Bonjour! Je suis Idafe Martín Pérez et, avec David Carretta et Christian Spillmann, nous vous proposons La Matinale Européenne, un instrument pour offrir une analyse, un contexte et une perspective à ceux qui s'intéressent à l'UE.
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Le Groenland rattaché aux États-Unis ? L’Europe face à la menace d’un Trump impérialiste
Le président élu des États-Unis, Donald Trump, a exprimé ces dernières semaines plusieurs idées sur les décisions qu’il souhaiterait prendre en matière de politique étrangère. Toutes sont extravagantes et potentiellement génératrices de conflits internationaux. Trump affirme vouloir annexer le Canada, lancer des opérations militaires contre les réseaux de narcotrafiquants au Mexique ou bien prendre le contrôle militaire du canal de Panama. Il pourrait s’agir de provocations destinées à attirer l’attention ou bien de projets qu’il envisage de mettre à exécution pour des raisons économiques et géopolitiques. L’un de ces projets est l’achat du Groenland au Danemark ou le rattachement du territoire aux États-Unis. Il toucherait directement les Européens.
Trump avait déjà évoqué en 2019 l’achat du Groenland, territoire danois avec un statut spécial qui l’exclut de l’Union européenne tout en restant sous souveraineté danoise. À l’époque, il avait déclaré que ce serait "une excellente affaire" pour les États-Unis et que Copenhague dépensait 700 millions de dollars par an, soit plus de 600 millions d’euros, pour la gestion de l’île. Ce chiffre est exact, mais il paraît dérisoire compte tenu de l’importance géostratégique de cette île glacée pour le Danemark lui-même et pour l’Europe en général.
Le gouvernement danois avait alors affirmé qu’il n’était pas vendeur, et le gouvernement du Groenland, qui fonctionne comme une autonomie, avait déclaré qu’il ne voulait pas devenir américain et qu’il était très satisfait de son statut actuel en tant que partie du Danemark. Toutefois, le Premier ministre groenlandais, Mute Bourup Egede, a profité de son discours de Nouvel An pour demander que l’île poursuive son chemin vers une indépendance totale du Danemark : “Il est temps pour nous de prendre une initiative et de façonner notre avenir, y compris pour décider avec qui nous coopérons plus étroitement et qui seront nos partenaires commerciaux”.
Trump a renouvelé ses visées sur le Groenland dans un message pour ses vœux. Il explique son intérêt pour le territoire comme une nécessité pour des raisons de sécurité nationale pour les Etats-Unis et non pour des intérêts économiques. Dans son message sur X, il a soutenu que le Canada devrait devenir le 51e État des États-Unis car cela lui permettrait d’être protégé militairement par les Etats-Unis et il a précisé à l’adresse du “peuple du Groenland" pour leur annoncer que leur territoire est "nécessaire pour les États-Unis pour des raisons de sécurité nationale, et qu'il veut que les États-Unis y soient présents, ce qui sera le cas".
Le mouvement indépendantiste s’est renforcé ces dernières années après qu’il ait été révélé qu’au cours des années 1960, le Danemark avait mené une campagne de contrôle des naissances parmi la population de l’île. Entre 1966 et 1970, environ 4 500 femmes groenlandaises en âge de procréer ont subi l’installation de dispositifs intra-utérins qui les empêchaient de tomber enceintes. Cela n’a été connu qu’en 2022 grâce à une enquête journalistique.
L’île a déjà été américaine. Les origines humaines du Groenland sont en fait américaines. Les premiers habitants, qui n’y ont jamais établi de colonie permanente, étaient des groupes amérindiens (Inuits d’Amérique du Nord) présents dès le troisième millénaire avant J.-C. Et cela a duré pendant quatre millénaires. En 986 après J.-C., la première colonie permanente fut établie par Erik le Rouge, un Islandais exilé de son pays pour plusieurs meurtres. En 1261, ses dirigeants, d’origine islandaise, acceptèrent de passer sous le contrôle de la monarchie norvégienne.
