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Une Europe puissance souveraine et dotée: l’inconcevable devient envisageable
L’Europe puissance nucléaire, l’Europe souveraine pour ses armements. Le futur chancelier allemand Friedrich Merz a relancé le débats sur ces sujets inconcevables jusqu'à présent. La nécessité de se renforcer et de devenir indépendants s’impose à mesure que l'Europe assiste “en temps réel” à la montée d'un régime autoritaire aux Etats-Unis et se comprend vulnérable avec la remise en question de la garantie de sécurité américaine par le président Donald Trump dans le but de disloquer l’Union.
“Ma priorité absolue sera de renforcer l’Europe le plus rapidement possible, de manière à ce que nous obtenions peu à peu une véritable indépendance vis-à-vis des États-Unis. Je n’aurais jamais cru devoir dire une chose pareille dans une émission de télévision”. Friedrich Merz a secoué ses partenaires européens quelques heures après avoir obtenu la confirmation de la victoire électorale de son parti, la CDU.
Il faut toutefois attendre les actes. Angela Merkel avait elle aussi pris la mesure du fossé entre l’Europe et l’Amérique de Donald Trump lors de son premier mandat . “Nous, les Européens, nous devons vraiment prendre en main notre propre destin", avait-elle affirmé en mai 2017, au lendemain d’un sommet du G7 à Taormina miné par les désaccords. Paroles fortes, mais rien n’a suivi, sinon le trou noir des années Olaf Scholz.
Merz va devenir chancelier deux mois après l’investiture de Donald Trump à la Maison Blanche. Les relations entre les Etats-Unis et l'Union européenne sont dans la tourmente. “Je ne me fais absolument aucune illusion quant à ce qui se passe aujourd’hui en Amérique”, a-t-il lancé. “Il est devenu clair que les Américains, ou en tout cas cette partie des Américains, ce gouvernement, sont largement indifférents au sort de l’Europe”, a-t-il déclaré. “On voit en temps réel comment un régime autoritaire est en train de s’installer aux Etats-Unis”, a confié à La Matinale Européenne un diplomate européen de haut rang.
Friedrich Merz l’Atlantiste rejoint l’analyse sur la nécessité d’une plus grande autonomie et d’une vraie capacité d’action pour l’Union européenne développée depuis le sommet de Versailles en 2022 par le Président français Emmanuel Macron. Le chancelier va très loin car il prend acte de la fin de l’Alliance Atlantique avec la décrédibilisation de la garantie de sécurité par Donald Trump.
“Je suis très curieux de voir quelle trajectoire nous prendrons d’ici au sommet de l’Otan fin juin, si nous parlerons encore de l’Otan dans sa forme actuelle ou si nous ne devrons pas établir beaucoup plus rapidement une capacité de défense européenne autonome. C’est pour moi une priorité absolue”, a-t-il annoncé à ses compatriotes et aux autres États membres encore convaincus que Trump va revenir à de meilleures dispositions s’ils consacrent davantage de moyens pour la défense. Trump a exigé de les porter à 5% du PIB national, ce qui est impossible.
Merz poursuit sur une logique jusqu’à présent inconcevable: un parapluie européen pour dissuader toute volonté d’agression contre les Européens. "Nous devons avoir des discussions avec les Britanniques et les Français - les deux puissances nucléaires européennes - pour savoir si le partage nucléaire, ou au moins la sécurité nucléaire du Royaume-Uni et de la France, pourrait également s’appliquer à nous", a-t-il déclaré pendant la campagne des législatives. Merz a ainsi relancé le débat sur un choix existentiel pour l’Union européenne: la souveraineté ou la vassalisation. Nous avons déjà abordé le sujet de l’Europe “puissance dotée” dans La Matinale Européenne. “L'idée d'un parapluie nucléaire franco-britannique fait son chemin ! Cette approche est bien plus réaliste qu'une dissuasion nucléaire européenne partagée”, souligne l’analyste français Etienne Marcuz avec une série de commentaires et d’explications publiées sur X.
Ce débat se complète avec un autre choix difficile pour les Etats membres: celui de leurs armements au moment où tous augmentent leurs budgets militaires nationaux et les lignes consacrées à la défense dans le budget pluriannuel de l’UE. La France et l’Allemagne vont-elles enfin coopérer pour le bouclier antimissile européen ? L’Allemagne va-t-elle lever ses réserves sur l’accord visant à imposer 65% de composantes européennes pour les financements du programme industriel de défense EDIP ? L’Europe va-t-elle accélérer la mise en place d’IRIS2, la constellation de satellites de communications rivale de Starlink ?
