dont il faut déduire les jours non travaillés et les impôts (versés au budget de l'UE). Mais c'est l'attribution du grade AD16 - celui de secrétaire général - qui fait peser le soupçon d'une intervention directe de Mme von der Leyen pour favoriser le professeur allemand de son choix. La réglementation relative aux conseillers spéciaux de la Commission prévoit le versement d'un traitement équivalent à celui d'un fonctionnaire de grade AD9, AD10 ou AD12 : "Toutefois, la Commission peut s'écarter de ces niveaux dans des cas exceptionnels et dûment justifiés. Le niveau d'affectation des conseillers est déterminé par le membre de la Commission en fonction des tâches qui leur sont confiées et de leur expérience professionnelle", précise le règlement intérieur. En résumé, c'est Mme von der Leyen qui a décidé de payer Strohschneider beaucoup plus que la normal.
Pas de commissaire au Conseil Compétitivité - Les ministres de l'industrie de l'UE se sont réunis hier pour discuter du rapport de Mario Draghi sur l'avenir de la compétitivité européenne en l'absence de son auteur. M. Draghi avait été invité par la présidence hongroise du Conseil de l'UE, mais a décliné l'invitation en raison d'engagements antérieurs. Il convient également de noter l'absence de la Commission. Aucun des membres du collège présidé par Ursula von der Leyen n'a assisté à la réunion du Conseil Compétitivité. En théorie, c'était le tour de Thierry Breton, mais il a démissionné il y a onze jours. Ursula von der Leyen a confié sa délégation à Margrethe Vestager, qui est toutefois en déplacement au Canada. La présidence de la Commission au Conseil est restée vide. Pourtant, certains gouvernements avaient des exigences spécifiques à l'égard de l'exécutif européen. Le ministre italien, Adolfo Urso, a demandé à la Commission d'avancer la révision du règlement sur les voitures à zéro émission à 2025.
Médiateur
Fin du mandat du Médiateur O'Reilly - Lundi prochain, le mandat d'Emily O'Reilly, le Médiateur de l'UE, qui a débuté le 1er octobre 2013, prendra fin. Et quel mandat ! Avec ses enquêtes et ses investigations sur le manque de transparence et la mauvaise gestion, Emily O'Reilly a fait preuve d'un grand discernement dans la gestion des autres administrations par leurs dirigeants politiques. Elle le doit en partie à sa formation de journaliste, comme elle l'a elle-même reconnu. "Nous avons accru notre pouvoir d'investigation de notre propre initiative, renforcé par la suite par le nouveau statut, en sensibilisant et en proposant des solutions aux problèmes des accords commerciaux opaques de l'UE, de l'équilibre géographique, de genre et d'intérêt des groupes d'experts conseillant la Commission, de l'accessibilité des informations de base sur le processus de négociation crucial du trilogue, et de la gestion des portes tournantes entre l'administration publique et le secteur privé. Mais nous n'avons jamais perdu de vue les problèmes individuels et très humains", a expliqué le Médiateur. La force et l'orientation de notre travail nous ont permis de nous faire des amis partout. En effet, à la Commission et ailleurs, nombreux sont ceux qui célèbreront son départ. "Certains parlent de la nécessité de ramener le Bureau (du Médiateur) à l'essentiel. Je ne sais pas exactement ce que cela signifie, mais je l'interprète comme le fait que le Médiateur balaie docilement les sols et n'ose jamais rêver d'un atterrissage sur la lune", a expliqué Mme O'Reilly.
Le Médiateur craint pour le Prix Nobel de l'UE en raison du traitement réservé aux migrants - La partie la plus significative du discours de Mme O'Reilly a été la conclusion. "S'il y a un souvenir marquant, c'est celui de notre enquête sur la réponse de l'UE au naufrage de l'Adriana en 2023, le navire surchargé transportant des migrants en route vers l'Italie depuis la Libye, dont plus de 600 se sont noyés dans notre sublime et belle mer Méditerranée - à la vue de tous - et dont de nombreux corps n'ont jamais été retrouvés", a-t-elle déclaré. "Les questions sont complexes, politiquement et éthiquement tendues et je comprends tout cela, mais il s'agissait d'un cas où mon moi professionnel et personnel, dans une certaine mesure, sont entrés en collision. Les noyades se sont produites quelques mois avant que l'une de nos filles ne donne naissance à son premier enfant, notre premier petit-enfant, et les deux événements, l'un tragique, l'autre joyeux, seront toujours liés dans mon esprit et dans mon cœur. Lorsque j'imagine les mères et les enfants sur ce bateau, l'horreur et la terreur absolues de cette noyade massive, je vois mes enfants et leurs enfants, et tous nos enfants et petits-enfants dans cette mer, sous ces vagues", a déclaré Mme O'Reilly, rappelant que le Médiateur “attend toujours la réponse complète des institutions de l'UE” aux conclusions de son enquête. “L'UE est un lieu de sécurité et d'espoir. En 2012, l'UE a reçu le prix Nobel de la paix pour avoir promu la paix, la réconciliation, la démocratie et les droits de l'homme. Il faut espérer que nous ne nous sentirons jamais obligés, ou forcés, de rendre ce prix", elle a mis en garde.
Cela se passe aujourd'hui
Service européen pour l'action extérieure : le haut représentant Borrell copréside à New York la 14e réunion ministérielle plénière du Forum mondial de lutte contre le terrorisme et assiste à un événement du Council on Foreign Relations sur le thème "Naviguer dans les défis de l'Europe".
Commission : à Dublin, le commissaire McGuinness prend la parole lors de la conférence annuelle 2024 de la Febea (Fédération des banques éthiques et alternatives) et du sommet européen de Teneo.
Conseil : réunion du Coreper I
Banque centrale européenne : discours de l'économiste en chef Philip Lane lors d'une conférence sur la politique fiscale à Dublin
Banque centrale européenne : discours de PIero Cipollone à la Conférence sur l'économie des paiements XIII à Vienne
Eurostat : données sur les déchets alimentaires en 2022 ; données sur la dépendance à l'égard des importations de matériaux en 2023