Au XVe siècle, le contrôle norvégien s’affaiblit lorsque les populations d’origine nord-européenne quittent l’île pendant la "petite ère glaciaire". Ce contrôle norvégien ne fut rétabli qu’au XVIIIe siècle grâce au missionnaire luthérien norvégien Hans Egede, surnommé "l’apôtre du Groenland", qui fonda Nuuk, la capitale actuelle. En 1814, l’île passa sous contrôle danois après la dissolution de l’union politique entre les royaumes de Norvège et du Danemark. Depuis 1979, l’île dispose d’un régime d’autonomie qui lui accorde toutes les compétences politiques, sauf les Affaires étrangères, la Défense, la Sécurité, les Finances et les ressources naturelles. Copenhague transfère plus de 600 millions d’euros par an pour financer ses compétences propres.
Ce n’est pas la première fois que Washington s’intéresse à cette grande île danoise. En 1867, les États-Unis avaient déjà proposé d’acheter le Groenland et l’Islande (qui était également danoise à l’époque, puisque son indépendance n’a été acquise qu’en 1918) après avoir acheté l’Alaska à la Russie. Le Groenland fut de facto sous contrôle américain pendant quelques années durant la Seconde Guerre mondiale, car après l’occupation nazie du Danemark, les Américains voulaient empêcher les Allemands de prendre l’île. À la fin de la guerre, le Danemark refusa une offre américaine de 100 millions de dollars. L’offre de Trump en 2019 était déjà la troisième tentative de Washington, et une quatrième pourrait être envisagée.
Le Groenland a une superficie de 2,1 millions de kilomètres carrés, soit environ quatre fois celle de l’Espagne ou six fois celle de l’Allemagne. C’est la plus grande île de la planète, puisque l’Australie est considérée comme un continent. Et avec seulement 56 000 habitants, il s’agit également du territoire ayant la densité de population la plus faible. La majeure partie de l’île est recouverte de glace permanente, mais la crise climatique pourrait changer cela dans les années à venir. Le Groenland possède d’importants gisements d’hydrocarbures, d’uranium et d’or. Mais surtout, l’île représente une promesse majeure avec ses riches gisements de terres rares, dont l’Europe manque cruellement et dont elle a besoin pour développer l’industrie des voitures électriques ou des batteries à grande capacité. Les minéraux appelés "terres rares" (jusqu’à 17) sont indispensables dans les technologies médicales, l’optique, le secteur militaire, les énergies renouvelables, l’informatique, ainsi que le nucléaire civil et militaire. Le Danemark prévoit d’extraire ces minéraux à l’avenir et a déjà autorisé le Canada à développer ses propres projets sur l’île.
Le Groenland est également, en raison de sa position centrale dans l’Arctique, une pièce essentielle de la géopolitique du nord de la planète et un lieu stratégique pour contrôler les nouvelles routes maritimes de l’Arctique, qui pourront être utilisées de plus en plus longtemps chaque année à cause de la crise climatique. Le voyage vers la Chine depuis les grands ports européens est plus court et plus sûr en passant par l’Arctique que par le Méditerranée, le canal de Suez et tout le sud de l’Asie. Cela est d’autant plus vrai qu’il est bien plus rapide que de contourner l’Afrique par le sud, surtout en cas de problème à Suez ou, plus encore, en mer Rouge. L’année dernière, plusieurs cargos ont dû être détournés vers le sud de l’Afrique en raison des attaques provenant du Yémen, menées par les Houthis pour perturber les routes et nuire à Israël.
Le contrôle de cette route arctique pourrait être exercé de manière coopérative entre les États-Unis, le Canada, le Danemark, d’autres pays européens (avec la Norvège en tête), la Russie et la Chine, mais il pourrait également devenir compétitif. Dans ce dernier cas, les États-Unis savent, indépendamment de Trump, que le contrôle du Groenland (et de l’Islande) est essentiel. Selon les prévisions, d’ici 2030, la route sera ouverte sans problème au moins entre juillet et octobre, et d’ici le milieu du siècle, il sera possible de naviguer pendant plus de six mois chaque année. Avec l’aide de brise-glaces nucléaires, on pourrait même l’utiliser huit mois durant les années les moins froides.
Le Groenland est crucial car deux routes existent et il est important dans les deux. La première passerait au nord de la Russie, et la seconde au nord du Canada. Sans la participation de la Russie, il est impossible de développer la première route, mais sans le Groenland et le Canada, la seconde serait irréalisable. Actuellement, les États-Unis disposent de deux moyens pour connecter leurs ports atlantiques aux marchés asiatiques : le canal de Panama (construit grâce au financement américain, achevé en 1914 et transféré complètement sous contrôle panaméen en 1977) et une longue route passant près de l’Antarctique, au sud de l’Argentine et du Chili. À l’avenir, ils souhaitent une troisième voie, celle qui contournera le Canada par l’Arctique. Et ils considèrent que la meilleure façon de la garantir est d’en assurer un contrôle physique. Cela implique le contrôle du Groenland et du Canada.