L'heure des choix est venue. "Si l’objectif des États-Unis était de réveiller l’Europe de son sommeil léthargique, ils ont réussi", a déclaré le président tchèque Petr Pavel. “Les Européens doivent apprendre à prendre leurs propres décisions et à agir le plus tôt possible”, a insisté Pavel. Cible de la vindicte de Donald Trump qui veut annexer le Groenland pour accaparer ses ressources minières et ses terres rares, le Danemark a décidé la création d’un "fonds d’accélération" d’un montant total de 50 milliards de couronnes danoises (soit environ 6,8 milliards d’euros) utilisée en 2025 et en 2026 et ainsi porter ses dépenses militaires à 3 % de son PIB. Copenhague veut investir dans des systèmes de défense sol-air de différentes portées. Deux systèmes sont en compétition: le Patriot américain et le SAMP/T franco-italien. Les Danois feront-ils un choix européen ?
Le président américain a montré l'amplitude de son mépris pour les Européens avec le traitement réservé samedi au président polonais. Andrzej Duda avait traversé l’Atlantique pour une réunion d’une heure avec Trump en marge de la CPAC, le grand rassemblement des conservateurs. Il n’a eu droit qu’à dix minutes. “C’était une humiliation. La Pologne s’est positionnée comme l’allié le plus fidèle de l’Amérique en Europe”, ont dénoncé les média polonais. La Pologne est ébranlée. Quid des assurances dont le président Duda se prévalait pour assurer à ses compatriotes que les Etats-Unis n’avaient aucune intention de réduire leur présence militaire en Pologne et dans les pays du flanc est de l’Otan ?
L’Europe peut-elle se passer des Etats-Unis ? La question taraude depuis le retour de Trump à La Maison Blanche. “Pour se défendre sans le soutien des Etats-Unis, l’Europe doit recruter 300 000 nouveaux soldats, acquérir 1 400 nouveaux chars et doubler ses dépenses de défense au cours des cinq prochaines années pour pouvoir se défendre sans le soutien des États-Unis", estime une étude du centre de réflexion bruxellois Bruegel. La nécessité d’augmenter les dépenses de défense s’impose à la plupart des Etats européens, mais pas à tous. “Nous allons devoir réinvestir. Nous allons devoir avec nos principaux partenaires en Europe, prendre des décisions fortes pour aller plus loin. Je ne sais pas si 5% c’est le bon chiffre pour la France mais en tout cas il va falloir monter”, a annoncé le président Emmanuel Macron. L’effort sera conséquent: 3% du PIB ce sont 90 milliards d’euros, 5% ce sont 150 milliards d’euros. Mais comme l’a souligné le chef de l’Etat français; “Tous les pays qui sont aux avant-postes dépensent 4 à 5% de leur PIB quand nous sommes à 2%”.
Quelles seront les annonces de Merz pour combler le retard pris par l’Allemagne? Mais surtout que vont décider les mauvais payeurs à l’Otan ? Ils sont huit: l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Belgique, le Luxembourg, la Slovénie, la Croatie et le Canada. Les décisions que vont prendre les Européens pourraient faire mal au lobby militaro-politique américain. 63% des armements achetés par les européens sont américains. 50 milliards d’euros par an. C’était le prix à payer pour le parapluie américain à l’Otan. Mais si Trump le renferme, les Européens vont devoir se protéger eux-mêmes et s’ils augmentent la capacité de production de leurs industries, ils vont acheter Européen, surtout s’ils s’endettent pour financer la montée en puissance de leur industrie.
“La vraie question est de savoir comment faire une défense européenne commune avec des pays dans lesquels le nationalisme augmente et où donc le sentiment de solidarité intra-européen diminue”, souligne Nicole Gnesotto, de la Fondation Notre Europe. La réponse pourrait à nouveau venir de Friedrich Merz, avec “l’Europe des cercles concentriques” autour de la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Pologne, les cinq pays qui représentent 80% de la capacité militaire de l’UE. L’Italienne Giorgia Meloni va devoir choisir la place de l’Italie, dans l’Europe ou inféodée à Trump ?
La citation
"Nous voulons la paix. Cette paix ne peut pas signifier la capitulation de l’Ukraine".
Emmanuel Macron.
Trois ans de guerre
Pas d’annonces mirobolantes de l’UE à Kiev - La présidente de la Commission Ursula von der Leyen souhaitait annoncer une aide financière et militaire européenne importante à l’occasion de son déplacement à Kiev hier avec le président du Conseil Antonio Costa et la plupart des membres de la Commission pour le 3e anniversaire de la “funeste” invasion de l’Ukraine par la Russie. Les fuites à la presse ont fait état d’un montant de 20 milliards d’euros. Il n’en a rien été. L’annonce la plus significative a été la confirmation de l'adoption d’un seizième paquet de sanctions contre la Russie par les ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles. Sont concernées 83 personnes et entreprises, 74 navires de la flotte fantôme , 14 banques retirées du réseau Swift , 5 ports, 6 aéroports, 8 médias. Mais la Haute représentante Kaja Kallas n’est pas parvenue à débloquer un accord sur une aide militaire de 6 milliards d’euros. L’Ukraine n’est pas dans le besoin car elle n’est pas à court de financements, a confié un responsable européen à la Matinale Européenne. Kiev reçoit 1,5 milliards d’euros par mois, a-t-il rappelé. Les fuites ont créé un “effet d’attente qui piège l’Union européenne”, a-t-il déploré. Ursula von der Leyen a annoncé “un nouveau versement de 3,5 milliards d'euros en faveur de l'Ukraine dès le mois de mars” (il ne s’agit pas de nouveaux financements mais d’une tranche du prêt de 50 milliards du G7) et “la présentation d’un plan global pour augmenter notre production d'armes et nos capacités de défense en Europe dont l’Ukraine bénéficiera”. Antonio Costa a pour sa part annoncé la convocation d’un conseil européen extraordinaire le 6 mars au cours duquel seront annoncées des actions pour soutenir l’Ukraine.
Macron-Trump à Washington: les valeurs contre l’argent - Que se sont dit hier Emmanuel Macron et Donald Trump durant leur entretien ? La mine renfrognée du président américain et son “body language” pendant leur conférence de presse laissent penser que les deux ne sont pas sur la même longueur d’onde. Macron parle du soutien nécessaire à apporter à l’Ukraine victime de l’agression de la Russie, Trump répond argent. “L’Europe prête de l’argent à l’Ukraine et ils récupèrent leur argent“, a soutenu Trump lorsque Macron a développé l’idée de faire payer la Russie. Le président français l’a alors interrompu pour expliquer: « Non, en fait, pour être franc, nous avons payé. Nous avons payé 60 % de l’effort total, comme les États-Unis via des prêts, des dons, des garanties; Pour être clairs, nous avons fourni de l’argent réel”. Petit geste et sourire en coin du président américain pendant la démonstration du Français pour signifier qu’il n’est pas convaincu. “Nous avons 200 milliards de dollars d’avoirs russes gelés en Europe. Si à la fin de la négociation les Russes disent nous vous laissons cet argent, alors ce sera super”, poursuit Macron. “Si vous croyez à cela, alors c’est bon pour moi’”, lâche Trump, toujours pas convaincu.”Les Européens récupèrent leur argent, nous allons récupérer le nôtre”, conclut Trump. Pour le président américain, l’enjeu est l’accord avec les Ukrainiens pour les terres rares en remboursement de l’aide américaine pour continuer à bénéficier du soutien américain. “L’accord est pratiquement bouclé et le président urkrainien Volodymyr Zelensky devrait venir à Washington “cette semaine ou la semaine prochaine”, a-t-il annoncé. Et Trump a continué malgré les démentis apportés par le Pentagone a affirmer que les Etats-Unis ont dépensé 300 milliards de dollars d’aide militaire, « alors que l’Europe n’a apporté qu’une centaine de milliards de dollars, surtout sous forme de prêts”.
Washington vote avec la Russie contre l’Ukraine aux Nations Unies - Les États-Unis ont voté avec la Russie hier aux Nations-Unies contre une résolution de l’Ukraine qui qualifie d’agresseur et exige le retrait des forces russes des frontières internationalement reconnues de l'Ukraine. 93 pays ont voté pour, la Chine et 64 pays se sont abstenus, 18 pays dont la Russie et les Etats-Unis ont voté contre. La position des Etats-Unis le jour du troisième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie consterne et ulcère. Le sentiment dominant est que les Américains sont passés dans le camp des ennemis de l’Ukraine et ne peuvent plus être considérés comme un allié.