L’Union européenne a renforcé sa présence ces dernières années, avec des investissements axés principalement sur l’amélioration de son système éducatif. Mais Bruxelles vise plus haut. L’année dernière, le premier bureau de l’Union européenne a été ouvert à Nuuk, et la Commission européenne a annoncé des "investissements dans la préservation de l’environnement, les transitions numérique et énergétique" et, bien sûr, dans les "chaînes de valeur des matières premières critiques", comme les terres rares.
En mars de l’année dernière, la présidente Ursula von der Leyen s’est rendue à Nuuk pour inaugurer ce bureau. Lors de cette visite, à laquelle a également participé la Première ministre danoise Mette Frederiksen, Von der Leyen a signé avec le Premier ministre groenlandais Mute Bourup Egede deux accords de coopération (éducation et transition énergétique) pour un montant de 94 millions d’euros. L’Allemande a déclaré que ce bureau représentait "la présence concrète de l’Europe au Groenland et dans la région de l’Arctique".
Le site internet de la Commission européenne explique que ces terres rares "sont nécessaires pour la transition verte et gagnent en importance à la fois pour la sécurité des chaînes d’approvisionnement de l’UE et pour les ambitions économiques du Groenland. L’UE est prête à soutenir un développement respectueux de l’environnement des chaînes de valeur des matières premières au Groenland".
Actuellement, Bruxelles négocie avec Nuuk un mémorandum d’entente sur ces terres rares. Trump, lui, préfère aller au plus vite. En achetant l’île, les États-Unis prendraient le contrôle total de ses ressources et des routes adjacentes. Dans cette partie, l’Europe joue une grande part de sa sécurité.
La citation
"Pourquoi l'Europe serait le vivier de talents qui vont travailler en Californie, la caisse d'épargne des bourses étrangères, et le marché final de la Chine ?".
Emmanuel Macron.
L'UE et Musk
La politique de l'auto-aveuglement de la Commission face à la menace Elon - Une phrase de la porte-parole de la Commission, Paula Pinho, a révélé hier la politique choisie par l'exécutif d'Ursula von der Leyen face à la menace posée par Elon Musk, alors que le propriétaire de X multiplie les actions pour déstabiliser les démocraties européennes. "Plus nous en parlons, plus nous le promouvons. Au final, cela a des effets contre-productifs", a déclaré la porte-parole de von der Leyen. Les journalistes l'ont interrogée sur le soutien ouvert de Musk au parti d'extrême droite AfD à l'approche des élections en Allemagne. La Commission ne semble pas pressée d'agir, malgré le fait que Musk ait prévu jeudi un livestream avec la leader de l'AfD, Alice Weidel. La Commission préfère aborder le cas dans le cadre d'une enquête déjà lancée en décembre contre X en vertu de la loi sur les services numériques concernant la mitigation des risques systémiques pour les processus électoraux et le discours civique. "Un livestream, en principe, n'est pas interdit par la DSA. La question est de savoir dans quelle mesure ce livestream sera poussé ou promu. Et c'est ce que la Commission examinera", a déclaré un autre porte-parole, Thomas Regnier. Le facteur déterminant pour établir si Musk a violé la DSA est de savoir dans quelle mesure le livestream sera promu par l'algorithme de X.
Les limites de la DSA que Musk ne devrait pas dépasser - "La loi sur les services numériques ne censure aucun type de contenu" et "Musk peut exprimer ses opinions personnelles et ses idées politiques sur l'UE en ligne et hors ligne", mais il y a "certaines limites", surtout lorsqu'"la plateforme est mal utilisée", a expliqué hier le porte-parole de la Commission, Thomas Regnier. Quelles sont les limites ? "Les grandes plateformes en ligne doivent analyser et atténuer les risques potentiels provenant de diverses sources, y compris les risques pour les processus électoraux et le discours civique. Cela inclut désormais l'obligation d'analyser et d'atténuer les risques découlant de tout traitement préférentiel ou visibilité accordée aux contenus sur une plateforme donnée, y compris les contenus de M. Musk sur sa propre plateforme", a déclaré le porte-parole. Cependant, les messages ou les livestreams de Musk sont traités comme des cas ordinaires, même s'il ne reste qu'un mois et demi avant les élections en Allemagne. Le porte-parole a annoncé que la Commission organisera une table ronde avec les autorités allemandes et les réseaux sociaux, y compris X, seulement le 24 janvier pour "discuter des risques" liés au vote en Allemagne.
Musk a-t-il violé le DSA? - La question est posée à la Commission par l'eurodéputé allemand Damien Boeselager, cofondateur du mouvement pan-européen Volt Europa, dans un courrier adressé à la commissaire finlandaise Henna Virkkunen, vice-présidente exécutive chargée du numérique. “Il semblerait que Musk ait codé en dur un multiplicateur dans le code de X. Cela signifierait qu'il a sapé la neutralité de l'algorithme au profit de sa propre influence. Je me demande si cela est légal en vertu du DSA ?”, interroge-t-il. manifestement au fait des dispositions de la réglementation sur les services numériques (DSA) portée en 2024 par Thierry Breton, Boeselager pointe là où il faut. “La Commission a-t-elle été informée de l'existence de ce multiplicateur codé en dur ? Ou bien il n'y a aucune indication de l'existence d'un tel multiplicateur ?”, demande l’élu à Mme Virkkunen. Les questions sont pour l'instant restées sans réponse .”Une enquête est en cours“ est la ligne donnée aux porte-paroles. Elle est en fait engagée depuis le mois d’août, lorsque Thierry Breton a mis en garde Elon Musk, et la réponse est positive, a appris la Matinale européenne. Boeselager le sait. “S'il existe un tel multiplicateur qui permet à M. Musk de s'exprimer de manière disproportionnée sur sa propre plateforme et compte tenu du fait qu'il exprime des recommandations électorales en Allemagne, considérez-vous qu'il s'agit d'un risque sérieux d'ingérence étrangère et donc potentiellement d'une menace déclenchant une réaction de crise au titre de l'article 36 de l'accord de stabilisation et d'association ?”, conclut l’élu. La Commission va devoir fournir des réponses à ces questions très précises.
Macron fataliste face aux agissements d’Elon Musk - "Voilà dix ans, si on nous avait dit que le propriétaire d'un des plus grands réseaux sociaux du monde soutiendrait une nouvelle internationale réactionnaire et interviendrait directement dans les élections, y compris en Allemagne? Qui l'aurait imaginé ? C'est le monde dans lequel nous vivons et dans lequel nous avons à faire de la diplomatie”. Le commentaire du chef de l’Etat sur les ingérences d’Elon Musk hier devant la conférence des ambassadeurs de France est surprenant. Pas un mot pour dénoncer l'utilisation faite par Elon Musk de sa plateforme X pour accuser, diffamer, désinformer des dirigeants européens élus. Emmanuel Macron a été plus dur vis-à -vis de l'Azerbaïdjan, accusé d’“ingérences inacceptables”. Pas une référence aux moyens de lutte dont l'Union européenne s’est dotée avec le règlement sur les services numériques (DSA) porté en 2024 par Thierry Breton. Le texte permet pourtant de lutter contre l’amplification des information ou de la désinformation et de sanctionner les menaces pour les processus électoraux. Le fatalisme montré par Emmanuel Macron est une forme de défaitisme face à Elon Musk. Si l’Union européenne renonce au rapport de force lorsqu’elle en a les moyens, elle se montre vulnérable.
Meloni dément la signature d'un contrat avec Musk, mais confirme les discussions - Giorgia Meloni a publié hier un communiqué de presse pour démentir la signature d'un contrat avec la société SpaceX pour l'utilisation du système de communication par satellite Starlink, après que l'agence Bloomberg ait révélé que les négociations entre le gouvernement italien et la société d'Elon Musk pour un accord de 1,5 milliard d'euros sont à un stade avancé. Plus qu'un démenti, le communiqué du gouvernement italien apparaît comme une confirmation des négociations en cours. "Les échanges avec SpaceX relèvent des approfondissements normaux que les appareils de l'État ont avec les entreprises, dans ce cas avec celles qui s'occupent de connexions sécurisées pour les besoins de communication de données cryptées", peut-on lire dans la note publiée par le gouvernement. Malgré les initiatives pour renforcer la souveraineté et la sécurité de l'UE dans le secteur des télécommunications, la Commission a préféré ne pas commenter les spéculations de Bloomberg. "Nous n'avons pas reçu d'informations à ce sujet. L'Italie est un État souverain et peut conclure des accords de ce type", a déclaré un porte-parole de la Commission.