Le reste du monde aide aussi Kiev - Le Royaume-Uni a annoncé hier une enveloppe de 5,6 milliards de dollars d'aide militaire pour l’Ukraine et l’adoption d’un ensemble de sanctions contre les entreprises russes et chinoises impliquées dans la guerre. Le Canada a pour sa part annoncé la première partie d'un programme d'aide de 5 milliards de dollars financé par des actifs russes gelés et la fourniture de 25 véhicules blindés de transport de troupes LAV III et quatre simulateurs de vol pour les F-16. La Norvège a annoncé un soutien militaire de 3,5 milliards d’euros. Plusieurs contributions bilatérales ont été annoncées par des Etats de l’UE: 1 milliard d’euros d’aide militaire par l’Espagne, 270 millions d’euros du Danemark, 113 millions de la Suède en systèmes de défense anti-aérienne. L’Australie et la Nouvelle Zélande ont annoncé de sanctions contre la Russie
Kallas en Amérique pour défendre l’Ukraine et l’Otan - La Haute représentante se rend aux Etats-Unis mercredi et jeudi et veut défendre l’Otan et l’Ukraine lors de sa rencontre avec le secrétaire d’Etat Marco Rubio. “Les déclarations américaines nous inquiètent”, a-t-elle reconnu hier à l'issue d’une réunion avec les ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles. Kaja Kallas va tenter de convaincre ses interlocuteurs américains qu’un “mauvais accord pour l’Ukraine sera un mauvais accord pour l’UE et pour les Etats-Unis “. La Haute représentante expliquera également à Marco Rubio “qu'aucun accord ne pourra se faire sur l’Ukraine sans l’Ukraine ou sans l’UE, car il ne pourra pas fonctionner”. Les Européens membres de l’Otan sont également préoccupés par la volonté des Etats-Unis de se désengager de l’Alliance. “L’Otan est une alliance de défense de ses membres et la seule fois que l'article 5 a été activé ce fut pour aider les Etats-Unis (après les attentats du 11 septembre 2001). Mon pays, l'Estonie, a été là pour nos alliés et douze Estoniens ont été tués. Nous sommes toujours parvenus à surmonter nos différends. L'Otan va changer, cela me semble évident”, a-t-elle commenté en réponse aux doutes émis sur la pérennité de l’Otan par le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz. “Nous avons espoir que l’Alliance va continuer. Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain” , a estimé l’ancienne Première ministre estonienne.
Zelensky dénonce le marché de dupes américain - Le président ukrainien refuse de reconnaître une dette de 500 milliards de dollars envers les Etats-Unis comme le réclame Donald Trump alors que le soutien américain a été de 100 milliards de dollars. “Il s’agissait de subventions, et nous étions d’accord avec Biden et le Congrès américain”, a-t-il rappelé. “Quand les États-Unis vendent des armes à Israël, au Qatar, aux Émirats, à l'Arabie saoudite, leur demandent-ils une surtaxe de 100 % ? Je ne signe pas quelque chose que dix générations d'Ukrainiens devront payer plus tard”, a soutenu Zelensky. Les discussions se poursuivent entre Washington et Kiev pour la poursuite de l’aide militaire américaine et l’Ukraine serait prête à céder des terres rares aux Etats-Unis pour 90 milliards de dollars. Les équipes ukrainiennes et américaines ont presque finalisé les détails clés d'un accord sur les terres rares, a déclaré hier la vice-première ministre Olga Stefanishyna. Les deux parties se sont engagées à le signer bientôt, en espérant que les dirigeants des deux pays approuvent l'accord à Washington. Le Pentagone a confirmé que les États-Unis ont fourni 183 milliards d’aide à l’Ukraine et non 350 milliards de dollars comme le soutient le président Trump et précisé que 58 des 183 milliards de dollars ont été dépensés aux États-Unis pour stimuler l’industrie de la défense et moderniser les armes.
Von der Leyen estime possible l'adhésion de l'Ukraine avant 2030 – La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a évoqué hier l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne "avant 2030", si Kiev continue sur la voie des réformes. "Le processus d'adhésion à l'UE basé sur le mérite de l'Ukraine, s'il continue à cette vitesse et à cette qualité, pourrait peut-être se terminer avant 2030", a déclaré von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a ajouté que l'adhésion de l'Ukraine à l'UE sera "la garantie de sécurité la plus importante pour l'avenir" du pays.