Conseils de prudence à l'Italie concernant Starlink - Au-delà du "non comment" de la Commission, les révélations de Bloomberg sur un éventuel accord entre le gouvernement Meloni et SpaceX pour l'utilisation de Starlink pour les communications sécurisées ont soulevé quelques questions à Bruxelles. Selon Emilio De Capitani, ancien fonctionnaire du Parlement européen qui a suivi de près les dossiers liés à la sécurité des données dans les relations avec les États-Unis, la Commission ou le Haut représentant feraient bien de demander à l'Italie de clarifier l'impact géostratégique d'un contrat avec Starlink en invoquant le "principe de coopération des leaders". "Une entreprise privée américaine comme Starlink ne peut pas être comparée à une entreprise privée chinoise comme Huawei, mais compte tenu du profil, pour le moins imprévisible, de son propriétaire Elon Musk, un peu de prudence me semblerait plus que conseillé", nous a dit M. De Capitani. Dans un post sur X, Andrea Stroppa, souvent décrit comme l’homme de Musk en Italie, a résumé les raisons en faveur d’un éventuel accord. Parmi celles-ci, le fait qu'"à ce jour, il n'existe aucun système européen". Iris2 "sera opérationnel en 2030 - si tout se passe bien - avec seulement 270 satellites".
Autriche
Kickl reçoit la tâche de mener l'extrême droite à la chancellerie - Le président autrichien, Alexander Van der Bellen, a confié hier au leader du parti d'extrême droite FPO, Herbert Kickl, la tâche de former un gouvernement, après l'échec de la tentative de former une coalition centriste et pro-européenne la semaine dernière. "Je lui ai donné la tâche d'entamer des discussions avec le Parti populaire (OVP)", a déclaré Van der Bellen, soulignant qu'il n'avait pas pris cette décision "à la légère". Le président avait initialement exclu le FPO des négociations pour la formation du gouvernement, bien que le parti d'extrême droite ait remporté les élections de septembre avec 29 % des voix. Ce qui a changé, c'est la disponibilité de l'OVP à collaborer avec le FPO. Son leader par intérim, Christian Stocker, a accepté dimanche de négocier avec l'extrême droite. En cas de nouvel échec, l'issue la plus probable serait des élections anticipées. Les derniers sondages donnent au FPO plus de 35 %.
Le PPE fera-t-il respecter les lignes rouges aux populaires autrichiens ? - La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et le président du Parti Populaire Européen, Manfred Weber, réagiront-ils à la décision de l'OVP de négocier une coalition avec l'extrême droite du FPO ? La porte-parole de la Commission a refusé hier de commenter les discussions, qualifiant un gouvernement FPO de résultat "hypothétique". Pourtant, l'insistance avec laquelle le président Alexander van der Bellen déclare vouloir défendre les institutions démocratiques, les droits humains et l'appartenance à l'UE devrait tirer la sonnette d'alarme sur la nature du FPO. Le probable nouveau chancelier, Herbert Kickl, est ouvertement pro-russe et anti-européen et aspire au rôle de "Volks Kanzler" (le "chancelier du peuple", expression utilisée par Adolf Hitler dans les années 1930). Si le FPO a déjà gouverné dans le passé en Autriche, il n'a jamais dirigé le gouvernement. La première expérience entre 2000 et 2003 avec le FPO de Joerg Haider (et le conservateur Wolfgang Schüssel comme chancelier) avait été marquée par des sanctions de la part des partenaires européens. La seconde, entre 2017 et 2019, avec le FPO de Heinz-Christian Strache (et le conservateur Sebastian Kurz comme chancelier) avait poussé les alliés à réduire la collaboration avec les services de renseignement autrichiens. Si Kickl réussit, le parti des Patriotes pour l'Europe lancé par Viktor Orban aura un second représentant au Conseil européen.