Costa promet un envoyé spécial des Européens pour l'Ukraine – La question de l'envoi d'un envoyé spécial pour l'Ukraine devient de plus en plus d'actualité, alors que Donald Trump négocie directement avec Vladimir Poutine, ignorant les dirigeants des institutions de l'Union européenne. Antonio Costa et Ursula von der Leyen n'ont eu aucun contact direct avec le président américain depuis son investiture. Kaja Kallas est engagée sur plusieurs fronts. Hier, le président du Conseil européen s'est dit favorable et a promis une discussion lors du sommet extraordinaire du 6 mars. "Je pense que si nous parvenions à avoir un envoyé spécial conjoint représentant non seulement l'UE, mais aussi les autres pays européens, nous renforcerons notre position européenne", a expliqué Costa. "Cette guerre ne concerne pas seulement l'Ukraine, elle concerne aussi la sécurité européenne. Et c'est pourquoi il est fondamental que l'Europe soit présente dans les négociations et participe aux négociations, mais aussi nos amis, comme la Norvège, l'Islande, le Royaume-Uni", a déclaré Costa.
Allemagne
Merz veut une GroKo avant Pâques - Le succès de Friedrich Merz n'a pas été un triomphe. L'Union CDU-CSU a obtenu 28,5 % des voix lors des élections de dimanche, le deuxième pire résultat depuis l'après-guerre. Mais la sortie du Bundestag des libéraux du FDP et l'échec de justesse du parti d'extrême gauche Alliance Sahra Wagenknecht permettent à Merz de former une coalition à deux partis, plutôt qu'à trois partis. L'objectif est la grande coalition traditionnelle avec le SPD. "Avec les sociaux-démocrates, nous sommes en position de former un gouvernement et c'est exactement ce que nous voulons", a déclaré Merz, annonçant que les négociations "commenceront dans les prochains jours". L'objectif est de "former un gouvernement de coalition avant Pâques", a expliqué le futur chancelier.
Le nœud du frein à la dette - Le prix demandé à Merz par le SPD, qui a glissé à la troisième place derrière l'extrême droite de l'AfD, pourrait être élevé. Mais ce n'est pas le problème le plus urgent pour le futur chancelier. L'extrême droite de l'AfD et l'extrême gauche de Die Linke sont capables de bloquer une réforme constitutionnelle pour modifier le frein à la dette. Die Linke, comme l'AfD, s'oppose aux aides à l'Ukraine et à l'endettement pour la défense. Merz a déclaré être en négociations avec d'autres partis pour modifier la règle limitant l'endettement et avoir sondé la possibilité d'un autre fonds spécial hors budget pour augmenter les dépenses de défense. Une possibilité est de faire approuver la réforme constitutionnelle par le Bundestag sortant. Merz a besoin des voix des libéraux et des verts, en plus de celles des sociaux-démocrates.
Hongrie
Orban prépare une nouvelle loi contre les médias – Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a annoncé hier une nouvelle loi visant à révéler les financements étrangers des médias hongrois, dans une nouvelle étape destinée à restreindre la liberté d'expression en Hongrie. La décision de Donald Trump de geler une grande partie des fonds de l'USAID et les déclarations d'Elon Musk ont inspiré Orban. "Le réseau de corruption qui gouverne tout le monde occidental de la politique et des médias doit être éliminé", a déclaré le Premier ministre lors de la séance d'ouverture du Parlement hier. "Nous avons trouvé plusieurs canaux par lesquels ils ont acheminé des centaines de millions de forints vers les médias et les organisations hongroises. Par conséquent, je propose à la Chambre d'approuver les lois nécessaires pour protéger notre souveraineté qui manquent encore", a déclaré Orban, sans entrer dans les détails de la nouvelle législation.