Géopolitique
Macron ne voit pas de solutions rapides à la guerre russe contre l'Ukraine - "Il n'y aura pas de solution rapide et simple en Ukraine", a déclaré hier le président français, Emmanuel Macron, dans son discours à la conférence des ambassadeurs, contredisant la promesse de Donald Trump de mettre fin à la guerre en 24 heures. "Le nouveau président américain sait que les États-Unis n'ont aucune chance de gagner si l'Ukraine perd" et que "la capitulation de l'Ukraine ne peut pas être positive pour les Européens et les Américains", a expliqué Macron. Le président français a averti que la "crédibilité" occidentale serait compromise si un compromis défavorable à Kyiv était accepté en raison de la "fatigue" de la guerre. Mais Macron a également invité les Ukrainiens à avoir des "discussions réalistes sur les questions territoriales" en cas de négociations avec la Russie. "Les États-Unis d'Amérique doivent nous aider à changer la nature de la situation et à convaincre la Russie de s'asseoir à la table des négociations", a déclaré Macron. Les Européens devront "construire des garanties de sécurité" pour l'Ukraine.
À Zelensky, les garanties de sécurité des Européens ne suffisent pas - Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a implicitement admis que les garanties de sécurité fournies uniquement par des pays européens seraient trop faibles pour fonctionner comme un dispositif de dissuasion contre de nouvelles agressions russes. "Sans les États-Unis, des garanties de sécurité ne sont pas possibles. Je veux ces garanties de sécurité qui peuvent prévenir une agression russe", a déclaré Zelensky dans une interview de trois heures au podcaster Lex Fridman. Le président ukrainien a également lancé un avertissement sur le possible retrait des États-Unis de l'OTAN. "Si (Trump le fait), Poutine détruira l'Europe", a dit Zelensky.
L'Iran dans le collimateur de Macron - Emmanuel Macron a utilisé la conférence des ambassadeurs français pour recalibrer son message sur le Moyen-Orient en qualifiant l'Iran de "principal défi stratégique et de sécurité pour la France, les Européens, toute la région et au-delà". La principale raison est l'accélération du programme nucléaire qui se rapproche du "point de non-retour", a déclaré Macron. Le sujet sera discuté avec la nouvelle administration de Donald Trump. Dans un passage sur la Syrie, Macron a invité à "regarder sans naïveté le changement de régime". Le président a promis que la France resterait "fidèle” aux "combattants de la liberté, comme les Kurdes.
Commission
Von der Leyen, malade, ne cède pas le pouvoir - La Commission européenne a annoncé vendredi que la présidente Ursula von der Leyen souffrait d’une pneumonie. Les services de la Commission partagent peu d’informations sur l’état de santé de la présidente, bien qu’ils indiquent qu’il s’agit d’un cas grave. Von der Leyen, qui a fêté ses 66 ans en octobre, a toujours montré une excellente forme physique. La porte-parole de la Commission a assuré que von der Leyen poursuivait ses activités. La preuve : un coup de téléphone avec Giorgia Meloni avant le voyage du Premier ministre italien pour rencontrer Donald Trump. Mais cette semaine la réunion habituelle du Collège des commissaires ne se tiendra pas, car les commissaires devaient se rendre à Varsovie pour inaugurer la présidence polonaise du Conseil de l'UE et la visite a été annulée. Cependant, elle devrait avoir lieu mercredi 15. Si von der Leyen reste indisposée, quelqu’un devra la remplacer. Tous les regards se tournent vers la vice-présidente exécutive Teresa Ribera, numéro deux de facto de l’équipe de von der Leyen depuis que l’Allemande l’a désignée lors de la séance plénière de confirmation de la Commission le 27 novembre dernier. Des sources du cabinet de la vice-présidente espagnole ont confié à La Matinale Européenne qu’elle assumera les fonctions essentielles au bon fonctionnement de la Commission européenne tant que von der Leyen sera en congé maladie, mais qu’il n’a pas encore été décidé si elle présiderait la réunion du Collège des commissaires de la semaine prochaine si l’Allemande reste malade.
Cela se passe aujourd'hui
Commission : la vice-présidente Minzatu reçoit les représentants de l'Association des universités européennes
Commission : le commissaire Šefčovič à Genève rencontre la directrice générale de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala
Eurostat : estimation flash de l'inflation en décembre ; chiffre d'affaires industriel en octobre ; permis dans le secteur de la construction au troisième trimestre ; données sur le chômage en novembre
La Matinale does an outstanding job but it would do well to refer to the Commission President by name or by function and not as « l’Allemande ».