Déréglementation
Les socialistes lancent un avertissement sur les paquets Omnibus – Demain, la Commission d'Ursula von der Leyen adoptera deux paquets "Omnibus" pour lancer la grande déréglementation de l'UE. Le premier paquet concerne les obligations de reporting sur la durabilité et inclura la Directive sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD), la Directive sur le devoir de vigilance en matière de durabilité des entreprises (CSDD), le Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM) et la taxonomie. Le second paquet est dédié à la simplification des investissements. Le groupe des Socialistes & Démocrates au Parlement européen est en ébullition face au démantèlement de certaines mesures clés adoptées lors de la dernière législature sous la Commission von der Leyen. Dans une lettre envoyée la semaine dernière, la présidente des socialistes, Iratxe Garcia Perez, a demandé à Ursula von der Leyen de revoir son "approche" et de présenter une proposition "qui puisse être soutenue par une majorité pro-européenne". Selon les socialistes, certains éléments des paquets Omnibus pourraient mettre en danger "notre ambition en matière de valeurs européennes clés".
Les exemptions du CBAM pour les petites quantités – La Commission prévoit d'exempter des obligations du Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM) "les importateurs de petites quantités de biens" qui entrent dans la catégorie, car "ils représentent des quantités très réduites d'émissions incorporées importées dans l'Union et dans la plupart des cas correspondent à des petites et moyennes entreprises et des individus". C'est ce que l'on peut lire dans le projet du premier paquet Omnibus dédié à la durabilité. Le CBAM est la taxe carbone aux frontières, l'équivalent d'un droit de douane lié à la quantité d'émissions d'un bien importé. Le seuil pour définir les "petits importateurs" est fixé à 100 tonnes de CO2 équivalent par an. La dérogation "devrait exempter environ 90 % des importateurs des obligations du CBAM, tout en maintenant plus de 99 % des émissions incorporées dans le cadre du CBAM", indique le projet.
Suppression de l'obligation de résilier les contrats avec les fournisseurs qui ne respectent pas la CSDDD - Une autre proposition de simplification qui risque de faire débat est la modification substantielle de la directive européenne sur le devoir de vigilance (CSDDD) que la Commission prévoit d'introduire avec son paquet Omnibus. Les entreprises européennes ne seraient plus obligées de mettre fin aux contrats avec les fournisseurs qui ne respectent pas les règles sur le travail forcé ou l'environnement. Selon le projet, la seule obligation serait de ne pas conclure de nouveaux contrats. De plus, toutes les entreprises de moins de 500 employés seraient exemptées des opérations de diligence raisonnable dans leur propre chaîne de valeur. Les vérifications à l'égard des fournisseurs ne devraient avoir lieu que tous les cinq ans, au lieu de chaque année comme prévu par la directive.
Chaises musicales
Un nouveau représentant pour l'Asie centrale, un ancien pour le Golfe – Le Conseil de l'UE a nommé hier le Letton Eduards Stiprais comme nouveau Représentant spécial de l'UE pour l'Asie centrale. Il entrera en fonction le 1er mars 2025 avec un mandat initial de 2 ans, succédant à Terhi Hakala. Le Conseil a également prolongé le mandat de l'Italien Luigi Di Maio en tant que représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe pour deux années supplémentaires. Les représentants spéciaux promeuvent les politiques et les intérêts de l'UE dans certaines régions et pays, ainsi que les questions de préoccupation ou d'intérêt particulier. Actuellement, onze représentants spéciaux soutiennent le travail du Haut Représentant, Kaja Kallas.
Cela se passe aujourd'hui
Conseil des Affaires générales
Conseil européen : le président Costa rencontre la commissaire Albuquerque
Commission : les commissaires Suica et Kubilius rencontrent le ministre des Affaires étrangères d'Israël, Gideon Sa'ar
Commission : le commissaire Kubilius participe à une table ronde sur : "Financement de la préparation industrielle de la défense de l'UE"
Commission : la vice-présidente Minzatu organise un atelier avec les partenaires sociaux
Cour de justice de l'UE : audience sur les décrets de l'Italie sur les pays sûrs et le protocole Italie-Albanie
Cour de l'UE : jugement sur le recours d'Enel X contre Alphabet pour le refus de rendre l'application Enel X compatible avec Android Auto
Banque centrale européenne : discours d'Isabel Schnabel lors d'une conférence de la Banque d'Angleterre
Eurostat : données sur le transport maritime en 2023 ; données sur l'énergie nucléaire en 2023
Chers collegues, vous exagerez. Rien de tout cela est actuellemt sur l'agenda en Allemagne. Merz dit tout et son contraire. Pour l'instant, il ne veut même pas reformer la fameuse Schuldenbremse. Au sommet européen du 6 Mars, vous allez retrouver Scholz et l'inertie. L'Europe puissance doit attendre